La secrétaire d’Etat américaine est arrivée à Pékin hier avec une importante délégation, pour une discussion globale sur des sujets stratégiques avec les responsables chinois. Au programme, les questions commerciales et le défi posé par la Corée du Nord

Le « dialogue stratégique et économique sino-américain » qui se tient lundi 24 et mardi 25 mai à Pékin est le deuxième du genre, après une première édition à Washington en juillet 2009. Entre temps, les deux pays ont traversé une période de tensions marquée notamment par la rencontre entre Barak Obama et le dalaï-lama, très mal acceptée par Pékin, et par l’affaire Google. En début d’année, le géant californien du net avait provoqué la surprise en décidant de fermer la version destinée à la Chine continentale de son moteur de recherche à la suite de cyber attaques.
A cette occasion, Hillary Clinton s’était élevée pour la liberté sur Internet, dénonçant un « rideau de l’information » chinois, une rhétorique évoquant le Rideau de fer qui séparait le monde communiste du « monde libre » jusqu’à la chute du bloc soviétique. Mais depuis ces événements, de l’eau a coulé sous les ponts et c’est dans un contexte d’apaisement que la secrétaire d’Etat est arrivée dimanche, accompagnée du secrétaire du trésor Timothy Geithner et d’une délégation de plus de 200 personnes, la plus importante jamais vue pour ce genre de rencontre.
Recul sur le yuan
Pendant deux jours, plusieurs dossiers stratégiques vont donc être débattus dans ce qui constitue selon certains observateurs un tour d’horizon complet politique et économique des relations sino-américaines.
Lors de discours préliminaires, Hillary Clinton et Timothy Geithner ont tous deux plaidé pour une politique commerciale plus ouverte et plus juste en appelant à l’établissement d’un « terrain de jeux aplani », et à un plus grand respect de la propriété intellectuelle.
« L’innovation est la clé pour un futur prospère et l’innovation fleurit mieux lorsque les marchés sont ouverts, que la compétition est juste et que de fortes protections existent pour les idées et les inventions », a déclaré M. Geithner lors d’un discours au Palais du Peuple hier, rapporte le Wall Street Journal. « Nos intérêts communs reposent sur une économie mondiale plus forte et plus adaptable, où la croissance est plus équilibrée, à la fois à l’intérieur des nations et entre elles », a t-il ajouté.
Chose étonnante, la question de la réévaluation du yuan, cheval de bataille traditionnel des Etats Unis face à la Chine, n’a pas été abordée par M. Geithner durant sa prise parole. A la place, le secrétaire au Trésor a préféré inciter la Chine à abandonner ses barrières commerciales et à orienter son économie vers la consommation intérieure, dans le but de remédier au déséquilibre du commerce extérieur du pays.
Que dira la Chine sur le naufrage du Cheonan ?
Au delà des questions économiques, la rencontre entre responsables politiques des deux pays est également très attendue sur des dossiers internationaux tels que l’Iran, l’Afghanistan ou la Corée du Nord. Après qu’une enquête internationale a officiellement mis en cause la Corée du Nord dans le torpillage d’un navire de guerre Sud-Coréen, la délégation américaine espère obtenir de la Chine une condamnation ferme de son voisin ermite. Le résultat est bien incertain étant donné les bonnes relations entre les deux puissances communistes, réaffirmées récemment par la visite de Kim Jong-il à Pékin il y a deux semaines.
Dans le dossier nucléaire iranien, les Etats Unis espèrent obtenir l’aval de la Chine sur le vote d’une résolution du Conseil de sécurité infligeant une quatrième vague de sanctions contre Téhéran. Mais là encore, rien ne dit que la Chine, consciente de son importance grandissante sur la scène internationale, accèdera aux requêtes américaines.
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