De plus en plus de films internationaux sont financés en partie par des investisseurs chinois, alors que le marché local du 7e art est en plein développement.

Qui aurait cru qu’un projet de film d’Andy et Lana Wachowski, auteurs et réalisateurs de Matrix et de V pour Vendetta, aurait du mal à trouver un financement ? C’est pourtant bien ce qui s’est passé pour leur dernier long métrage – récemment sorti sur les écrans mondiaux -, Cloud Atlas. Après avoir écrit le scénario, raconte le Nanfang Zhoumo, « ils l’ont envoyé à six grandes entreprises de l’industrie. Toutes ont refusé. » De même, en démarchant de façon plus informelle à Cannes en 2011, les deux frères n’ont obtenu « que 50 millions de dollars », sur un budget total de 105 millions de dollars. « Ils n’imaginaient pas qu’ils trouveraient leur plus gros investissement en Chine. Dreams of the Dragon picture (DOTD) a investit plus de 10 millions de dollars (…) soit 9,3 % des actions totales du film. Avant l’arrivée d’un investisseur suisse, les 10 millions de DOTD représentaient le plus gros investissement du film », explique le journaliste.
300 millions de dollars sur le tapis
Cette situation est en fait de plus en plus fréquente, et les Wachowski ne sont pas les seuls à profiter de l’engouement des investisseurs chinois pour les films étrangers. En juin dernier, le studio chinois National Film Capital avait annoncé son intention de débloquer 300 millions de dollars pour 10 films anglophones, le premier étant The Annihilator, basé sur un personnage du créateur de Spiderman. Les entreprises chinoises sont de plus en plus nombreuses à tenter l’aventure, et l’opération semble bénéfique des deux côtés : « l’industrie du cinéma chinoise a besoin d’Hollywood pour son expertise et Hollywood a besoin du marché chinois », estimait en juin Liu Yuan, vice-président de la branche californienne de National Film Capital, China Mainstrem Media, dans un communiqué repris par Bloomberg.
Deux milliards d’euros de recettes
Il est vrai que le marché chinois du cinéma a de quoi faire des envieux. Comme le rapportait récemment l’AFP, « avec 17 milliards de yuans (2 milliards d’euros) de recettes de billetterie en 2012 (plus 30%), la Chine occupe désormais la deuxième place mondiale derrière les Etats-Unis ». Une évolution d’autant plus intéressante que ce marché est de plus en plus ouvert aux productions étrangères : Pékin limitait auparavant à 20 le nombre de films étrangers distribués sur son territoire, mais en a accepté 14 de plus en 2012 sous la pression de l’OMC et de Washington. Résultat : les productions étrangères ont représenté 51,5% du box officie chinois…
C’est pourquoi, pour s’assurer l’enthousiasme du public chinois, de plus en plus de films Hollywoodiens intègrent des scènes tournées en Chine ou des acteurs chinois, comme Zhou Xun dans Cloud Atlas. Cela leur ouvre également de nouvelles opportunités de « placement de produits » très rentables. Pourtant, accepter la participation d’investisseurs chinois et diffuser son film en Chine implique parfois des sacrifices. Ainsi, Cloud Atlas a été amputé de près de 40 minutes dans sa version chinoise, sans même que la censure n’ait à intervenir. « Les spectateurs sont à la recherche de films ‘pop corn’ et nous avons dû prendre cela en considération lorsque nous avons acheté les droits de Cloud Atlas », explique Qiu Huashun, président de DOTD, au Hollywood Reporter.
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