Grosse consommatrice d’énergies fossiles et notamment de charbon, la Chine tente de moderniser ses houillères pour maîtriser les émanations de méthane extrêmement polluantes et transformer ce gaz dangereux en source d’énergie.

Le gouvernement a fait de la captation du méthane un objectif au nom de la sécurité, car ce gaz est le grand responsable des meurtriers coups de grisou des mines, et de la protection de l’environnement.
L’extraction du charbon, qui fournit à la Chine plus de 70% de son énergie, est la source d’une grande partie des émissions de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane) du pays, qui forme avec les Etats-Unis le duo des plus gros pollueurs de la planète.
Pékin, qui s’est fixé des buts exigeants de réduction d’émissions, intervient à coups de millions pour encourager une industrie minière plus propre.
« Le gouvernement débloque chaque année quelque 200 millions d’euros de subventions pour les mines se lançant dans les technologies de captation du méthane », note Huang Shengchu, directeur du Chinese Coal Information Institute, organisation sous tutelle gouvernementale qui conseille les dirigeants politiques.
Le dégazage des mines s’opère avant l’extraction du charbon: le méthane, drainé, est transporté par pipelines vers des centrales électriques.
Car le méthane capté peut être réutilisé par les centrales électriques, contrairement au dioxyde de carbone. Purifié, il peut également servir de carburant.
Cependant, l’ensemble de l’industrie n’est pas encore ralliée à la cause verte.
« Les petites structures privées sont réticentes à appliquer les mesures décidées », reconnaît Huang Shengchu.
Les sociétés proposant la technologie sont néanmoins optimistes sur les perspectives du marché chinois.
« Dans ce secteur, la Chine entreprend une importante modernisation », assure Dave McKinnon, chef de projet pour l’entreprise australienne Valley Longwall, en marge d’un récent salon professionnel.
Son entreprise commercialise depuis trois ans dans le Shanxi, province riche en charbon du Nord du pays, le DGS (système de forage guidé), une technologie assistée par ordinateur qui détecte les émissions de méthane lors du forage et, selon ses concepteurs, permet une captation quasi totale.
Le gouvernement tente depuis des années de renforcer la sécurité dans les mines, en particulier les houillères où plus de 3.200 ouvriers ont péri l’an dernier, selon les statistiques officielles que des organisations jugent largement sous-estimées.
Traditionnellement, le méthane était ventilé pour prévenir sa concentration et les explosions.
Mais cette méthode revient à disperser le polluant dans l’atmosphère au lieu d’en retirer les bienfaits potentiels.
« Le méthane fournit aujourd’hui 1 ou 2% seulement de la consommation en énergie primaire en Chine, alors qu’il pourrait être relativement important au plan local », selon Pamela Franklin de l’Energy Protection Agency, aux Etats-Unis.
La ville de Jincheng (Shanxi) ne contredirait pas: depuis l’année dernière, elle possède une importante centrale approvisionnée par le méthane d’une mine locale.
A l’origine du projet de plus de 30 millions d’euros, Huang Shengchu explique que cette centrale est la plus importante de ce type au monde, capable de produire 120 mégawatts.
En outre, à Jincheng, taxis et bus roulent aussi au méthane.
En 2008, 4,3 milliards de mètres cube de méthane ont été captés en Chine, une augmentation de 26% sur un an, selon Ming Yang, de l’Agence Internationale de l’Energie, coauteur d’un rapport sur les potentialités du méthane en Chine.
A lire également
– Le vrai prix du charbon en Chine