Si les Chinois se passionnent pour la présidentielle française, les candidats ne semblent pas forcément placer la Chine au cœur de leur priorité dans cette campagne. Pourquoi ?

« La Chine aujourd’hui est présente dans n’importe quelle campagne. Pourquoi en parle-t-on peu actuellement? La Chine n’ayant pas très bonne presse en France, peut-être est-ce par prudence », suggère Franck Desevedavy, un avocat français basé à Pékin. Avant d’ajouter : « De toute façon, les relations avec la Chine aujourd’hui sont une question centrale. Les candidats n’ont pas forcément besoin de venir ».
Et cette fois-ci, ils ne sont pas venus. Lors de la campagne présidentielle de 2007, on se souvient du voyage éclair de Ségolène Royal à Pékin, qui avait trouvé le temps, malgré tout, de faire quelques bonnes bourdes, comme vanter en public les mérites de la justice chinoise « dont les tribunaux sont plus rapides qu’en France ».
Peur de faire une bourde ?
Le candidat socialiste, totalement inconnu des Chinois et étranger lui-même aux mœurs du pays, craindrait-il de commettre un impair?
« Je ne pense pas, répond Franck Desevedavy. « Hollande a fait le choix de privilégier des déplacements en France et dans les capitales européennes. Je pense que c’est une bonne décision sur le plan stratégique. Le problème qu’il aurait eu ici, c’est un problème de protocole. Par qui aurait il été reçu? Je ne vois pas d’intention politique. Il a préféré envoyer Laurent Fabius. »
Lequel Laurent Fabius, s’estimant reçu par des dirigeants de « rang inférieur », a quitté prématurément Pékin en février dernier…
Nicolas Sarkozy n’aura pour sa part pris aucun risque. Il a joué la valeur sure : la carte Jean-Pierre Raffarin, l’éternel « ami de la Chine » qui, dans les pages du Global Times au lendemain du premier tour, défendait « la bonne connaissance de Nicolas Sarkozy des pays émergents et son envie de promouvoir des liens plus forts avec la Chine ».
Séduire la Chine
Car les candidats au 2ème tour l’ont bien compris. Ils n’ont pas le choix. Ils ne doivent pas déplaire à la future première puissance mondiale.
Interviewé ces jours-ci pour la première fois à la télévision chinoise, sur la chaîne shanghaïenne SMG, le candidat socialiste s’est engagé à « dire les choses clairement vis-à-vis de la Chine et voir comment nous pouvons avancer ensemble », pointant du doigt « l’inconstance de la droite vis à vis de l’Empire du milieu ».
Une droite qui continue d’être préférée par les dirigeants chinois, même si ces derniers font mine, comme à leur habitude, de jouer la neutralité.
Nicolas Sarkozy, l’ennemi préféré du régime, qui est venu pas moins de six fois pendant son quinquennat écoulé, est dorénavant perçu comme « un interlocuteur sérieux et fiable », décrypte Franck Desevedavy. « En 2011, La France était la tête du G20. Ce qui a permis de stabiliser la relation. Et puis, les Chinois sont assez rétifs à la nouveauté. Ils aiment bien traiter avec ceux qu’ils connaissent ».
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Jean a écrit
Le problème est qu’on a utilisé la Chine pendant des années comme père fouettard de l’industrie, lui mettant sur le dos la culpabilité d’un mouvement de désindustrialisation dont le principal moteur était (et est toujours) l’absence de contre-pouvoir à la spéculation financière.
Il est donc difficile, quand on a succombé au confort de ces thèses, de venir expliquer ensuite qu’on a maintenant besoin de caresser la Chine dans le sens du poil… Et qu’on ne sait même pas comment faire parce qu’on n’y comprend rien.
Yann a écrit
Le pb, c’est que MM Hollande et Sarkozy n’ont plus qu’un pouvoir réduit. Le vrai pouvoir économique est chez Wal Mart et Apple…
En revanche, en Chine, il n’y a pas de véritable secteur privé indépendant. L’Etat est present partout, soit par des participations plus ou moins cachées, soit par son autoritarisme qui laisse peu de doute sur le véritable patron. Ce qui permet à Pékin de garder le pouvoir, le vrai.
cancer 2011 a écrit
Ce journal on-line insiste dans la version que Sarkozy serait le candidat de la China dans cette élection … Je ne partage pas ce point de vue … Sarko à montré dans sa politique internationale ( avec la Chine, en Afrique, aux pays Arabe, Tibet, JJOO 2008, …) être aligné avec les USA/UK …. et en politique nationale être aligné avec la fausse théorie de la Chine responsable des délocalisations … aux lieux des entreprises françaises responsables de la désindustrialisation de la France … Ils nous faudrait connaitre les actionnaires de ce journal pour comprendre ce type d’articles / positions … L’ Allemagne étant beaucoup plus apprécié en Chine que la France comme partenaire industriel … c’est aussi un autre argument à considérer après 5 ans de Sarkozy … Sarkozy semble ne rien comprendre de la Chine que ceux que les USA/UK le demandent de faire …
fang fang a écrit
« la fausse théorie de la Chine responsable des délocalisations … » tu as raison.
C’est l’idée -qui a la vie dure- d’une Chine qui nous submerge de ses produits, alors qu’à l’origine ce sont les commerçants occidentaux qui ont eu l’idée de faire fabriquer à bas coût des produits en Chine pour les vendre avec un maximum de marge sur les marchés occidentaux.
Autre solution: acheter des produits initialement destinés aux consommateurs chinois, lesquels ayant un trés faible pouvoir d’achat se contentaient de produits bas de gamme.
Autre solution:(Apple) faire fabriquer en Chine à bas salaires des produits sophistiqués pour les vendre trés cher dans le Monde entier…
Il y a une quarantaine d’années, le même probléme c’était posé avec le Japon.
Le Japon, la Corée avaient un creneau plus technologique : voiture, app photo, electronique,…donc des produits à marges plus fortes.
La Chine a commencé avec des merdouilles en abondance, à faible marge; ce qui était rentable du fait de la baisse de coût des transports par containers. Mais mainteanant elle monte en gamme…Dans 10 ans ses produits seront aussi fiables et innovants que les notres.
Je pense que ce qui nous évitera d’étre submergés par les pays émergents c’est le developement de leurs marchés intérieurs. Et en Chine le marché intérieur se developpe de façon spectaculaire.
On oublie aussi que beaucoup d’entreprises occidentales se sont installées en Chine pour fabriquer sur place des produits destinés au marché chinois. Dans les zones industrielles des grandes villes de la cote est, c’est une usine sur trois ou quatre.
La Chine -dégouttée de notre hostilité- va t elle se refermer sur elle même comme il y a 600 ans ? (600ans à la louche…)
Manubj a écrit
Je pense que la Chine veut tout faire et tout produire, et peu importe le marche sur lequel elle vend, le marche interieur ne sera jamais suffisant.
cancer 2011 a écrit
Donner à manger … et beaucoup plus reussir un niveau de vie moyen proche des pays occidentaux ( Europe / USA ) dans les 20 prochains années c’est un défi encore énorme parce que de l’ordre de 1300 millions de chinois c’est pas 60 millions de français ou 330 millions européens Et la Chine manque de beaucoup de ressources naturels ( pétrole) (énergie électrique 80% charbon) et alimentaires …. soit seulement un développement équilibre et solidaire pourra faire réussir la Chine et récupérer sa position de leader dans l’histoire ( sauf 200 derniers années)