Le collectif de cyber-activistes Anonymous revendique le piratage de centaines de sites chinois, dont plusieurs sites gouvernementaux, tandis qu’un hacker proche de Lulzsec dit avoir rendu public les documents d’une société du secteur militaire.

Anonymous avait prévenu. Le collectif de cyber-activistes qui s’est déjà illustré par de nombreux piratages de sites privés ou institutionnels dans le monde avait annoncé depuis plusieurs jours des attaques massives sur des sites chinois. C’est en effet des centaines de pages qui affichent désormais des messages défendant la liberté d’expression, dont plusieurs sites gouvernementaux.
Teenage Wasteland
Le 30 mars, un compte Twitter « Anonymous China » était créée et relayait une liste de presque 500 sites cibles. L’attaque a été menée depuis le début de la semaine, touchant les pages officielles d’autorités locales de Chengdu, Dalian, Taishou, Zhongshan ou Jiazhou. Plusieurs d’entre elles n’ont toujours pas été rétablies.
D’après les hacktivistes, des adresses emails, numéros de téléphone et d’autres informations auraient été piratées, mais la plupart des sites ont simplement été « défacés » : leur pages de présentation affichent désormais un message signé Anonymous. Sur un fond noir et un tube symbolique des Who (Baba O’Riley), les cyber-activistes adressent un message en anglais au peuple et au gouvernement chinois, accompagné de la phrase « C’est dans le malheur qu’on reconnaît ses vrais amis », écrite, elle, en idéogrammes.
« Le gouvernement contrôle l’Internet de votre pays et s’efforce de filtrer ce qu’il considère comme une menace pour lui-même. Soyez vigilants, utilisez des VPN pour votre propre sécurité. » lit-on toujours sur le site du quartier des affaires de Chengdu cdcbd.gov.cn, ou sur celui du district central de Dalian…
Une page de tutoriel, créée directement à l’intérieur du site visé par l’attaque explique comment se doter de moyen de contournement de la censure et donne des conseils de navigation sécurisée.
« Chacun d’entre vous subit la tyrannie d’un régime qui ne connait rien de vous. Nous sommes avec vous. (…) Nous devons tous se battre pour votre liberté. » lit-on au dessus d’une photo des fameux masques de Guy Fawkes.
Pas infaillibles
Anonymous s’adresse aussi directement au gouvernement chinois :
« Toutes ces années, le gouvernement communiste a soumis son peuple à des lois injustes et des travaux insalubres. Cher gouvernement, vous n’êtes pas infaillible. Aujourd’hui des sites web sont piratés, demain, c’est votre infâme régime qui tombera. Redoutez-nous, car nous ne pardonnons pas, jamais.« , préviens le message en référence à la devise du collectif, « Nous sommes Légion. Nous ne pardonnons pas. Nous n’oublions pas. Redoutez-nous”
«Ce que vous faites aujourd’hui à votre peuple vous sera demain infligé. Sans pitié. Rien ne nous stoppera, ni votre colère, ni vos armes. Vous ne nous faites pas peur, parce que vous ne pouvez pas effrayer une idée. »
La question du cyber-espionnage a régulièrement été un point de friction entre la communauté internationale et la Chine, que beaucoup accusent de ne rien faire voire d’encourager le piratage à des fins économiques ou de renseignement. Pékin s’est plusieurs fois défendu en affirmant que les sites chinois étaient eux aussi victimes d’attaques, bien que peu de cas aient été rendus publics.
C’est la première fois qu’une attaque informatique de grande envergure à des fins politiques est rapportée en Chine. Anonymous, un collectif non hiérarchisé et aux limites floues avait déjà revendiqué des actions de défense à la liberté d’expression liées au printemp arabe, aux mouvements Occupy!, au soutien de WikiLeaks ou de sites de téléchargements gratuits.
Hardcore Charlie
Dans un acte à priori sans connexion apparente avec la frappe d’Anonymous, des informations confidentielles d’une société chinoise d’import-export auraient été rendues publiques sur le net, d’après Reuters. « Hardcore Charlie » un hacker qui déclare être lié au groupe de cyber-activistes Lulzsec, dit avoir pénétré et « exploré » les serveurs de la compagnie pékinoise China National Import & Export Corp (CEIEC). Parmi les documents piratés et “leaké” sur les réseaux sociaux, des informations commerciales touchant au domaine militaire, CEIEC étant un sous-traitant de l’armée chinoise.
Comme c’est souvent le cas dans l’hacktivisme, on ne dispose que de très peu d’informations sur les auteurs ou les motivations de l’attaque. Reste que ces piratages interviennent peu de temps après un baillonnement sans précédent des réseaux sociaux en Chine. Pour éviter que des rumeurs de coup d’Etat ne se propagent, Pékin avait interdit les commentaires sur les sites de micro-blogs pendant 3 jours le week-end dernier.
Anonymous semble vouloir organiser une contre-offensive : “Pirate chinois, programmeurs et hackers du monde entier, nous vous invitons à rejoindre Anonymous China et vous battre pour la justice.”, lit on sur le Twitter du groupe.
A Lire aussi : En Chine, une cyber-repression sans précédent contre les « rumeurs »
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Et moi qui pestait contre la bêtise de la censure parce que je ne peu plus naviguer sur google earth… depuis le 30 mars.
Internet étant désormais un champ de bataille, comment savoir à qui je dois cette « panne » ?