Le dirigeant nord-coréen est arrivé en Chine. Sa quatrième visite en 10 ans dans ce pays voisin, et seul allié de la région, nourrit des espoirs quant à la reprise du dialogue sur le nucléaire. Mais le naufrage du Cheonan noircit le tableau.

Lorsqu’un train blindé s’arrête à Dandong, ville frontalière du nord-est de la Chine, les médias de la planète entière s’interrogent : Kim Jong-il est il à bord ? Il était dans celui qui s’est arrêté ce lundi 3 mai au petit matin. Un convoi de 17 wagons, alors que les trains en provenance de Pyongyang n’en comptent que 4 ou 5 habituellement, est entré en gare aux environs de 5h, tandis que les trains venant de Corée du Nord arrivent généralement l’après-midi, selon l’agence sud-coréenne Yonhap. Le « Cher Leader » voyage peu, il n’aimerait pas l’avion.
Le train est ensuite parti vers Dalian, le grand port chinois le plus proche de la République populaire démocratique. La télévision publique japonaise a diffusé dans la nuit de lundi à mardi des images de Kim Jong-il montant dans une limousine noire, tournées à Dalian. Les raisons de cette étape restent obscures. Un groupe chinois basé dans cette ville portuaire a récemment passé un accord avec Pyongyang concernant la location d’un accès au port nord-coréen de Rajin, en mer jaune. L’entreprise a investi 26 millions de yuans, soit 2,8 millions d’euros, pour y construire 40 000 m2 d’entrepôts. La Chine n’a pas d’accès à la mer à l’est de la péninsule coréenne, cet accord lui permet donc de faciliter le commerce de marchandises depuis ses provinces du nord-est. Le passage à Dalian de Kim Jong-il est-il lié à ce projet ?
La quatrième visite du secrétaire général du Parti des travailleurs de Corée, la première depuis quatre ans, intervient dans un contexte de particulière tension dans la péninsule coréenne. Le gouvernement de Séoul estime que l’une de ses corvettes, le Cheonan, qui a coulé le 14 avril dernier, a été torpillée. Tous les regards sont tournés vers le Nord, qui nie être lié à l’accident et reproche à son frère ennemi d’essayer de détourner l’attention en l’accusant. Le président sud-coréen conservateur Lee Myung-bak s’est rendu vendredi dernier à Shanghai pour assister à la cérémonie d’ouverture de l’Exposition universelle et aurait évoqué le sujet avec Hu Jintao.
La Chine, qui s’est imposée comme le médiateur incontournable des crises coréennes en ayant maintenu des relations cordiales avec les deux capitales, pourrait à son tour tenter d’aborder le dossier du Cheonan avec le Cher Leader. Il est peu probable toutefois que ce dernier admette une quelconque responsabilité dans le naufrage du Cheonan. Et il est tout aussi difficilement imaginable que la Chine hausse le ton au point de se mettre la Corée du Nord à dos. Elle sait qu’elle est le seul partenaire qui puisse maintenir le régime nord-coréen à flot et ne souhaite en aucun cas le voir sombrer.
Allié historique de Pyongyang, la Chine pourrait se voir demander pendant cette visite une nouvelle aide sous forme de projets de coopération. Une réévaluation de la monnaie nord-coréenne, le Won, la première en 17 ans, aurait sappé l’économie en pénalisant les petits capitalistes, dont les affaires commerciales au marché noir permettaient l’amélioration du niveau de vie d’une partie de la population mais faisait craindre au Parti une perte progressive de contrôle sur la société.
Le gouvernement chinois pourrait de son côté essayer de relancer les discussions à six sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne, un forum créé en 2003 à son initiative et qui a subi les hauts et bas des relations de la RPDC avec les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon.
Suite au naufrage du Cheonan, il est toutefois peu probable que ces derniers se montrent désireux de dialoguer avec Pyongyang.
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