La Chine a publié un livre blanc sur sa défense nationale. A l’ordre du jour, « transparence » et « engagement pacifique ».

Depuis 1998, c’est la septième fois que Pékin se livre à ce genre d’exercice. Le livre blanc sert avant tout à présenter les intentions pacifiques de la Chine.
« La Chine mène une politique de défense nationale de nature défensive. Une telle approche est déterminée par le développement de la Chine, ses objectifs fondamentaux, sa politique extérieure et ses traditions historique et culturelle. La Chine ne prétendra jamais à l’hégémonie, ni n’adoptera cette position dans son développement militaire que ce soit aujourd’hui ou dans l’avenir et quel que soit le niveau de développement de son économie. » explique le porte-parole du ministère de la défense le colonel Geng Yansheng au site de Radio Chine international dans un article intitulé « Le livre blanc sur la défense nationale : la Chine ne prétendra jamais à l’hégémonie ».
Les relations avec Taiwan
Mais derrières ces belles intentions, les experts du monde entier cherchent à voir à chaque parution l’évolution des forces militaires et de la doctrine chinoises.
Et cette année, il y a bien quelque chose de nouveau: pour la première fois, la possibilité d’echanges militaires avec Taiwan est évoquée.
« Les deux rives du détroit de Taiwan peuvent avoir des contacts et des échanges militaires à un moment approprié et discuter de la mise en place d’un mécanisme de sécurité militaire basé sur la confiance mutuelle » indique le livre blanc.
Avec au moins 1000 missiles chinois pointés sur Taiwan, il est sans doute temps en effet d’améliorer les relations entre l’île et le continent.
Les auteurs du Livre blanc s’empressent d’ailleurs d’expliquer comment faire.
« Les deux côtés du détroit de Taiwan ont pour mission de réaliser la réunification finale dans le cadre du grand renouveau national. Il est de la responsabilité du peuple chinois à travers le détroit d’oeuvrer main dans la main afin de mettre un terme à l’histoire de l’hostilité et d’éviter de répéter l’histoire du conflit armé entre les compatriotes. Les deux rives du détroit doivent adopter une attitude positive sur l’avenir et chercher à créer des conditions favorables afin de résoudre graduellement, par le biais de négociations et sur un pied d’égalité, les problèmes hérités du passé et les nouveaux problèmes émergents dans le développement des relations à travers le détroit. Les deux rives du détroit doivent tenir des négociations sur la base de l’adhésion à la politique d’une seule Chine pour mettre fin officiellement à l’hostilité et aboutir à un accord de paix ».
Le soutien américain à Taiwan est évidemment peu apprécié par Pékin qui ne s’en cache pas dans le Livre blanc.
Depuis qu’en 2008, Ma Ying-jeou ( Kuomintang) est devenu président de Taiwan, sa proposition de pourparlers entre les deux parties sur la construction d’une confiance militaire a été bien reçue par Pékin.

Le Premier ministre chinois Wen Jiabao a indiqué que maintenant que les liens économiques étaient devenus très importants, il espérait que Taipei allait avoir une approche politique des relations entre les deux parties.
Ce rapprochement n’est cependant pas au goût de tout le monde à Taiwan où une partie de l’opposition craint qu’un rapprochement militaire ne conduise Pékin à pousser Taipei à la réunification.
Et le Kuomintang est bien obligé de tenir compte de l’opinion publique.
« Si le parti veut rester au pouvoir lors des élections de l’année prochain, il doit penser à la moitié de l’électorat qui sympathise avec le camp indépendantiste » explique George Tsai Wei, analyste politique à Taipei, au South China Morning Post.
Le gouvernement de Taipei s’est d’ailleurs empressé d’indiquer que le « le temps n’est pas mûr pour ce genre de discussions ».
Les intentions du Livre blanc ne sont donc pas forcément compatibles avec l’agenda électoral d’un pays démocratique.
Offensive de charme
Mais le Livre blanc ne se contente pas de Taiwan, le rôle de la Chine est désormais mondial et cette mission est bien soulignée.
« La Chine a constamment soutenu et activement participé aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, apportant une contribution positive à la paix mondiale. Jusqu’en décembre 2010, la Chine a envoyé 17 390 militaires pour 19 missions de maintien de la paix de l’ONU, dont neuf ont sacrifié leur vie dans ces opérations. Les troupes chinoises de maintien de la paix ont construit et restauré plus de 8 700 km de routes et 270 ponts, éliminé plus de 8 900 mines et explosifs divers, transporté plus de 600 000 tonnes de marchandises sur un total de 9,3 millions de km et traité 79 000 malades » détaille scrupuleusement le Livre blanc.
« La Chine a envoyé plus de personnel de maintien de la paix que n’importe quel autre membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU » précise-t-il encore.
Les diverses opérations sont présentées notamment la coopération internationale en matière d’escorte navale. `
« En décembre 2010, les forces navales chinoises ont détaché, en sept sorties, 18 navires,16 hélicoptères et 490 soldats des Forces d’opérations spéciales pour des missions d’escorte navale. Grâce aux missions d’escorte, les forces navales chinoises ont offert une protection à 3 139 bateaux battant pavillons chinois et étrangers, sauvé 29 bateaux attaqués et récupéré neuf bateaux libérés par des pirates ».
Les intérêts chinois étant en effet de plus en plus dispersés sur la planète, Pékin n’a pas d’autre choix que de les protéger et de se manifester ailleurs que dans son pré carré.
Les questions dans l’ombre
Mais comme toujours quand il s’agit de questions militaires ou tout simplement, quand il s’agit de la Chine, le Livre blanc ne donne pas plus de réponses qu’il n’est permis.
Que compte faire la Chine avec son budget militaire ? A quoi vont servir les armes sophistiquées que Pékin a acquises ? Un porte-avions chinois est-il vraiment en préparation ?
Le Livre blanc donne bien quelques chiffres mais fait en sorte de noyer le poisson: « La part des dépenses militaires annuelles de la Chine dans son produit intérieur brut (PIB) reste relativement stable, tandis que la part dans l’ensemble des dépenses budgétaires recule modérément ».
Mais un peu plus loin, la hausse du budget militaire est confirmée: « Les dépenses militaires de la Chine ont augmenté à 417,876 milliards de yuans en 2008 et à 495,11 milliards de yuans en 2009, en progression respectivement de 17,5% et de 18,15% sur un an. »
Chen Zhou, de l’Académie de la science militaire de l’Armée de Libération populaire s’est voulu rassurant : « ce budget, représentant entre 1,4 et 1,5 % du PIB de la Chine est en dessous de la moyenne mondiale, située entre 2,5 et 4 %. Les statistiques montrent également que le budget défense de la Chine par soldat en 2009 était de 30 600 dollars, alors qu’il est de 481 000 dollars aux États-Unis, de 410 400 dollars au Royaume-Uni et de 172 700 dollars au Japon.»
Pour expliquer la hausse du budget, Chen Zhou continue « La hausse du budget défense observée ces dernières années vient compenser le déficit des années 80 et 90, lorsque la Chine se concentrait sur son développement économique au détriment du développement militaire» .
Ces explications ne suffiront sans doute pas à lever les inquiétudes des Etats-Unis et des voisins de la Chine, notamment du Japon, qui a renforcé ses capacités militaires, inquiète du développement de l’Armée populaire de Libération.
La Chine en est consciente et multiplie les déclarations de transparence, notamment face aux médias.
On a ainsi appris que « la Chine a récemment autorisé davantage de membres de la famille du personnel militaire à rejoindre leur époux ou épouse, ce qui devrait permettre de mettre fin à la séparation de presque 100 000 personnes de leur conjoint. » ou que « L’armée va faire des efforts pour fournir un logement et un emploi aux membres de la famille de leur personnel, ce qui signifie que les jeunes couples, même s’ils vivent dans les villes les plus chères comme Beijing et Shanghai, bénéficieront d’appartements subventionnés par le gouvernement. ».
Des informations certes intéressantes et qui donnent des éléments de compréhension sur le fonctionnement de l’armée chinoise mais qui ne répondent pas encore complètement aux critères de « transparence ».
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« …La Chine ne prétendra jamais à l’hégémonie, ni n’adoptera cette position dans son développement militaire que ce soit aujourd’hui ou dans l’avenir et quel que soit le niveau de développement de son économie. »
La chine a – déjà – des demandent territoriales importantes sur ses frontières, elle n’en a pas besoin d’autres en attendant que celles qu’elle revendique soit satisfaites.
Et puis, elle colonise par l’argent des territoires limitrophes comme, par exemple, le sud de la Sibérie ; il y a un article dans une revue ce mois-ci sur ce sujet.
Moi… JE
La Chine lutte, meme insconciemment, depuis deja des siecles, pour le sceptre du Monde comme le disait Braudel, de meme que beaucoup d’autres nations, les Etats-Unis, la Russie etc. Cette lutte fait partie du destin de certaines grandes nations de l’Histoire. Ensuite la Chine sait qu’une aventure militaire a la japonaise des annees 40 serait vouee a l’echec et n’apporterait que peine et honte. La croissance economique et la defense de sa souverainete seront ses seules preoccupations sur le long terme.
La Chine ne fait pas de conquêtes militaires, elle fait des conquêtes par l’argent !
Voyez comment elle se comporte en Afrique. Les peuples en ont plus que mare, elle achète des terres pour cultiver et nourrir sa population, comme le font d’autres pays de la péninsule arabique.
Moi… JE