Le Nouvel An chinois, qui marque depuis jeudi soir le passage dans l’année du rat, symbole d’intelligence et de richesse, a donné lieu ce week-end à de nombreuses célébrations en France et notamment en région parisienne, où vit la plus importante communauté chinoise d’Europe
Samedi, le traditionnel défilé du Dragon a été lancé par le maire de Paris Bertrand Delanoë et l’ambassadeur de Chine à Paris, Zhao Jinjun, dans le centre de la capitale et notamment dans le 3ème arrondissement, quartier traditionnel des grossistes chinois.
Dimanche, dans le 13e arrondissement, qui a la réputation d’être le « China Town » parisien, un autre défilé a sillonné les rues, en présence des ambassadeurs de Chine populaire, du Cambodge et de Thaïlande.
Les deux manifestations ont réuni chacune plusieurs milliers de personnes.
Pétards, musiques et danses asiatiques ont animé les défilés marqués par un déchaînement de couleurs, notamment le rouge, symbole de bonheur.
Chinois ou non, nombreux sont ceux qui viennent tous les ans aux défilés parisiens.
A l’image de Jacques Yath, Chinois du Cambodge de 59 ans, en France depuis 30 ans, qui ne les manquerait « pour rien au monde ».
« Ca nous permet de retrouver nos racines », explique Hu Fei Yun, 27 ans, Français d’origine chinoise vivant à Belleville. Et « aux Français de découvrir notre culture, nous qui sommes des gens discrets habituellement », a-t-il ajouté.
Le Nouvel An est une fête familiale célébrée pendant une quinzaine de jours jusqu’à la « fête des lanternes », prévue cette année le 21 février. « C’est un moment de partage », explique Franck, un Chinois de 25 ans, en France depuis cinq ans.
A Lyon, le traditionnel défilé du Dragon a eu lieu dimanche dans le quartier multi-ethnique de la Guillotière. Le cortège, qui s’est déroulé sous un beau soleil, a notamment réuni le vice-consul de Chine et le sénateur-maire de Lyon, Gérard Collomb, qui ont tous deux allumé des pétards pour lancer la fête, à laquelle plusieurs centaines de personnes ont assisté.
A Grenoble, un petit cortège, avec en tête un dragon porté par une quinzaine de jeunes gens, a défilé samedi après-midi dans les rues piétonnes du centre-ville, suivi par deux lions contorsionnistes, sous des salves de pétards et les applaudissements des spectateurs.
Selon Pierre Picquart, spécialiste de la Chine et de la diaspora chinoise, les Chinois vivant en France ou Français d’origine chinoise représentent de 600.000 à 700.000 personnes, dont la moitié vivent en Ile-de-France, cette région abritant donc la plus grosse communauté chinoise d’Europe devant Londres.
Les premiers Chinois de France étaient des colporteurs du Qingtian (petit district du Zhejiang, sud-est), venus vendre de la pierre stéatite à partir de la fin du 19ème siècle.
Mais c’est à partir des années 1970, que les deux principales vagues d’immigration chinoise sont arrivées en France, avec d’un côté un afflux venu de Wenzhou (sud-est) – pour la plupart des sans-papiers à la recherche d’une promotion sociale – et de l’autre l’arrivée de quelque 150.000 réfugiés de l’ex-Indochine (Vietnam, Laos, Cambodge) majoritairement d’origine chinoise.
En région parisienne, les « Wenzhou » se sont installés à Arts-et-Métiers, puis à Belleville et en Seine-Saint-Denis tandis que les ressortissants de l’ex-Indochine se sont fixés tout d’abord dans le 13ème, avant d’acheter des logements dans la banlieue proche, notamment à Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne).
