Facebook drague ouvertement, Google s’approche discrètement et même Twitter paraît piailler en direction de Pékin, qui rougit de plaisir. Quel avenir pour les réseaux internationaux au pays de la censure, et quel bénéfice pour les Chinois ?

De quoi discute-on sur les réseaux sociaux de la planète ? Des réseaux sociaux, justement, et de leur appétit planétaire, avec bien sûr la Chine au milieu de l’assiette. Twitter a fait beaucoup piailler les internautes en annonçant une censure sélective dans les pays aux « conceptions différentes de la liberté d’expression », mais c’est Facebook qui fait la une des JT en tapant aux portes de la Bourse.
Wall Street exige des amis chinois
Faut-il se ruer sur les actions du réseau à 100 milliards de dollars ? La presse spécialisée se pose la question et analyse prudemment le potentiel de croissance du géant bleu. Il suffit de regarder une carte des utilisateurs pour comprendre que pour trouver de nouveaux amis, Facebook devra aller poker au delà de sa dernière frontière : la Chine.
Si Mark Zuckerberg, le créateur hollywoodien du « Social Network » affirmait en 2010 que la conquête des 500 millions d’internautes chinois n’était « tout simplement pas la première chose qui le préoccupe », son état major sait la question cruciale. «On ne peut pas connecter le monde entier en oubliant la Chine », expliquait il y a quelques mois Sheryl Sandberg, directrice d’exploitation du réseau.
Et quand les documents d’introduction sur le marché de Facebook parlent de 2 milliards d’internautes à connecter ensemble, le chiffre comprend tout de même un quart de Chinois.
Appétissant, certes, mais interdit. Pékin veut garder le contrôle sur les informations qui sont mises à la disposition de ses internautes. Le dilemme est palpable dans le dossier d’introduction en bourse : « Nous ne savons pas si nous serons capables de trouver un moyen de gérer les contenus de façon acceptable pour nous et pour le gouvernement chinois ».
Et pourtant, Facebook y met de la bonne volonté : le réseau n’est pas ami avec les défenseurs de la liberté d’expression, en laissant entendre qu’il pourrait se plier aux règles de la censure et créer un réseau chinois déconnecté des autres 800 millions d’utilisateurs. Mark le milliardaire apprend le mandarin et visite de potentiels partenaires à Pékin. Beaucoup d’énergie dépensé pour rien, d’après les experts de l’internet chinois : le PCC a déjà du mal à gérer ses microblogueurs survoltés. Dans le contexte politique actuel, Facebook a « zéro » chance de revenir en Chine, explique Bill Bishop à l’AFP.
500 millions d’internautes chinois #etmoi #etmoi #etmoi
Autant Facebook n’étonne plus personne par son appétit, autant chaque battement d’ailes de Twitter vers Pékin fait rugir le net. Le réseau à l’oiseau peut maintenant rendre indisponible certains contenus dans des régions particulières, a annoncé le 28 janvier la direction via son blog.
Rien de grave si ce n’est qu’elle prévoit d’utiliser cette option pour adapter la plateforme aux pays qui ont « une conception différente de la liberté d’expression ».
Aucun État n’est nommé, mais les tweets scandalisés regardent tous dans la même direction : Twitter voudrait-il voler en Chine ? La société ne veut pas de polémique, et a pris soin de dessiner les limites de sa mesures : des blocages « tweets par tweets », « quand les autorités locales compétentes le demandent ».
Le but est en fait d’éviter les procès sans tomber dans la censure globale, mais Twitter est victime de son statut de héraut de la liberté d’expression. Le bouillon de culture des révolutions arabes et autres mouvements d’indignés assure ne pas avoir de plan en Chine, où le réseau est un outil précieux pour la dissidence.
Dans les premières réactions, on trouve d’ailleurs quelques profils connus des autorités pékinoises : Wen Yunchao s’inquiète et appelle la communauté à la mobilisation, Ai Weiwei menace de boycotter le réseau, suivi par beaucoup d’utilisateurs chinois.
Les tweetos questionnent, Reporter sans frontières dénonce et Twitter peine à se justifier devant la cascade de réactions. La société trouve dans les pages du Global Times un allié empoisonné : ils se sont « rendus compte des choses et ont choisi de suivre des règles commerciales pragmatiques plutôt que d’être un outil idéaliste” se réjouit un édito du quotidien, réputé proche de l’aile dure du Parti Communiste.
Hu Xijin, rédacteur en chef du journal et avocat inlassable de la censure crée même un compte Twitter pour saluer le geste. À son “Bonjour. Ravi d’être sur Twitter” (en anglais), on lui répondra “Bienvenue, quel VPN utilisez-vous ?”
Marché saturé
Des efforts pour rien ? Bill Bishop, spécialiste de l’internet Chinois, explique au Wall Street Journal que Pékin n’autorisera Twitter, et qu’il serait « stupide » pour la compagnie de s’aventurer au pays de la censure.
Il note d’ailleurs que Twitter entretient des partenariats avec des associations de défense de la liberté d’expression, comme Chilling Effects. Ce site Web spécilialisé dans la liberté du web publie les ordres de censure de différents gouvernements. De quoi se faire unliker en Chine, où les mots-clés censurés sont considérés comme des secrets d’Etat.
Le gouvernement chinois a déjà fort à faire avec les Weibo de Sina ou Tencent, Renren, le Facebook local et les autres réseaux sociaux, qui « saturent » le marché. Se frotter à ces concurrents de taille, pesant chacun des centaines de millions d’utilisateurs mènerait les grandes entreprises occidentales à l’échec. Les leaders locaux, Sina Weibo ( 250 millions de microbloggers) en première ligne, regorgent d’outils spécialement crées pour le public chinois : ils sont simplement plus adaptés au marché que n’importe quel concurrent étranger.
Et pourtant, la Chine fait plus que jamais baver les grands noms de l’internet mondial. Dans la foulée de ces polémiques on a appris que Google, qui voudrait s’y développer, se met aussi à la « géocensure ». Le géant maintient sa devise « Don’t be Evil » mais adapte sa plateforme Blogger à de potentielles restrictions de contenus par pays. Skype, lui bloque depuis longtemps les message écrits contenant des termes tels que « Dalai Lama » ou « Falun Gong » en Chine.
A Pékin, les demandes d’amis s’accumulent, mais restent sans réponse.
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Je me rappelle que Facebook avait censure et interdit un groupe qui critiquait l’Islam comme Voltaire avait critique le Christianisme. Il n’y a donc aucune raison de vouloir rougir s’il s’avere utile de censurer d’autres choses, comme les appels a la destabilisation.
Entre parentheses, les defenseurs de la liberte d’expression n’ont pas defendu le groupe qui critiquait l’islam. C’est une chose que je note souvent parmis les defenseurs de cette nouvelle religion occidentale (qui comprend aussi les droits de l’oum et l’antiracisme) : son incoherence.