Pour la deuxième édition festival de photographie d’Arles à Pékin, l’Afrique s’expose à Caochangdi. Comment les Africains se voient-ils ? L’exposition « See you, see me » tente de répondre à cette question. L’occasion d’apporter une autre vision d’un continent où la Chine est très présente.

« See you, see me » détonne dans la multitude d’expositions photographiques qu’accueille en ce moment le village de Caochangdi, au nord de Pékin, pour la deuxième édition du festival de photographie d’Arles dans la capitale chinoise.
L’exposition, qui n’en est pas à son tour d’essai (elle a déjà tourné dans de nombreuses grandes villes du monde), détonne d’abord par son sujet : l’Afrique, soudain, au millieu de cette banlieue pékinoise.
Elle détonne ensuite par ses couleurs, vives et chaleureuses, et par une impression de joyeux fouillis qui tranche avec les grandes salles presque vides que l’on trouve dans les autres galeries.
L’idée de base de Awam Amkpa, le conservateur nigérian de « See you, see me », est de « dépeindre un bout de l’Histoire de la photographie africaine, et de son influence sur les imaginaires non-africains de l’Afrique et de la diaspora africaine dans toute sa diversité ».
Pour cela, trois étapes, à travers de nombreux pays du continent noir : dans la première, le spectateur découvre l’Afrique par les yeux du colon, qui y a amené la photographie.
Arrivent ensuite les photos d’Africains qui s’emparent de l’appareil, et commencent à questionner leur propre représentation. Des photos parfois désuettes, parfois drôles, parfois plus sociales, comme cette servante noire dans son tablier, accroupie, frottant le sol au ras duquel le photographe est posté, avec, en premier plan, les jambes blanches d’une dame, sa belle robe et ses hauts talons.
Enfin, dans la dernière salle, on découvre des travaux plus modernes, de photographes du monde entier qui représentent l’Afrique par des oeuvres plus modernes, à la plastique plus travaillée.
Chinafrique
Présenter une exposition sur l’Afrique en Chine, c’est qu’on le veuille ou non un faire un clin d’oeil à ce qui est désormais connu comme la Chinafrique, soit la présence du géant asiatique sur le continent noir.
« On se représente souvent la Chinafrique comme des accords économiques obscurs entre dictatures, qui n’incluent pas d’échanges culturels, explique Leo de Boisgisson, productrice de l’exposition à Pékin. Il est donc important de présenter l’Afrique et comment les Africains se voient eux-même aux Chinois. »
En Chine, les Africains sont en effet l’objet de beaucoup de préjugés ; quant à la présence chinoise en Afrique, pour beaucoup constituée d’ouvriers migrants qui restent en autarcie sur leurs chantiers, elle n’est pas toujours très bien vécue par les locaux. Les organisateurs de l’exposition ont donc voulu profiter de l’occasion pour créer un dialogue.
« Lors du vernissage de l’exposition, beaucoup de grands photographes chinois étaient venus, et il y a eu des échanges très intéressants entre eux et les photographes africains. Des deux côtés, on les sent en demande de nouveaux pays et de nouvelles choses à faire, et en ce sens, ils se désintéressent de plus en plus de l’Europe. »
Preuve de cet intérêt commun, le co-conservateur de l’exposition, le Chinois Gu Zhenqin, par ailleurs fondateur de la première galerie d’art contemporain indépendante de Shanghai, a pour projet d’aller en Afrique, accompagné d’autres photographes.
L’exposition Africa : See you, See me est à voir jusqu’au 22 mai à l’espace Li, Red No.1-F, Caochangdi, Beijing, China.
Elle se tient dans le cadre du festival Caochangdi PhotoSpring, Arles in Beijing 2011.
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