Les autorités chinoises viennent de révéler un plan de lutte contre le piratage, notamment en matière de piratage informatique. Jugé déterminant, il pourrait marquer un tournant dans la stratégie économique de la Chine.

Certes, les médias gouvernementaux chinois remplissent souvent leurs colonnes de commentaires admiratifs sur les efforts du gouvernement en matière de copyright. Pourtant, depuis des années, rien ne change – ou presque.
Mais selon certains experts, il pourrait bien en être autrement du plan qui a été révélé cette semaine, une large campagne de lutte contre le piratage et la violation de copyright qui a commencé en octobre, et qui est prévue pour durer six mois.

Selon le vice-ministre du commerce Jiang Zengwei, ce plan prévoit de s’attaquer à la prolifération de copies de grandes marques, tant dans les pièces détachées de voitures que les téléphones portables ou l’alimentation, et ce, principalement dans les provinces du Fujian, du Zhejiang et à Shenzhen.
« Je suis ici depuis 17 ans, et je n’ai jamais vu un tel effort« , assure Douglas Clark, avocat spécialisé dans la propriété intellectuelle, au Wall Street Journal.
79% des logiciels installés en Chine sont piratés
Outre les copies d’objets de marque, le but de cette vaste opération est de mener une lutte plus efficace contre le piratage informatique, où la Chine a pourtant déjà fait des progrès : selon les estimations de la Business software Alliance, 79% des logiciels installés en Chine l’année dernière étaient piratés, contre 86% en 2005.
Entraînant un manque à gagner considérable pour les entreprises concernées, ces piratages font régulièrement l’objet de plaintes de compagnies étrangères.
Et si beaucoup restent sans succès, on a pu observer ces derniers temps quelques victoires. Cet été, Microsoft avait eu gain de cause dans un procès qui l’opposait à Citic Security Co.
L’entreprise chinoise, basée à Hangzhou, avait du s’engager à acheter à Microsoft 3,23 millions de yuan de système d’exploitation en dédommagement de l’utilisation illégale qu’elle en avait fait par le passé.
Favoriser l’innovation chinoise
C’est donc en partie pour répondre à la pression internationale que la Chine semble prête à adopter une politique plus ferme vis-à-vis des contrevenants.
On se souvient de Wen Jiabao déclarant, lors de son passage en Grèce en octobre, que la Chine « s’engage à améliorer l’environnement d’investissement, à intensifier la protection des copyright (…) et à moderniser les coopérations technologiques ».
Dans la droite ligne de cette déclaration, le plan prévoit, entre autres choses, de s’assurer d’ici octobre 2011 que toutes les institutions publiques utilisent bien des logiciels conformes.
Pourtant, il ne s’agit évidemment pas uniquement pour Pékin de céder aux revendications étrangères, et la Chine y trouve aussi son intérêt.
Alors qu’elle avait en 2008 relâché son contrôle sur la propriété intellectuelle pour éviter de nuire à ses entreprises dans un contexte de crise économique, la Chine pense désormais à amorcer une transition dans son modèle économique.
Le 12e plan quinquennal, adopté en octobre, avait mis l’accent sur la nécessité de développer la production de produits de haute technologie, et le renforcement du droit sur la propriété intellectuelle devrait y participer en favorisant l’innovation au sein des entreprises chinoises.
En s’efforçant de mieux respecter le copyright, la Chine devrait en tout cas améliorer son image sur la scène internationale, encore entachée dernièrement par les révélations de Wikileaks.
Selon des documents publiés par le site, la Chine serait bien à l’origine des opérations de sabotage informatique qui avaient visé Google en janvier dernier, et amené l’entreprise à fermer son moteur de recherche chinois.
- Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires
-
Envoyez cette page à un ami