La demande de pétrole de la Chine pour alimenter sa formidable croissance contribue à l’explosion des cours mondiaux de l’or noir comme cela est le cas pour la plupart des matières premières.

Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la Chine deviendra le premier consommateur mondial de pétrole peu après 2010. Pour l’heure, elle arrive au deuxième rang derrière les Etats-Unis.
En 2006, la consommation chinoise a atteint 7,27 millions de barils par jour (mbj), celle des Etats-Unis 20,59 mbj.
Mais, sa part progresse à grands pas: la Chine contribue à hauteur de 25 à 30% dans le supplément annuel de la demande mondiale — quelque 500.000 barils/jour sur environ 1,5 mbj.
En 2006, les importations chinoises ont atteint 138,8 millions de tonnes. Sur les neuf premiers mois de 2007, la Chine en avait déjà importé pour 124,07 millions de tonnes, soit 13,6% de plus qu’un an plus tôt.
Le géant asiatique est aussi producteur de pétrole avec 183,68 millions de tonnes en 2006.
Les analystes chinois ont toutefois à coeur de relativiser le rôle de la Chine dans la hausse des prix du brut.
« Les besoins de la Chine jouent un rôle, mais ce n’est pas aussi important que les Occidentaux le pensent », estime Liu Youcheng, analyste chez Hongyuan Securities. « En fait, plusieurs facteurs ont poussé les prix, comme l’inflation qui a tiré vers le haut les prix des ressources naturelles ou les besoins européens et américains », souligne-t-il.
« La demande chinoise joue à long terme. Aujourd’hui la principale cause de l’envolée des prix, c’est la dévaluation du dollar — monnaie d’achat de référence du brut », affirme de son côté Qiu Jing, une analyste de Maike Futures.
« Attribuer la hausse des prix (à la Chine) est un peu une excuse, les spéculateurs en profitent un peu », souligne l’expert pétrolier Alain Sépulchre.
« Tous les facteurs se combinent. Mais le plus important est que face à l’augmentation de la demande mondiale, on reste avec très peu de capacités de production pour faire face aux aléas. Et cela inquiète le marché », résume un industriel ayant requis l’anonymat.
La plupart des réserves mondiales se trouvent dans des pays où les grands groupes ne peuvent investir pour des raisons légales ou de géopolitique: Irak, Iran, Mexique etc..
« A une époque, les pays producteurs suivaient, voire anticipaient. Aujourd’hui ceux qui ont le plus de réserves n’investissent pas dans les capacités de production: ils sont suffisamment riches pour ne pas produire davantage », explique cet industriel.
« Les pétroliers se disent désormais que la rente n’est pas perpétuelle, qu’il faut la maximiser et garder les prix à de hauts niveaux », souligne Thierry Lefrançois, de Natixis.
La Chine — dont les vieux champs s’épuisent alors que les nouveaux ne sont pas encore en plein production — va chercher ailleurs, notamment en Afrique.
« Tous les pays cherchent à sécuriser l’approvisionnement. La stratégie chinoise est de développer des champs à l’étranger et préserver ses gisements », dit Qiu Jing.
