Danielle Elisseeff sera à la Maison de la Chine lundi 17 mai pour parler de l’art à Shanghai. Elle répond aux questions d’Aujourd’hui la Chine.
Danielle Elisseeff est chercheur à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales et professeur à l’Ecole du Louvre. Auteur de différents ouvrages sur la Chine : L’Art chinois, Larousse, 2007, et Art et archéologie de la Chine : de l’époque des Song à la fin de l’empire, Ecole du Louvre, 2010.
La peinture chinoise ne meurt pas avec l’Empire : en 1912 les peintres sont prêts pour la révolution. Ils innovent et le revendiquent, tout en sachant qu’ils marchent sur les traces de leurs aînés : depuis le début des Qing deux cents ans plus tôt, il est de bon ton de sortir des sentiers trop explorés de l’élégante peinture de lettré.
Cette rébellion feutrée marque profondément l’art du XVIIIe siècle et les « excentriques de Yangzhou» en sont les chefs de file. Dès le XIXe, la ruine de l’Empire devient inéluctable et convainc les plus aventureux de plonger dans l’inconnu ; mais quel inconnu ? C’est alors que la confrontation avec la peinture occidentale vient à point nommé proposer de nouvelles pistes.
– Quelle a été l’influence la plus marquante de la peinture occidentale sur les peintres de Shanghai du XIXème ?
La peinture occidentale a effectivement exercé une influence puissante et durable, même si, dans un premier temps, elle fut indirecte.
Trois éléments ont directement contribué, au XIXe siècle, à la naissance de ce que l’on appellera plus tard « l’école de Shanghai ».
Le premier est le sentiment, très fortement ancré chez les artistes chinois qu’ils « avaient fait le tour » des possibilités de l’encre telle que la pratiquaient les peintres lettrés ; ainsi ils pensaient ne plus pouvoir rien inventer dans le cadre strict de la tradition.
Le second facteur est l’écho lointain de « l’école du Lingnan », c’est-à-dire un type de peinture hybride (mariant conventions chinoises et occidentales) que l’on pratiquait à Canton depuis le XIXe siècle, afin de fournir les marchands occidentaux en images curieuses et agréables.
Enfin le troisième facteur tient au rôle joué par les développement à Shanghai d’une nouvelle technique d’image : la photographie qui importe une façon spécifique de regarder le monde et de le « mettre en scène » ; quelques décennies plus tard, la publicité jouera un rôle comparable.
– Peut-on parler aujourd’hui d’une école shanghaienne ? Qui sont les peintres shanghaiens les plus intéressants ? Où peut-on voir leurs oeuvres?
L’originalité de Shanghai est telle que l’on peut, bien sûr, parler d’une école shanghaienne, faite de toujours plus de liberté et d’innovation ; dans ce foisonnement, , j’aime notamment les oeuvres de Ba Hai, mais dans cette conférence, nous explorerons le XXe siècle, et le parcours (à nos yeux souvent très timide et cahotique) au long duquel les artistes de la région du delta tentent des expériences influencées par la peinture occidentale. Ce nouvel art, en herbe dans les années 1930 et 1940 se trouve évidemment balayé par l’intrusion du réalisme socialiste soviétique dans les années 1950.
– L’Expo universelle fait-elle rejaillir son aura sur les artistes de Shanghai ?
L’exposition universelle de Shanghai est assurément, sur le plan des arts, comme sur celui des affaires, un formidable coup de projecteur lancé sur les artistes de la région.
La conférence de Danielle Elisseeff se tiendra à la Maison de la Chine le lundi 17 mai à 18H30
76 rue Bonaparte 75006 Paris Réservation obligatoire car le nombre de places est limité
Tel : 01 53 63 39 18
Par mail : [email protected]