Pour faire face à l’accroissement du nombre de français à Hong Kong, le lycée Français International Victor Ségalen vient d’ouvrir un quatrième site et accueille cette année 2273 élèves. Après une semaine de cours, le proviseur Francis Cauet dresse un premier bilan de la rentrée scolaire.

ALC : Comment s’est passée cette rentrée 2011 ?
Francis Cauet : Dans la sérénité sur les quatre sites. Avec 2273 élèves, l’établissement compte deux cent élèves de plus que l’an dernier et si l’on regarde les chiffres des départs en juin dernier, ce sont quatre cents nouveaux enfants qui ont rejoint notre établissement lors de cette rentrée. Pour mémoire nous sommes passés en cinq ans de 1526 à 2273 élèves et de 178 à 260 salariés. Nous avons eu beaucoup de travail en juillet et août pour que le nouveau site de Chai Wan soit opérationnel, le pari est gagné !
Ce site devait ouvrir l’an dernier, pourquoi un tel retard ?
Le délai de mise à disposition des lieux par le gouvernement honkongais a été beaucoup plus long que prévu, les travaux de réhabilitation ont démarré en septembre 2010 avec le challenge d’une ouverture des locaux le 1er septembre dernier…
Quelles sont les classes accueillies dans ces nouveaux bâtiments ?
Nous avons transféré l’ensemble des classes de CM1, CM2 de la section française et de P5 et P6 de la section internationale soit au total 377 élèves. L’A.E.F.E. a également nommé un directeur expatrié pour la section française, Monsieur Pascal Adam, sept emplois ont été créés et au total, ce sont trente- cinq personnes qui travaillent à Chai Wan, le site est complètement autonome.
Les coûts de la scolarité ont -ils augmenté ?
Ils ont augmenté de 4,5% cette année et sont en section française de 7000 euros pour les petites et moyennes sections de maternelle, 6500 euros pour les classes élémentaires, 7500 pour le collège et 9200 pour le lycée (NDLR : les coûts en section française bilingue sont majorés d’environ 10%. Pour chaque nouvelle inscription, une « part de fondateur » de 10300 euros pour les entreprises et 5600 euros pour les individuels doit être achetée).
Ces coûts sont-ils un frein à la scolarisation des enfants français dont les familles ne sont pas expatriées ?
C’est difficile de répondre. Le nombre de familles qui inscrivent leurs enfants n’a pas diminué, le système des bourses scolaires fonctionne bien. À la vue de la croissance des effectifs, je ne pense pas qu’il y ait une limite par rapport à ces éléments financiers.
Avec la création d’une section française « bilingue » il y a plus de dix ans, le lycée français de Hong Kong se positionnait comme établissement pilote. Qu’en est –il aujourd’hui ?
La section bilingue créée en Petite section de maternelle en septembre 2000 atteint cette année la classe de troisième, la dernière classe du collège. Aujourd’hui, nous réfléchissons avec les lycées de Shanghai et Singapour qui ont des sections équivalentes, à la poursuite du bilinguisme au lycée même si le bilinguisme à l’identique ne peut pas continuer au lycée en raison des différents examens et des différentes séries. Nous avons demandé l’ouverture d’une section internationale du baccalauréat, c’est l’option internationale du Bac, pour la rentrée 2012 de la seconde à la terminale dans les trois établissements.
Un bilan par rapport à la « feuille de route » initiale ?
La feuille de route a évolué. Au départ le bilinguisme était une innovation pédagogique exceptionnelle qui est devenue une norme dans beaucoup de lycées du réseau A.E.F.E., qui rentre dans le cadre du plan d’orientation stratégique de l’A.E.F.E. et de l’Éducation Nationale sur la maîtrise des langues. Nous sommes passés d’une évolution pédagogique à un besoin réel.
En juin dernier, pour la septième année consécutive, votre établissement a obtenu 100 % de réussite au bac et un record de mentions. Est- ce l’illustration d’une course à l’excellence ?
Le taux de réussite au bac montre une certaine excellence mais ce qui est important aussi c’est notre travail de prise en charge des élèves. Pour moi le plus important est de savoir que quasiment 100% de nos élèves de 3ème voire de 6ème obtiennent leur bac. C’est là que se situe la vraie valeur ajoutée. Nous sommes capables de les prendre en charge quelles que soient leurs difficultés et de les accompagner dans leur cursus jusqu’à la réussite au bac.
Que répondez vous aux détracteurs qui estiment que de tels résultats s’expliquent par le milieu social « privilégié » dont sont issus vos élèves?
Je réponds que la composition sociale est plutôt dans un contexte favorable pour une majorité d’élèves mais malgré le doublement du nombre de bâcheliers (25 en 2006, 57 en juin dernier) nous avons toujours le même taux de réussite alors que l’augmentation du nombre d’élèves entraîne l’augmentation de l’hétérogénéité. La condition sociale, l’environnement social des familles ne fait pas nécessairement la réussite des élèves.
Chaque élève est différent quel que soit son environnement. Il est certain que nous n’avons pas de problèmes de discipline, de relationnel entre les enfants et l’école en général. Nous avons des enfants qui ont envie d’apprendre et sont heureux de venir à l’école. Nous n’avons pas que des bons élèves, nous avons aussi des élèves en difficulté que nous prenons en charge pour les amener jusqu’au bout !
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Cela serait intéressant d’avoir des exemples de ce que ce proviseur appelle « des élèves en difficulté ». Je serai trés étonné qu’il ai des élèves qui vivent dans des banlieux à trés haut taux de délinquance, avec un ou deux parents en emploi précaire et/ou des problèmes famillaux à la limite de la névrose mentale. Bien sur que certain élèves soient moins bon académiquement que leur camarade, mais ca fait un moment que ca ne tombe pas dans la catégorie « élève en difficulté » en France.
Depuis quand avoir des parents chômeurs empêchent un élève de réussir à l’école. Attention à ne pas stigmatiser ces situations.
Le problème en France se situe plus au niveau de l’encadrement de ces même élèves par l’établissement (professeurs démotivés, pédagogie mal adaptée, locaux désuets…).
Les élèves du lycée de Hong Kong ont simplement la chance d’être bien encadrés au sein de l’établissement.
Avoir des parents en situation précaire (et ca couvre des situations plus complexe que chomeurs) ca n’empeche pas de réussir. Mais quand on sort des discoures pseudo égalitaire pratiqué en France et que l’on regarde la réalité de façon sociologique (analyse quantitative mais surtout qualitative) on voit bien que la mobilité social (monter socialement) des milieux les plus pauvres c’est une chose de plus en plus rare depuis plus de 30 ans. Ceux qui y arrive sont ceux qui arrive à surmonté la contre-culture de leur millieu, les discriminations sournoises et discretes (et quelle que fois inconsciente) de l’appareil éducatif, des employeurs et de la classe moyenne (et transforme toutes cette énergie en réussite social, pas une mince affaire).
Ma remarque portait sur le terme employé par ce proviseur « élèves en difficulté », pas sur la capacité de réussite de tels élèves. Je me permettai d’etre critique sur l’emploi du terme. Je serais étonné que le Lycée de HK ai un nombre signifiant d’élèves que des profs de banlieux metropolitaine appelleraient « élèves en difficultés ».
L’encadrement en France souffre dans bien des cas d’un manque d’argent (locaux désuets, moyen pédagogique trop limité) mais il faut aussi reconnaitre que quand l’équipe pédagogique est motivé ca fait une vrai différence, et quand elle ne l’est pas il n’y as pas de quoi etre fiere.
Les élèves de HK ne doivent rien à la chance, leurs parents payent une somme forte pour l’éducation de leur enfants et sont issue d’une immigration franchement sélective. Je pense que le commentaire de bulgogi ci-dessous résume bien les problématiques du lycée de HK, le meme genre que à Henrie IV et Fénelon.
On est dans un milieu tellement privilégié, dans ce lycée à Hong Kong, que les statistiques de veulent rien dire. Ce qui serait un drame, c’est qu’un de ces élèves rate le bac…