Alors que tous les yeux de la planète sont rivés sur la centrale de Fukushima au Japon, la Chine se pose la question de l’avenir de son programme nucléaire.

La crise nucléaire au Japon remet en question la situation du nucléaire dans le monde entier. La Chine a d’ores et déjà demandé l’inspection de ses centrales et a décidé d’un moratoire sur les décisions nucléaires.

Pourquoi la Chine n’arrêtera pas le nucléaire ?
La Chine, toujours en constante croissance, ne peut cependant arrêter complètement ses projets concernant le nucléaire. Le principal souci du pays est son manque de ressources au niveau des énergies alternatives.
Richard Clegg, le directeur du secteur nucléaire pour Lloyd Register, explique au South China Morning Post que « le problème est le prix du pétrole, une demande nationale concernant la sécurité liée à l’énergie ainsi que des solutions alternatives pour préserver l’environnement ».
Un autre problème de la Chine est son manque de personnel qualifié pour travailler dans les centrales nucléaires. Selon Jerzy Grynblat, du Lloyd Register, il faut 10 ans de métier pour prétendre avoir de l’expérience, ce qui n’est pas le cas des travailleurs chinois pour le moment.
Par ailleurs, les endroits où sont implantées ces centrales en Chine sont remis en question. Quand bien même elles se trouvent loin des failles sismiques, elles se situent très souvent loin de points d’eau, ce qui peut devenir crucial dans le cas d’une explosion, comme le montre le cas japonais.
L’avenir du nucléaire en Chine
La Chine et la France, par le biais de la compagnie Areva, ont signé en novembre dernier un accord, ouvrant la voie à une coopération industrielle sur le nucléaire, comme le rapporte China Dialogue.
De tous les projets nucléaires en cours dans le monde, 40% sont chinois. L’année dernière, la puissance nucléaire chinoise s’élevait à moins d’1% mais d’ici 2020, elle devrait passer à 5% selon Sun Qin, le directeur général de China National Nuclear Corp (CNNC). A titre de comparaison, 80% de l’électricité française provient du nucléaire selon le Wall Street Journal.
« La plupart des pays développés vont suspendre, temporairement, les nouveaux projets nucléaires, au moins jusqu’à ce que l’on tire les leçons du Japon » explique, au Los Angeles Times, Donald Straszheim, un analyste du groupe ISI. « Mais en Chine, il faut satisfaire de nouvelles demandes ».
Aujourd’hui, 441 réacteurs nucléaires sont en opération dans le monde. La Chine n’en a que 13. La France, elle, en a 58. EDF est en train de construire deux supplémentaires.
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Heureusement que la Chine ne remet pas en question ses futurs projets nucléaires. La Chine a d’énorme besoin énergétique et le nucléaire est une réponse qui peut satisfaire cette demande. Comme il est dit dans l’article, la France avec AREVA est déjà bien placé sur ce marché et a une grosse marge de progression encore.
Tu soulèves une problématique intéressante Francesco. La Chine a une énorme demande en énergie, c’est un marché énorme, mais les entreprises comme AREVA doivent-ils tout sacrifier pour accéder à ce marché? Tu remarqueras que les contrats en Chine se font sous forme de joint-venture,c’est-à-dire qu’une entreprise étrangère qui entre ne peut avoir la majorité des parts. Une situation également propice aux transferts technologiques. La question qui se pose est : faut-il voir à court termes et gagner des marchés en Chine et voir plus tard la Chine proposer des concurrents redoutables avec nos technologies mais cette fois-ci améliorées? Ou faut-il avoir une stratégie à plus long termes ?
Le marché chinois oui, mais pas sous n’importes quelles conditions.
C’est clair qu’il faut se méfier d’une mariée trop appétissante ! Je travail chez Areva, et je trouve ces remarques très intéressantes. Pour ma part, et a mon niveau, même si je serai très tenté de partir travailler sur des sites en Chine, le risque que cela représente et avec tout ce qu’on entend sur ce pays… D’autre s’y sont cassés les dents, est-ce que Areva aura plus de succès que les autres ? Existe-t-il des exemples 100% win-win ? J’ai des doutes !
100% win-win ne veut pas dire 50/50. En général, c’est d’ailleurs win-win-loose-loose (rien ne se crée en ce monde…)
Exemple d’une entreprise française qui va fabriquer en Chine : Win l’actionnaire, win le partenaire chinois, loose le type qui perd son job en France, loose le système social français, loose souvent le patron de la boite française qui fermera même si c’était pas prévu et que c’est-la-faute-à-la-crise-pas-à-la-politique (mais s’il a su repositionner ses billes à temps il peut re-jouer et re-gagner), loose encore le concurrent qui n’a pas fait la même chose et qui a été lâché simultanément par ses clients qui sont allés sur les produits meilleurs marché et par ses actionnaires, loose les clients en question qui font face aux problèmes de qualité dus à un transfert mal ficelé et finiront par payer le même prix voir plus cher puisqu’il n’y aura plus le choix …
Donc, Becker, sois tranquille. Ceux qui prennent ces décisions y gagnent quelque chose et à leur niveau, le win-win est en général total. Le seul problème est qu’ils ne sont pas nombreux.
Becker a écrit Pour ma part, et a mon niveau, même si je serai très tenté de partir travailler sur des sites en Chine, le risque que cela représente et avec tout ce qu’on entend sur ce pays…
Je vis en Chine et je trouve que pour le cadre de vie et la securite, la Chine c est bien mieux que la France.
Merci pour ta réponse Jean. Le problème, c’est que si l’on se pose des questions sur le long terme, on en vient à penser que même si les actionnaires et les clients sont satisfaits au premier abord, je ne peux m’empêcher de penser aux emplois que l’on ferme en France. Et puis après, en faisant quelques recherches, on tombe aussi sur des cas d’entreprises qui se cassent les dents sur le gâteau chinois : Alsthom, Moulinex, les marques de luxe (LVMH, Yves St Laurent), les entreprises françaises qui souffrent d’actions indélicates (Valeo…). Je ne veux pas complètement dramatiser, mais ce que je vois (sans connaître, je vous l’accorde) me laisse vraiment un mauvais arrière goût…
@EndirectdeChine : et que penses tu des différentes histoires/vidéos de racisme antioccidentaux qui buzz actuellement ?
C’est du business. La règle est « qui peu prend ». Je ne vois pas comment résumer plus brièvement cette triste histoire où nous mène l’idéologie selon laquelle la concurrence serait le moteur du progrès de l’humanité et que rien ni personne ne doive l’entraver.
Là, on parle de nucléaire ! C’est à dire que cette idéologie amène à disqualifier d’emblée l’idée de consulter l’ensemble des personnes concernées par les conséquences des catastrophes. Le nucléaire est tout de même actuellement le seul domaine où un échec peut concerner toute la planète sur une grande période de temps. Ho, bien sûr, un tout petit peu… quelques particules par ci par là. Mais aussi peu cela soit-il, qu’est-ce qui légitime de nier à 6 milliards d’individus le droit de juger s’ils souhaitent ou non prendre ce risque ? On est sans doute dans le plus extrême grand-écart de cette idée de win-win.
Là difficulté réside dans le fait que les gens ont besoin de cet énergie. Que ce soit en France ou en Chine, on ne demande pas forcément aux gens leur choix quand à la source énergétique de leur électricité. Pour ma part, le travail effectué tend à contrôler au maximum les risques liés au nucléaire, et je pense que ce risque est plus faible qu’il ne l’a jamais été. Le problème de la qualification des opérateurs nucléaires pourrait être limité en chine. En effet, l’organisation (pour l’instant encore) nationaliste, rend possible le maintien de personnels bien formés dans la durée sur un même site. Ce qui limiterai les risques sur ce point là.
Pour ma part, le problème le plus important reste le vol de technologies et de savoir faires qui permettrai à des chinois de proposer la construction de centrales, la formation de personnels, sans avoir ni la maîtrise, ni l’expérience que nous sommes capables d’apporter. Et là, c’est le drame ! Parce qu’ils viendront construire des centrales moins chères en France… Et le risque sera à notre porte…
Pour ma part, plus ça va, moins je suis emballé d’aller en Chine
« Je pense que ce risque est plus faible qu’il ne l’a jamais été. » Désolé de penser le contraire. Le risque est sans aucun doute de plus en plus faible rapporté au watt (la connaissance et la maîtrise augmentant). Mais la généralisation de l’emploi de ce moyen de production du watt se généralisant et les problèmes liés à l’ancienneté des équipements étant devant nous, le risque est de plus en plus fort et ne pourra qu’augmenter. Je ne t’apprend rien en te disant que l’évolution du risque suit classiquement une courbe en baquet… Or, nous multiplions les centrales sans avoir encore bien vu comment meurent ces machines…
D’autre part, désolé de noircir le tableau, mais sur le temps où se jouent ces choses, quand les chinois proposeront des centrales moins chères que la France, nous aurons aussi perdu la maîtrise de la réalisation (à force de faire travailler les autres, on finit par ne plus savoir travailler soit-même). la technologie sera alors comme « déracinée » et ceux qui en maîtrisent intellectuellement et opérationellement tous les paramètres seront à la retraite…
De plus, comme tout process, a phase de généralisation est accompagné d’une rationalisation et d’optimisation. Comment obtenir la même sécurité au moindre coût, n’est-ce pas ? Pas question que la prochaine centrale fabriquée ne soit pas plus efficace, plus sûre et aussi moins chère que la précédente… On ne fait pas du copier-coller… Alors oui, on qualifie, on décortique chaque modification, mais…
« elles se situent très souvent loin de points d’eau »
Il me semble qu’à deux exceptions près, toutes les centrales nucléaires chinoises sont au bord de la mer.