Les effets positifs sur l’environnement de la circulation alternée imposée à Pékin pendant les Jeux ont été salués par les médias chinois. Leur prolongation éventuelle fait aujourd’hui l’objet d’un intense débat politique.

Pékin a bénéficié du meilleur air depuis 10 ans grâce aux JO. Annoncée par le Bureau municipal de l’environnement, cette information a fait le tour des médias, chinois comme étrangers.
Il faut dire que Pékin, trois fois plus polluée que la plupart des villes occidentales, n’a pas lésiné sur les moyens pour assurer un confort minimal à ses visiteurs, dépensant quelque 17 milliards de dollars pour s’offrir un ciel bleu pendant les JO. Mais parmi toutes les mesures mises en place – fermeture des usines, arrêt des chantiers – il en est une qui a touché les résidents plus que toute autre : la mise en place d’une circulation alternée.
Résultat, elle fait aujourd’hui l’objet de nombreuses discussions dans la presse et beaucoup aspirent à voir cette mesure, prévue seulement jusqu’au 20 septembre, se prolonger.
Sur les 400 000 personnes qui ont rejoint un débat publié sur le site de l’agence de presse officielle Xinhua, plus de la moitié ont exprimé le souhait de voir la circulation alternée instaurée de façon permanente à Pékin.
« Je suis pour une restriction du trafic à long terme. Nous avons fait des erreurs dans le passé. On doit maintenant les corriger pour nos enfants », dit celui-ci. « Le ciel était clair et bleu pendant les JO. C’est tellement mieux que la brume », avance cet autre.
Le gouvernement a avoué de son côté avoir reçu plusieurs demandes en ce sens.
Avis contrastés
Mais ces avis positifs n’empêche pas la mesure d’avoir ses détracteurs, à commencer par ceux qui exigent que la ville développe d’abord son réseau de transports en commun pour pouvoir revenir à la circulation alternée.
D’autres vont plus loin, soulignant son caractère illégal. « De quel droit le gouvernement romprait-il ce contrat et violerait-il le droit qu’a chacun d’utiliser son automobile ? », s’insurge une personne interrogée dans le Zhongguo Qingnian Bao.
La règlementation fait aussi ressortir les vieilles rancunes. Le Zhongguo Qingnian Bao, organe de la Ligue de la jeunesse communiste, s’inquiète en effet de voir les nantis acquérir deux véhicules, l’un à plaque paire, l’autre impaire, ce qui rendrait la mesure inutile, tandis qu’un autre journal pointe du doigt le comportement dispendieux des officiels qui eux ne se privent pas de voyager avec tout un convoi.
Bref, il semble que la mesure n’a pas fini de faire parler d’elle. Reste à savoir si ses défenseurs pèseront suffisamment lourd pour qu’lle soit maintenue. Le 23 août dernier, Wang Li, le directeur du Bureau de la circulation de Pékin, a affirmé qu’aucune décision n’avait encore été arrêtée.
Mais il est à craindre que ces propos relèvent davantage de l’effet d’annonce : au-delà du 5ème périphérique, les voitures n’ont pas attendu la fin des Paralympiques pour reprendre leurs droits.