Lors d’une conférence, un général chinois a révélé une affaire d’espionnage international impliquant l’ancien directeur du programme nucléaire chinois. Problème: il était filmé, et la vidéo a circulé sur Internet.
Les professeurs d’université chinois vont devoir apprendre à tenir leur langue. La semaine dernière, ce sont les propos d’un professeur de droit affirmant que les étudiantes chinoises revenant de France étaient des dépravées, diffusés sur Internet, qui avaient fait scandale.
Aujourd’hui, voici que la captation d’un cours magistral de l’Université Nationale de Défense de Pékin, postée sur le web, révèle plusieurs affaires d’espionnage impliquant des officiels chinois.
Dans la vidéo, supprimée sur le web chinois mais disponible sur Youtube, le général Jin Yinan se plaint du fait que beaucoup de membres du Parti communiste chinois soient « devenus pourris« , et aient vendu des secrets à des pays étrangers.
S’en suit une liste de cas d’espions découverts et punis. Une énumération vraisemblablement destinée à dissuader les étudiants de devenir, à leur tour, « pourris ». Sauf que le général mentionne des cas dont l’existence avait jusqu’ici été cachée au grand public.
On apprend ainsi que l’ancien ambassadeur de Chine en Corée du Sud, Li Bin, condamné à sept ans de prison pour corruption, était en fait tombé pour espionnage: il aurait vendu des secrets à la Corée du Sud, compromettant la position de la Chine dans les discussions sur le nucléaire nord-coréen.
Selon le général, les autorités auraient volontairement condamné l’homme pour corruption plutôt que pour espionnage, car cela aurait été trop gênant. « C’était pour protéger notre « face« , explique-t-il. Dans le monde, quel est le pays dont un ambassadeur à l’étranger peut devenir un espion? Il n’y a que la Chine! »
Un espion à la tête du nucléaire chinois?
Mais le général ne s’arrête pas là, et révèle une autre affaire, similaire mais plus embarrassante encore, puisqu’elle concerne Kang Rixin, anciennement à la tête du nucléaire chinois.
Etant donné l’ampleur du programme nucléaire de la Chine, qui a actuellement plus de nouvelles centrales en projet que le reste du monde réuni, la condamnation de Kang Rixin à la prison à vie pour corruption, en novembre dernier, avait déjà choqué. Le fait de savoir la filière nucléaire minée par la corruption n’était en effet pas apte à rassurer l’opinion publique.
Mais si l’on en croit Jin Yinan, c’est pourtant le moindre mal qu’avaient à l’époque choisi les autorités chinoises. En réalité, Kang aurait en fait été suspendu pour avoir vendu des secrets sur l’industrie nucléaire chinoise à des pays étrangers. Déjà, lors de son arrestation en 2009, des rumeurs avaient circulé sur le web, selon lesquelles l’homme avait vendu des secrets à la France et aux Etats-Unis.
« Le cas de Kang ne pouvait pas être rendu public, car les dégâts qu’il avait fait en vendant des secrets étaient bien plus dévastateurs que les pertes économiques« , commente le général.
Si ces affirmations étaient exactes, Kang Rixin serait l’un des fonctionnaires chinois les plus hauts placés à être tombé pour espionnage. En effet, avant sa chute, il était membre du Comité Central du PCC et de son organe en charge de la discipline.
« La direction du parti était extrêmement nerveuse. Ils ont ordonné une inspection complète qui n’a épargné personne », affirme le général.
Quoi qu’il en soit, cette affaire met sérieusement en cause le mode de management et de supervision de l’ambitieux programme nucléaire chinois. Car si, bien installé à la tête de la filière, Kang Rixin n’a pas hésité à vendre des secrets à l’étranger, on peut se demander à quelques magouilles sont prêts à s’adonner ses subordonnés.
D’autant que, comme le révèle un câble récemment publié par Wikileaks, les Etats-Unis considèrent que la Chine a « énormément augmenté » le risque d’accident nucléaire en optant pour des technologies bon marché qui auront cent ans lorsque les dizaines de réacteurs arriveront en fin de vie.
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Le monde n’a pas eu assez d’exemples de centrales nucléaires qui ont mal tourné… C’est quand même grave! Surtout que si les Chinois construisent leurs centrales nucléaires à coup de pots-de-vin, comme l’a été le TGV chinois… On a du soucis à se faire!
不管黑猫白猫,能抓老鼠就是好猫 – 邓小平
On va à coup sûr vers des accidents industriels majeurs. Des experts chinois viennent de tirer le signal d’alarme quant à la qualité des barrages qui menacent directement des zones habitées.
Il se passera probablement la même chose que dans l’ex-URSS : les autorités chercheront à masquer ou à minimiser les accidents, ce qui est la dernière chose à faire.
Pour ce qui est de tous ces hauts cadres qui vendent n’importe quoi à n’importe qui, ils appliquent le mot d’ordre « Enrichissez-vous »! Faut-il rappeler que le régime républicain s’est effondré en grande partie à cause de la corruption que les éléments non-corrompus du Guomindang n’ont jamais pu endiguer.
Un autre problème soulevé par toutes ces affaires est celui du patriotisme chinois. Il n’est pas aussi fort que le laissent supposer les apparences. Telle chanteuse qui abreuvait les chaînes de télé de la chanson « Wode Zhongguo » (Ma Chine) s’est empressé d’obtenir sa « green card » ou son équivalent canadien. Très profondément la société chinoise reste une société de clans (clan familial) et c’est vers le clan que va l’allégeance. Les manifestations en sont multiples: la culpabilité individuelle est remplacée par la honte ressentie par le clan, tel chinois ayant fait fortune et qui fera des pieds et des mains pour échapper à l’impôt n’hésitera pas à dépenser une somme considérable pour son village (jiaxiang) etc…. Le « patriotisme de clan » s’accommode mal du patriotisme national, invention du 19èmè siècle européen. Lorsque le Parti lance des campagnes pour renforcer le patriotisme, il cherche à combler un vide réel de la société chinoise.
Au plus haut niveau, la méfiance est de règle. Un haut cadre n’a jamais son passeport en sa possession. Ce document est détenu par son secrétariat. C’est pour avoir failli à cette règle de sécurité que le camarade Xu Jiatun , il y a quelques années, a « fait la belle » au nez et à la barbe de son secrétariat et est parti s’installer en Californie.
Excellent commentaire! Cependant, masquer la vérité semble être un mot d’ordre pour tout gouvernement… Le Japon en est la dernière preuve, et avant ça l’Europe de l’ouest… 2 exemples…. Sur le nucléaire.
不管黑猫白猫,能抓老鼠就是好猫 – 邓小平
Est-ce que cet article aussi va être censuré ? Comme la dernière fois quand vous avez publié la vidéo sur la bagarre générale entre deux équipes de basket américaine et chinoise, qui a disparu soudainement…
@Med_: A quoi faites vous référence? La vidéo dont vous parlez est toujours disponible sur le site, vous la trouverez ici.
Ha, autant pour moi… Comment retrouver cet article ? Il ne figure pas dans la liste des dépêches.