La Chine agite de nouveau la menace du terrorisme islamiste sur son sol, dans la région limitrophe de l’Asie centrale, après l’annonce du démantèlement d’un camp d’entraînement dans le Xinjiang, région peuplée de minorités ethniques musulmanes, dont les Ouïgours.
Les autorités chinoises ont annoncé avoir tué vendredi 18 terroristes et détruit un camp d’entraînement dans les montagnes du Pamir, dirigé par le Mouvement islamique du Turkestan oriental, classé organisation terroriste en 2002 par les Nations unies.
La police du Xinjiang n’a pas écarté que d’autres membres du groupe se cachent dans des grottes de cette région désertique située à 2.000 mètres d’altitude, où la température peut descendre jusqu’à moins 30 degrés Celsius.
Rohan Gunaratna, expert en terrorisme et auteur d’un livre sur le réseau Al-Qaïda, qualifie d' »événement important » le raid policier, qui a eu lieu à 200 kilomètres des frontières avec le Pakistan et l’Afghanistan.
« C’est la première fois que la Chine repère un camp d’entraînement du Mouvement islamique du Turkestan oriental à l’intérieur du Xinjiang », dit-il.
« Le Mouvement opérait depuis les montagnes du Pakistan, de l’Afghanistan, du Turkménistan et du Tadjikistan, tout en ayant cependant des sympathisants au Xinjiang qui faisaient exploser des bombes et tuaient », affirme l’expert.
Pékin dit détenir des preuves des liens avec l’étranger de cette organisation et les rapports précédents des services de sécurité chinois affirmaient qu’elle collaborait avec Al-Qaïda.
Près de 10 millions de musulmans, dont les Ouïgours turcophones, vivent dans la région autonome du Xinjiang, sur les 18 millions de musulmans que compte la Chine. Certains groupes continuent à se battre pour l’indépendance du Turkestan oriental, qui a connu une existence éphémère avec deux Républiques entre 1930 et 1949.
Selon les experts, le Mouvement islamique du Turkestan oriental aurait eu jusqu’à un millier de combattants, mais a souffert de lourdes pertes durant le conflit en Afghanistan.
Selon les autorités chinoises, l’ancien chef du Mouvement, Hassan Mahsoum, a été tué en octobre 2003 par les militaires pakistanais lors d’une opération antiterroriste menée le long de la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan.
Dru Gladney, un expert américain du Xinjiang à l’Institut du Pacifique en Californie, se montre cependant plutôt sceptique sur l’étendue de la menace islamiste dans la région.
« J’aimerais voir plus de preuves sur la réalité de ce camp, pas simplement une vidéo de mauvaise qualité et des confessions forcées », dit-il.
« Pour l’instant, on ne connaît pas le lieu exact de l’assaut et ces gens pourraient être des mineurs illégaux ou des contrebandiers armés », ajoute Gladney, estimant « tiré par les cheveux qu’il y ait une branche très organisée du Mouvement islamique du Turkestan oriental en Chine ».