Il est des moments dans l’histoire où la sauvegarde des libertés implique de ne pas respecter les grands principes fondateurs des démocraties. Une affirmation contestable, mais c’est, en substance, la position qu’ont essayé de défendre les Occidentaux lors de la conférence mondiale de l’Union internationale des télécommunications (UIT, un organe des Nations unies), qui s’est tenue du 3 au 14 décembre à Dubai. En jeu, l’avenir des télécommunications et donc, notamment, d’Internet (lire l’excellent bilan de notre confrère spécialisé, PCInpact).
Les États-Unis, qui gardent aujourd’hui le contrôle des infrastructures d’Internet, et leurs alliés de l’Union européenne ont bloqué les initiatives des pays émergents. Pourtant, ces derniers ne réclament pas la lune : ils exigent un transfert du contrôle d’Internet à une organisation internationale comme l’ONU afin que Washington ne soit plus seul à disposer du « bouton rouge » sur le Net. Quoi de plus normal, après tout, que de gérer à l’échelle onusienne un outil international devenu vital ? La question n’est, évidemment, pas si simple.
Confier la gestion d’Internet à l’ONU, c’est accepter qu’une majorité d’États puissent décider de l’avenir du Net, via un processus… démocratique. Deux systèmes pourraient régir une telle structure. Si l’on donnait une voix à chaque État, alors la liberté sur Internet serait perdante : nombreux sont les gouvernements qui souhaitent disposer d’un « bouton rouge » et de capacités d’espionnage avancées. Et ce, y compris dans les démocraties au nom de la lutte contre le terrorisme ou contre la pédophilie.
D’un autre côté, si l’on pondérait les votes en fonction du nombre d’internautes dans chaque pays, cela donnerait à la Chine un pouvoir absolu. Avec ses 538 millions de citoyens connectés, elle dépasse depuis 2011 l’Amérique du Nord et l’Union européenne réunies. Et il lui reste du potentiel ! Seuls 40 % de ses habitants disposent à ce jour d’une connexion. De quoi écraser les aspirations indiennes, New Delhi étant largement en retard sur son grand voisin.
Retrouvez cette information sur le site du Point

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Bah, jamais les Etats-Unis n’abandonneront leur contrôle sur une infrastructure aussi stratégique qu’Internet, quitte à s’asseoir sur toute justification qui leur sera présentée.