L’artiste chinoise est exposée à la Galerie Paris Beijing, à Dashanzi. Son travail se traduit par des installations souvent réjouissantes, basées sur des détournements de mots ou d’expressions usuelles.

La galerie Paris Beijing a un peu trahi ses premières amours, photographiques, en ouvrant son grand espace à l’artiste Ko Siu Lan. Elle utilise certes parfois la photographie, mais elle est surtout une amoureuse des mots, de leur représentation et notamment des téléscopages qu’ils permettent d’organiser entre différents niveaux de perception…
Il peut s’agir de simples détournements : par exemple de petits panneaux en fer blanc d’avertissement très chinois, avec un pictogramme explicite, un « attention sol glissant » en chinois, traduit juste en dessous par une sentence digne du plus mauvais « chinglish », qui prévient « Danger, democracy »…
Mais il y a plus ambitieux, comme cette grande table ronde en aluminium, avec un plateau tournant central, un peu comme une table de restaurant, qui permet de redistribuer les caractères chinois alignés vers le centre, pour tripatouiller des phrases de base àl’aide de négations qui en changent complètement le sens. Les rubikubes version Ko Siu Lan sont également à découvrir : difficiles à décrire, mais très rigolos à manipuler.
Son installation, baptisée « Don’t think too much », organise des interactions mentales, visuelles et physiques, que les visteurs peuvent aborder comme ils le veulent … Et cette liberté toute neuve aboutit bien évidemment à un résultat très différent de celui intimé par l’artiste dans le titre de son installation ; en jouant avec les mots de Ko Siu Lan, on est bien obligé de penser.
Ko Siu Lan avait récemment affolé le landerneau artistique français, puisqu’elle avait été brièvement censurée à Paris, devant l’Ecole nationale des Beaux Arts qui l’avait pourtant invitée : ses oriflammes jouant sur le célèbre adage présidentiel, « travailler plus pour gagner plus », et donc travailler moins pour gagner moins, permettaient de joyeusement associer dans le champ de vision des passants les oriflamme « travailler plus » avec « gagner moins », par exemple. Quelques zélés protecteurs de l’esprit présidentiel en avaient ordonné le décrochage, mais le ministre français de la culture lui même, un peu gêné, les avait très vite fait remettre en place.
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