La Chine inaugure sa nouvelle Bourse réservée aux petites et moyennes entreprises innovantes et dynamiques, baptisée « Chinext », un nouveau pas dans ses efforts pour développer ses marchés financiers.
Dans l’esprit de la création du Nasdaq de New York, ce second marché réservé aux sociétés nationales ayant un fort potentiel de croissance a été inauguré vendredi et doit entrer en activité une semaine plus tard, avec le début de cotation d’une trentaine de sociétés. « La vision de Chinext est de contruire une plateforme de marché apportant un soutien solide au développement des entreprises innovantes (…) et en croissance, une place avec un caractère distinct et une compétitivité internationale », proclame la Bourse de Shenzhen (sud) à laquelle est rattaché Chinext, tout en opérant de façon « indépendante ».
L’instauration de ce marché vise en effet à faciliter le développement des PME en leur rendant accessible une source de financement qu’elles obtiennent difficilement du système bancaire. Cela va encourager les fonds de capital-investissement et le capital-risque à les financer car « ils auront plus de possibilités de récupérer » leurs investissements, souligne Jackson Wong, vice-président de Tanrich Securities.
Mais Andy Xie, un économiste indépendant de Shanghai, souligne que ce second marché « ne devrait pas vraiment aider les vraies jeunes pousses », en raison des exigences de profitabilité imposées pour leur enregistrement sur le Chinext. Selon le règlement annoncé il y a quelques mois, pour être cotées sur ce second marché, les entreprises doivent notamment avoir réalisé un bénéfice net d’au moins 10 millions de yuans (1 million d’euros) sur les deux années ayant précédé leur introduction, et avoir des actifs d’au moins 20 millions de yuans.
Une autre possibilité est qu’elles aient enregistré un bénéfice net de 5 millions de yuans l’année précédente et un chiffre d’affaires d’au moins 50 millions, avec un taux de croissance depuis deux ans d’au moins 30%. Ces exigences sont moins sévères que pour les principales Bourses chinoises, qui requièrent un bénéfice net de plus de 30 millions de yuans sur une période de trois ans. Elles sont néanmoins supérieures à celles du Nasdaq, soulignent les experts. Mais « il est compliqué pour une entreprise chinoise de s’introduire à l’étranger. Ce sera plus facile pour elles de s’introduire sur une place nationale », souligne Ren Xianfang, économiste de IHS Global Insight à Pékin. Seules les plus brillantes d’entre elles ou celles voulant une visibilité internationale devraient donc continuer à préférer le Nasdaq et ses capitaux internationaux au Chinext.
Pariant sur le succès de ce second marché, des investisseurs craignent donc qu’il n’ait un impact, au moins à ses débuts, sur les places principales de Shanghai et Shenzhen, en détournant une part de la liquidité. Ils ont déjà fait montre de nervosité à ce sujet: fin septembre, l’annonce du lancement imminent de Chinext avait momentanément et légèrement tiré la Bourse de Shanghai à la baisse.
Mais Mme Ren minimise les risques: « Il y a une ample liquidité en Chine » permettant de nouvelles possibilités d’investissement, estime-t-elle. En revanche, son ouverture pourrait donner lieu à une nouvelle poussée de spéculation dans un pays facilement saisi de telles fièvres. Afin de limiter les risques, le jour de l’ouverture de Chinext, vente et achat des actions doivent être bloqués si la valeur chute ou augmente de plus de 80% par rapport au prix initial.
