La police chinoise va lancer une opération de grande envergure pour démasquer les nombreux lieux qui pratiquent la prostitution, avec la volonté de reconsidérer le statut des prostituées. L’occasion, peut-être, d’en finir enfin avec les « parades de la honte ».

Des inspections hebdomadaires effectuées par des policiers en civil dans les endroits soupçonnés de pratiquer la prostitution : c’est ce que veut lancer le chef du Bureau de la Sécurité publique et du contrôle des ordres ministériels, Liu Shaowu.
Le but : renforcer la surveillance des clubs, des salons de karaokés, des salons de massage et de bains, dont une partie emploie traditionnellement en Chine des travailleuses du sexe.
Cette décision intervient après une première campagne répressive en juin et juillet, durant laquelle la police avait inspecté 651 lieux et découvert des activités relatives à la prostitution ou à l’érotisme dans 381 d’entre eux, selon Radio Chine Internationale, qui précise que les coupables ont été sévèrement punis.
A Pékin, c’est à l’époque près de 40 clubs qui avaient été fermés par les autorités, y compris le « Passion Club ». Egalement baptisé Tianshang Renjian (paradis), c’était l’un des plus célèbres bordel de luxe, puiqu’il comptait certains des plus riches et des plus puissants de la ville parmi ses habitués.

Selon le South China Morning Post, ces établissements ont été empêchés de rouvrir sous un autre nom – technique courante dans cette industrie, sur laquelle les autorités fermaient parfois les yeux.
En finir avec les « parades de la honte »
Les autorités semblent par ailleurs déterminées à changer leur perception des prostituées elles-même.
En partenariat avec la Fédération des femmes de toute la Chine, le ministère aurait ainsi demandé aux gouvernements locaux de protéger les droits de ces travailleuses à la vie privée, à la réputation et à la santé, ainsi que de favoriser leur réinsertion. Selon les nouvelles directives, les femmes forcées à se prostituer ne devraient plus être punies.
Les autorités ont également renouvelé leur appel à en finir avec les « parades de la honte ». Courante en Chine, cette pratique d’un autre temps consiste pour la police à faire défiler les prostituées ou à rendre publiques leurs informations personnelles afin de les humilier.
Bien que cela ait été interdit par la loi en juillet dernier, la police de Dongguan, près de Canton, a récemment provoqué un tollé sur Internet en faisant massivement défiler des travailleuses du sexe arrêtées dans le cadre d’une répression préalable aux Jeux Asiatiques. Les jeunes femmes étaient baladées pied-nus et menottées, à la vue de tous.
Selon le Global Times, le ministère de la Sécurité Publique a également suggéré l’utilisation d’un nouveau terme pour désigner les travailleuses du sexe : désormais, elles ne seront plus appellées « prostituées » mais « femmes déchues », ce qui, selon le quotidien, est un terme « moins méprisant » qui contient « plus de sympathie dans le ton» .
Pour le quotidien gouvernemental, « cela devrait être vu comme la démonstration d’une application plus humaine de la loi ».
Les autorités semblent donc déterminées à améliorer le statut des travailleuses du sexe, et cela permettra peut-être aux dirigeants chinois de redorer un peu leur blason, car celle-ci jouissent d’une bonne image au sein de la population.
En 2009, un étonnant sondage sur la confiance des Chinois vis-à-vis de différentes professions avait conclu que les politiciens étaient jugés bien moins “dignes de confiance” que les prostituées. Celles-ci arrivaient en troisième meilleure place du classement, après les fermiers et les travailleurs religieux.
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