Effet collatéral du développement effréné du pays, les surfaces de forêts chinoises ont très largement diminué depuis 20 ans. Pour tenter de remédier à ce problème, le gouvernement chinois a récemment adopté un ambitieux plan pour la protection des forêts. Mais les militants écologistes doutent de sa bonne mise en application.

Le « Plan National pour l’Utilisation et la Protection des Terres Forestières (2010-2020)« , adopté il y a peu par le conseil d’Etat chinois, est ambitieux.
Il prévoit, durant les 10 prochaines années, d’inverser la tendance des dix dernières, qui ont été marquées par une baisse significative des surfaces de forêt, entraînant des conséquences écologiques désastreuses.
« En réalité, depuis la fin des années 1990, le gouvernement central agi plutôt dans le bon sens, explique Liu Bin, du département des forêts de Greenpeace Chine.
Mais le problème en Chine, c’est que les gouvernements locaux ne respectent pas les directives de Pékin. Et le résultat est très préoccupant« .
Les chiffres, il est vrai, sont alarmants. Aujourd’hui, la surface de terres forestières par habitant équivaut en Chine à seulement 22% de la moyenne mondiale.
Et si la Chine se livre depuis déjà plusieurs années à des reforestations, la plupart sont destinées à des usages commerciaux.
Selon Liu Bin, « dans le nord-est du pays, comme au Dongbei par exemple, la situation est stable, car le gouvernement local protège les forêts.
Mais dans le sud, on assiste à des plantations massives d’arbres commerciaux, comme l’hévéa, profitable grâce à la vente de caoutchouc. Et ces forêts là, contrairement aux forêts primaires, ne sont pas bonnes pour la biodiversité ».
Autre exemple : l’île de Hainan, qui connaît actuellement un développement exponentiel grâce à de nombreuses infrastructures touristiques.
En dépit des promesses des autorités locales de respecter l’environnement, Greenpeace a constaté en enquêtant sur le terrain que l’environnement de l’île était déjà « très endommagé« .
La déforestation, un désastre écologique
Cette baisse des surfaces forestières menace plusieurs espèces animales, tel que le panda, pourtant théoriquement protégé.
En mars, la télévision d’Etat CCTV s’était émue du cas de pandas du Sichuan qui avaient commencé à changer leur régime alimentaire.
En raisons des coupes massives de bambous dans la région, les créatures en seraient désormais réduites à abandonner leur nourriture préférée pour se nourrir d’os de cochon glanés dans les porcheries.
Selon le WWF, la destruction des forêts de bambous pourrait entraîner l’extinction des pandas sauvages de Chine, par ailleurs confrontés à des problèmes de reproduction, d’ici trois générations.
Les déforestations sont également responsables de l’accentuation des tempêtes de sables qui s’engouffrent régulièrement dans Pékin, et plus récemment, elles ont été pointées du doigt pour leur effet aggravant dans les désastres naturels.
En provoquant une érosion des sols, les destructions de forêts auraient notamment accentué l’ampleur de plusieurs des quelque 15 glissements de terrains qui ont rythmé cet été.
Le plus meurtrier, dans le Gansu, avait fait près de 1400 morts au début du mois d’août. Des militants écologistes et des scientifiques avaient pointé du doigt le rôle amplificateur des déforestations alentour, et des nombreux barrages hydroélectriques qui avaient rendu l’environnement instable. Des faits que les autorités avaient fini par reconnaître.
D’une façon plus globale, les déforestations contribuent au réchauffement climatique, en privant la planète des importants « puits de carbone » que sont les forêts.
Pour remédier à cette inquiétante situation, le plan gouvernemental prévoie donc de doter la Chine de 312,3 millions d’hectares de forêts, et de 223 hectares de forêts protégées d’ici à 2020.
Au total, l’Administration d’Etat des Forêts prévoie que dans dix ans, 23% du pays sera couvert par des surfaces forestières.
« Nous espérons que ce plan portera ses fruits, commente Liu Bin. Mais malheureusement, nous en doutons, car le problème du relai des directives de Pékin au gouvernements locaux reste entier, et pourrait bien le faire échouer« .
Il faudra par ailleurs s’attaquer au problème de l’exploitation illégale des forêts, très important en Chine.
Entre 2006 et 2009, l’Administration d’Etat des Forêts en a recensé 39000 cas, pour une perte totale de 49 000 hectares de forêts.

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