La ministre des français de l’étranger fait son premier voyage en Chine, l’occasion de parler avec franchise des dossiers chauds pour les expatriés : prise en charge scolaire et fiscalité.

Premier voyage d’un ministre du Gouvernement Ayrault à Hong Kong pour y célébrer les 150 ans de la présence française, réunion des consuls généraux à Pékin et inauguration du nouveau lycée français de Tokyo. Un programme non stop pour Hélène Conway Mouret au cours duquel la Ministre déléguée auprès des Français de l’étranger a réservé un entretien à ALC en dévoilant notamment les dernières modalités de la suppression de la « Pec » et certains points de la réforme du système des bourses scolaires, l’un des grands chantiers de son ministère.
Quel est l’objet de cette visite en Asie ?
À Hong Kong l’objectif était de témoigner aux autorités hongkongaises de l’importance que représentent, pour la France, nos relations bilatérales. En Chine mon déplacement coïncide avec la rencontre consulaire organisée annuellement par l’Ambassadeur à Pékin. Je terminerai mon voyage mardi par Tokyo, pour inaugurer le nouveau lycée Français. Ce voyage est très intéressant puisque dans ces trois villes , je vois l’ensemble des domaines que mon ministère soutient : le domaine consulaire et le scolaire avec pour ces deux domaines deux grandes réformes que j’ai lancées, le politique et l’économique à Hong Kong où nous avons de nombreuses entreprises françaises installées et de jeunes français qui viennent y travailler.
Dans le domaine scolaire justement, beaucoup de français expatriés ont été choqués de la suppression de la « PEC » dès la rentrée 2012. Pourquoi une telle « précipitation » ?
Tout d’abord il n’y a pas eu de précipitation, cela avait été annoncé dans le programme du candidat François Hollande. Il n’y a donc pas eu de surprise. c’est l’application d’une promesse électorale qui avait trait à l’éducation pour les Français de l’Étranger. Le Président de la République a fait de la jeunesse une priorité et l’éducation est au cœur de toutes les réformes qui sont prévues. La « PEC » est une mesure qui aurait coûté à l’Etat pour l’année qui vient 23,5 millions d’euros et cette somme n’avait pas été inscrite au budget. Un budget est voté pour trois ans, la mise en place de la PEC n’avait pas été budgétée à la hauteur des besoins. Il manquait l’an dernier 10 millions d’euros qui avaient été ajoutés et nous savions qu’il en manquerait 23,5 cette année. Il fallait absolument arrêter cette hémorragie budgétaire et surtout ne pas continuer à la déplacer sur les trois ans à venir.
La mesure a été remplacée par ce qui avait été annoncé et je peux le confirmer, l’enveloppe budgétaire qui avait été prévue pour la PEC mais qui n’était pas à la hauteur des besoins est bien reconduite pour les 3 ans à venir sur le budget. Simplement, comme la « PEC » n’existe plus, cet argent sera re-distribué par le biais de bourses.
Dans son intégralité ?
Absolument, les parlementaires ont voté le budget mais les chiffres existent déjà. Les bourses sont abondées à hauteur de 110 millions l’année prochaine,118 l’année suivante et 125,5 la troisième année.
Cette suppression n’est donc pas une volonté politique de s’en prendre aux expatriés ?
Pas du tout, avec l’Intérieur et la Justice, l’Éducation est le troisième ministère qui est épargné des économies demandées aux autres ministères. Les Français de l’étranger sont traités comme les Français de l’hexagone. Nous agissons dans la transparence, les chiffres sont là, ils sont réels et plus justes.
Qu’en est –il d’une réforme du système des bourses ?
Nous avions promis de mettre en place des nouveaux critères d’attribution afin de permettre à un nombre plus large de familles de bénéficier d’une aide à la scolarité. Nous y avons travaillé. La semaine prochaine, la commission nationale des bourses se réunit. J’ai souhaité que ces nouveaux critères y soient présentés et acceptés par l’ensemble des associations de parents d’élèves, des syndicats, des associations (Français du Monde, UFE) , des sénateurs et des députés à l’issue d’une concertation.
Quels sont ces nouveaux critères ?

Un critère important, est celui d’avoir un coefficient régional et non pas global pour la prise en compte du coût de la vie. Nous allons ainsi dans le sens d’une plus grande précision et d’une plus grande justice. Il y a quand même des disparités énormes. Par exemple entre San Francisco et Madagascar il est facile de constater qu’il y a une injustice à appliquer un coefficient identique.
C’est du bon sens…
Absolument, on savait que l’on avait besoin d’une certaine dose de bon sens pour rendre les choses un peu plus justes ! Dans le même temps, il nous fallait avoir une volonté politique de pouvoir remettre à plat le système, reprendre les critères un par un et essayer de voir comment faire bénéficier à plus de familles d’une aide, avec des critères qui soient plus proches finalement de la réalité de terrain que d’une réalité planétaire.
Ces nouveaux critères seront appliqués quand ?
À l’issue de la réunion de la semaine prochaine, tous les membres de la commission disposeront de quinze jours pour discuter avec les membres de leurs associations, de leurs syndicats et au niveau des parlementaires avec leurs groupes politiques et revenir avec les amendements nécessaires. J’espère qu’après ces trois semaines, nous aurons un nouveau système avec de nouveaux critères, qui sera applicable dès la rentrée prochaine. Nous nous sommes donné une méthode de travail et un calendrier que nous tenons.
Vous ne perdez pas de temps en fait…
Nous n’avions pas le choix, il fallait le faire assez vite. Budgétairement nous avons aussi besoin de ne pas être irresponsables. La PEC était insoutenable financièrement, c’était prouvé. Elle était socialement injuste et c’est pour cela d’ailleurs qu’aucune association de parents n’a regretté sa suppression. Politiquement ça a pu être repris par quelques – uns mais je n’ai pas reçu une seule lettre de contestation de qui que ce soit me disant qu’il était injuste de supprimer cette mesure.
Appliquer la mesure dès la rentrée 2012, a cependant entraîné des difficultés pour certaines familles…
Sur un plan chronologique, c’est vrai que nous aurions pu imaginer d’autres scénarios mais en même temps je ne vois pas comment nous aurions pu faire autrement. Si nous avions attendu que l’été passe pour faire l’annonce au mois de septembre, je crois que cela aurait été beaucoup plus grave pour les familles d’avoir ce choc. Dès l’annonce faite, nous avons informé les postes diplomatiques en leur demandant d’identifier les familles bénéficiant de la PEC qui seraient susceptibles de pouvoir faire une demande de bourse. Ces familles ont été invitées et par exemple à Hong Kong, sur les 75 familles qui bénéficiaient de la PEC, six ont fait une demande de bourse parce que 69 avaient des revenus trop élevés et je m’en réjouis pour elles, pour pouvoir bénéficier d’une aide de l’État.
Votre famille politique avait qualifié la création d’un secrétariat d’état aux Français de l’étranger sous le gouvernement Fillon de « gadget inutile ». Est- ce toujours l’idée au sein de la nouvelle majorité présidentielle ? En tant que ministre déléguée, comment faite vous pour asseoir votre légitimité et faire changer les esprits ?
D’abord, si ma famille politique n’avait pas souhaité que les Français de l’étranger soient représentés, un ministère n’aurait pas été créé pour remplacer un secrétariat d’état qui n’avait pas de cabinet ni de véritable équipe pour travailler.
Ce qui avait critiqué à l’époque n’était pas tant la création d’un secrétariat d’état pour les Français de l’étranger mais la nomination de secrétaires d’état qui n’avaient pas de mission déterminée ni d’ambitions de réformes pour faire quoi que ce soit vis- à- vis de la communauté française.
Un problème de forme plus que de fond ?
Il n’y avait pas de feuille de route. Lorsque j’ai interrogé Monsieur Courtial sur ses attributions, il n’en avait pas ! Il en a eu quelques semaines après sa nomination car il a dû penser qu’il était nécessaire d’avoir une mission un peu spécifique qui n’était pas celle de faire le tour du monde et de prendre des photos dans les ambassades, d’autant qu’il avait une mission politique qui était quand même d’essayer de rassembler les forces qui allaient soutenir les candidats de sa famille politique. C’est cela qui a été dénoncé à l’époque, pas la création. Je crois par ailleurs que les deux familles politiques et les candidats avaient bien pris la mesure de l’existence de cette communauté française, de son importance, du rôle qu’elle devait jouer et qu’elle doit jouer de plus en plus. Aujourd’hui avec la crise économique, les Français de l’étranger peuvent contribuer au redressement du pays. Ils sont un atout pour la France quel que soit le rôle qu’ils jouent, le métier qu’ils exercent. L’existence même de ces Français, tout autour de la planète, est quelque chose de très positif pour notre pays.
Les jeunes Français sont de plus en plus nombreux à quitter leur pays pour travailler ou créer leur entreprise à l’étranger. Une perte de talents pour la France ?
D’abord ils n’ont pas vocation à passer leur vie à l’étranger, ce n’est donc pas une perte pour la France. Ce n’est pas un phénomène nouveau, les jeunes Français ne quittent pas la France d’un seul coup, ils le font depuis des décennies. Ils vont installer leur entreprise ce qui prouve bien que notre système éducatif est performant ! ils réussissent bien et sont même recherchés localement justement parce qu’ils arrivent avec des compétences, un savoir faire et un savoir être peut- être aussi qui plait beaucoup.
Pourquoi quittent- ils la France ? Quelles sont les actions de votre ministère pour éventuellement les aider ?
Ce sont souvent des décisions personnelles. Une grande curiosité, une envie de faire autre chose, peut être aussi une envie de se frotter à d’autres systèmes, de prendre des risques. Il s’agit parfois également d’histoires sentimentales personnelles. À chaque fois c’est une décision personnelle. Pour ma part, je considère tous ces jeunes comme un atout pour la France. Ils apportent un sérieux, des compétences qui, ajoutés à la qualité de nos services publics à l’étranger (consulats, missions économiques, centres culturels, alliances françaises, écoles françaises…), renforcent l’image positive globale de la France, de cette « équipe de France ». Cela permet notamment aux entreprises lorsqu’elles vont signer un contrat ou qu’elles se bagarrent avec une concurrence mondiale très sévère, de bénéficier d’une image positive dans l’esprit de ceux qu’elles essayent de convaincre.
Mon ministère travaille exactement dans ce sens là. Lorsque nous améliorons notre réseau consulaire, nous travaillons pour une présence un peu plus belle de nos écoles et pour la sécurité de nos compatriotes et de nos entreprises, et bien tout cela renforce l’envie de s’expatrier pour les entreprises, d’exporter, d’être présentes à l’étranger mais également les soutient.
La fiscalité n’est-elle pas une cause de ces départs ?
Sincèrement non, je ne vois pas pourquoi. Penser que les Français quittent la France parce qu’ils ont envie de planquer leur argent ailleurs pour ne pas payer leurs impôts en France est un cliché qui m’agace beaucoup. Ce n’est pas vrai ! Il y en a peut –être quelques dizaines sur les 2,5 millions de Français qui vivent à l’étranger mais il ne faut pas se concentrer sur ces gens là pour généraliser le profil du Français qui va s’installer à l’étranger.
Convaincre que les expatriés ne sont pas des exilés fiscaux est-il l’un de vos combats ?
Oui, il faut casser les clichés ! Cela est vrai également pour nos représentations diplomatiques et consulaires. Le cliché des « réceptions de l’ambassadeur et des Rochers Ferrero » est lui aussi très agaçant. Quelques jours après ma nomination, j’ai eu la grande chance d’inaugurer l’exposition de photos « Au large de la France –Français du Monde » réalisée par le photographe officiel du Ministère des Affaires Étrangères. Depuis 1982, il s’est rendu aux quatre coins du monde dans les différents postes consulaires et les ambassades pour photographier nos diplomates et ces français du bout du monde non pas dans les salons avec un verre à la main mais sur le terrain, au quotidien. Un consul visitant un détenu français dans une prison, une journaliste travaillant pour une ONG pour des enfants, un chef français qui fait de la formation en Birmanie en donnant des cours de cuisine gratuits pour ces jeunes birmans qui ont envie de travailler dans l’hôtellerie… Ces photos sont belles car elles montrent des personnes réellement impliquées au service des autres et parce qu’elles effacent ces clichés un peu dorés des Français de l’étranger.
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LOL : D’abord ils n’ont pas vocation à passer leur vie à l’étranger.
J’ai plus de 15 ans d’expatriation a HK, et je suis pas prêt de rentrer au pays des taxes, marre d’être taxer.
Autour de moi, j’en connais peu qui veulent rentrer…
Rentrer … oui pour les vacances. La France c’est Disneyland de nos jours.
Je trouve un peu fumeux de parler des (40 000) français de HK qui travaillent en majeure partie dans les hautes et belles tours de verre de central a tenter désespérément de garder des salaires dignes des meilleures salles de marché (et qui comme « orange » n’ont pas envie de payer d’impôts dessus) et passent leur samedi après midi a Stanley Beach a se la couler (très) douce , et ensuite de gentillement passer a autre chose en évoquant les photographie représentant le cas particulier de cette (respectable) journaliste en birmanie… le temps des expats qui vivent dans l’opulence coloniale est certainement fini. toutefois ne nous voilons pas trop la face ou, au moins, ne soyons pas hypocrites.
HAHAHA et elle s’imagine que ses amis « les bobos » et autre « Caviarists » de sont genre et qui ce sont expatriés ces 3 dernières années vont la soutenir ?
Les gauchos friqués sont de la plus pute des races, ils mangent à tous les râteliers.
Flamby du Mou annonce +3%, les pro annoncent +0.8%, si vous en faites 5 vous aurez de la change et sans même l’avoir mérité !
Ils racontent tous n’importe quoi ds ce gov. et la raison du pourquoi légaliser le H, est tout simplement pour mieux en endormir la masse (le fluor ds l’eau et les tracés chimiques ne faisant plus d’effet parait-il)
Rien de sert de courir, il faut partir à point …