La Chine, qui produit 70% des jouets dans le monde, est la hotte du père Noël moderne, mais elle pourrait aussi devenir une de ses principales destinations dans les années à venir. L’arrivée du géant américain Toys « R » Us à Shanghai est un signe: les Chinois ne sont plus seulement des fabricants de jouets, ce sont aussi des consommateurs.

Mme Jun tient son anorak sur le bras, en surveillant d’un oeil Min, 8 ans, qui court d’un rayon à l’autre dans le premier magasin Toys « R » Us de Chine. L’enseigne n’a ouvert ses portes qu’il y a à peine deux semaines, mais la jeune mère de famille en est déjà à sa deuxième visite.
« Je connaissais déjà l’enseigne, où j’ai acheté des jouets à Hong Kong. C’est plutôt bien qu’ils ouvrent maintenant à Shanghai », dit-elle.
Il ne se passe pas une semaine sans que la mère de famille shanghaïenne n’arpente les rayons d’un magasin de jouets. Tous les mois, elle dépense entre 200 et 300 yuans (26 et 38 dollars) pour le plaisir de sa petite Min.
Dans un pays où la politique de l’enfant unique a sacralisé sa place dans la famille, les parents qui en ont les moyens semblent ne reculer devant aucune dépense pour satisfaire les désirs de leur progéniture. De quoi assurer un avenir prometteur aux vendeurs de jouets.
Selon la China Toy Association (CTA), le pays compte environ 300 millions d’enfants de moins de 14 ans, dont 80 millions vivent en ville.
Avec la hausse des revenus dans les zones urbaines, le secteur du jouet connaît une croissance vertigineuse, de 30% à 40% chaque année depuis cinq ans.
Lors d’une conférence sur le secteur cet été, les autorités de la province du Guangdong (sud), où sont concentrés la plupart des fabricants, rappelaient que la consommation de jouets en Chine devrait s’élever à plus de 100 milliards de yuans (13 milliards de dollars) en 2010.
Les prix relativement élevés des jouets de marque étrangère constituent toutefois encore un frein à cet engouement. En 2004, les adolescents chinois dépensaient entre 2,5 et 3,5 dollars par jouet, contre 13 dollars en moyenne dans toute l’Asie, selon la CTA.
« Il y a une différence d’approche entre les Chinois et les Occidentaux. Ici, les gens voient les jouets comme un produit de luxe plutôt qu’un outil d’éveil pour les enfants. Ils achètent des jouets pour récompenser leurs enfants ou pour offrir », analyse Wu Minshan, directeur marketing de Baodaxiang, grand magasin dédié à l’enfant à Shanghai.
Toys « R » Us attend donc de voir les réactions de la clientèle de son nouveau magasin de 2.800 mètres carrés, situé dans le quartier moderne de Pudong, avant d’explorer le reste du marché chinois.
« Nous aimerions voir quelles sont les leçons à tirer du magasin de Shanghai avant de dérouler notre plan de développement en Chine », confiait en septembre à un quotidien de Hong Kong Victor Fung Kwok-king, président de Lee and Fung, détenteur de la franchise Toys « R » Us en Asie.
Avec plus de 8.000 fabricants de jouets, la Chine produit 70% des jouets dans le monde, dont la grande majorité est exportée vers l’Union européenne et les Etats-Unis.