La structure de l’ambassade de France en Chine a été achevée et le bâtiment, situé dans le quartier diplomatique de Liangmaqiao, devrait être livré à la fin de l’année 2010.

Au coeur du 3e quartier diplomatique de Pékin, à Liangmaqiao, face à l’ambassade d’Israël et à la nouvelle ambassade d’Inde, à quelques pas de l’ambassade des Etats-Unis, un nouveau bâtiment émerge peu à peu. Il est encore recouvert de filets de sécurité mais sa structure a été achevée au cours du mois de septembre. C’est la nouvelle ambassade de France, qui devrait être livrée fin 2010.
Dans la rue de Liangmaqiao, au nord-est du 3e périphérique, les passants peuvent désormais voir la forme qu’aura la future représentation française en Chine.
La première pierre du bâtiment avait été posée le 9 avril dernier, lors d’une visite en Chine de Jean-Pierre Raffarin. La construction et l’architecture auront coûté 26 millions d’euros au total. La construction a été confiée à une entreprise chinoise. « Nos exigences sont extrêmement strictes sur tous les aspects de la sécurité et toutes nos exigences sont prises en compte » explique-t-on à l’ambassade.
Grande nouveauté, le bâtiment permettra de rassembler les différents services jusqu’à présent éparpillés aux quatre coins du quartier diplomatique de Sanlitun: chancellerie, mission économique, service culturel mais aussi service consulaire ainsi que la résidence de l’Ambassadeur. Il fallait faire en sorte que les différents services puissent « fonctionner indépendamment mais en synergie » souligne l’architecte Alain Sarfati, en charge du projet.
Alors que la capitale, comme les autres grandes métropoles chinoises, est l’objet d’une course à la démesure, l’architecte a décidé de se placer en retrait de ce mouvement. « Depuis un siècle, il y a une course à la hauteur et il y a une course à l’utilisation de la dernière technologie » constate M. Sarfati. « J’ai clairement pensé une chose: la technique ne doit être utilisée que pour ce qu’elle va apporter à l’esthétique. Il ne faut pas s’appuyer sur la technique comme outil de formation de l’esthétique. Il faut que l’esthétique trouve des sources ailleurs que dans la technique. Je ne cherche pas à mettre des câbles, des lumières, à la dernière mode et qui dans deux ans seront dépassés » explique-t-il.
Le bâtiment a été conçu avec un sous-bassement en granit sur 4 niveaux et sur toute la longueur de l’édifice. Sur ce socle, une tour de 7 étages, « entièrement enveloppée de brises-soleil ». Ces derniers doivent permettre à l’ambassade de s’adapter à la lumière particulière de Pékin. « Je veux que ce bâtiment sorte du gris » explique l’architecte.
Outre sa dimension fonctionnelle, une ambassade est également un symbole. « C’est une image du pays qui est représentée » précise Alain Sarfati.
« Une ambassade est un outil à la disposition des Français. Mais c’est également une interface avec les Chinois. Cela emporte que cet outil doit avoir des fonctionnalités irréprochables. On en attend une qualité d’usage et une qualité d’accueil, autant de choses qui sont de l’ordre du mesurable » explique l’architecte. « Mais une ambassade est aussi un symbole » poursuit-il, « on donne une image de la France. « Plus les temps avancent et plus c’est important. Plus la mondialisation se fait, plus la vision du monde est globale et plus cette dimension symbolique est importante parce que c’est ce qui permet de constituer une identité, de renvoyer à une population une image » estime M. Sarfati.
Il fallait « trouver un chemin qui soit de l’ordre de la représentation sans ostentation. Je suis parti de l’organisation d’un bâtiment selon la fonctionnalité, selon un site donné. C’est une position assez française: rigoureux, méthodique, cartésien » juge l’architecte.
Mais il fallait également inclure dans le projet la vision chinoise de la France. « Quand on demande aux Chinois comment sont les Français, ils répondent qu’ils sont romantiques. Cela veut dire qu’il y a une dimension inventive, qu’il y a de la fantaisie, cela se retrouve dans l’idée que l’on est heureux de vivre dans le pays » remarque Alain Sarfati. Comment réussir dans un même ensemble à donner ces 2 dimensions ? Comment être rigoureux et s’autoriser la fantaisie ?
Selon l’architecte, il fallait pour cela ménager des surprises grâce à des contrastes. Le premier se fera à l’intérieur, lorsque les visiteurs découvriront le jardin dès leur arrivée dans le hall. Une cascade de verre sérigraphié, plongeant du haut de la tour jusqu’en bas devrait également attirer leur curiosité lorsqu’ils pénétreront dans le bâtiment pour la première fois.