Le gouvernement chinois entretien des rapports complexes avec la religion chrétienne, bien illustrés par l’actualité récente : dimanche, une centaine d’adeptes d’une église « illégale » étaient arrêtés, juste avant une réunion entre Pékin et le Vatican, dont les relations restent tendues.

Les chrétiens de Chine seraient 60 millions, peut-être plus. Une chose est sûre, c’est que leur nombre a augmenté de manière considérable ces dernières années.
Selon les estimations, ils seraient 20 millions à appartenir aux églises d’Etat, le reste pratiquant dans des églises « illégales ».
Ces dernières, qui n’ont pas obtenu d’autorisation du Bureau des Affaires Religieuses, se distinguent par leur obéissance au Pape, alors que les églises reconnues sont sous l’autorité du Parti Communiste (pourtant athée), qui a coupé ses relations diplomatiques avec le Vatican depuis les années 50.
Les chrétiens des églises illégales sont l’objet de persécutions régulières de la part de l’Etat. La dernière en date, dimanche 10 avril, a vu l’arrestation de plus d’une centaine d’adeptes de l’église Shouwang, qui pratiquaient en plein air car ils avaient été expulsés par la police du local qu’ils louaient.

Selon Associated Press, les croyants auraient été placés en détention dans une école, alors que le pasteur de l’église Shouwang était assigné à résidence.
Et l’affaire ne devrait pas en rester là, puisque les leaders de l’église ont affirmé dans un communiqué que leur organisation n’avait rien de politique, et que, dès lors, ils allaient continuer à tenir leurs cérémonie en extérieur.
La religion, un opportunité pour le PCC?
Cependant, la religion chrétienne n’est pas uniquement vécue comme une menace par le gouvernement : dès lors qu’ils appartiennent à l’église officielle, les chrétiens sont même plutôt choyés par le PCC.
Dans certains cas, le Parti unique investi même dans la construction d’églises, comme à Nankin, où la plus grande église de Chine (avec 5000 places), actuellement en construction, a été financée à 20% par l’Etat, qui a gracieusement offert le terrain.
Ailleurs, certaines associations de catholiques ont un rôle social très apprécié du gouvernement, via des actions de charité. Dans la ville de Shijiazhuang, la BBC rapporte même que la ligue de la jeunesse communiste utilise les réseaux de l’église locale pour mener ses projets sociaux.
« Opium du peuple » ou vecteur de lien social, l’église, tant qu’elle reste strictement contrôlée, est donc plutôt appréciée par les autorités.
Relations tendues avec le Vatican
Mais les relations avec le Saint-siège restent pour l’instant tendues. Depuis des années, la Chine ordonne régulièrement des évêques sans autorisation, au grand dam des hautes autorités et du souverain pontife.
Ces derniers temps, les choses semblent pourtant s’améliorer. Après l’ordination récente d’un évêque Chinois avec l’aval du Vatican, les deux parties se sont réunies lundi au Saint-Siège pour discuter, entre autres, de l’autonomie des catholiques en Chine et de la question des ordinations illicites d’évêques.
Mais un rétablissement des relations diplomatiques reste peu probable, malgré la volonté affirmée du Pape Benoît XVI de travailler en ce sens.
La Chine exige en effet de garder une souveraineté complète dans ses affaires religieuses, et la rupture des relations diplomatiques entre le Vatican et Taïwan, que Pékin considère comme une province rebelle.
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