En explosion depuis déjà quelques années maintenant, l’art contemporain chinois commence à s’exporter hors des frontières. Une deuxième vente aux enchères exceptionnelle est organisée ce week-end à Paris.
Au rythme où l’art contemporain se développe en Chine, il était certain qu’il dépasserait très vite les frontières de Dashanzi à Pékin ou Taikang Lu à Shanghai, les deux quartiers où les artistes sont concentrés. Depuis le 29 juin, il est même arrivé jusqu’en Europe. L’entreprise Artcurial avait alors organisé la première vente aux enchères du continent consacrée à l’art contemporain chinois. Au total, 53 œuvres avaient été vendues, pour un total de 1 435 864 €, soit et 131 % des estimations basses en valeur.
Forte de ce succès, la maison de vente récidivera le 12 décembre en présentant 123 lots. La vente sera intitulée « Provocation et contestation », en présentation des nombreuses œuvres subversives dont regorge le catalogue. Apparue dans les années 1980, la « génération pop » chinoise critique ouvertement les tabous de la société et portent un regard sans complaisance sur l’histoire du pays. On retrouvera dans cette exposition les principaux artistes qui avaient fait le succès de la vente précédente : Wang Guangyi, Tang Haiwen, Wang Keping, Ma Liuming ou encore Zhang Huan, soient autant de noms qui ont fait grimper les enchères par le passé.
Cette fois, la pièce maîtresse est signée des Gao Brothers. Miss Mao est un buste de Mao rouge, affublé d’une poitrine et d’un nez de Pinocchio. D’une hauteur de trois mètres, la sculpture en fibre de verre est estimée entre 55 000 et 75 000 €.
D’autres œuvres sont déjà attendues. Une photo de Cang Xin, prise en 1995 sur la montagne Miaofengshan, montre un amas d’une dizaine de corps nus, empilés pour ajouter un relief au paysage. Elle est estimée à 10 000 €. L’œuvre « Skin », de Zhang Huan est une série de vingt portraits argentiques de l’artiste adoptant des positions exprimant sa subversion, elle est estimée à 35 000 €. La « Veste de Mao » de Wang Qiang, estimée à 20 000 €, exprime l’érotisme « sous le manteau » qui est tant d’actualité en Chine.
Toutes ces œuvres devraient vraisemblablement être vendues bien au-dessus de leur valeur. Un marché de la spéculation s’est organisé autour de certains artistes chinois. Les publics sont européens et américains majoritairement, mais les Chinois se sont mis très sérieusement à acheter les œuvres de leurs contemporains cette année. « L’intérêt se porte sur les pièces importantes d’Art contemporain, il est moins sensible pour l’Art moderne. Le marché chinois soutient fermement ses jeunes artistes » a déclaré Pia Copper, la spécialiste de l’Art chinois du XXème siècle qui s’est occupée des enchères d’Artcurial.
En Chine, le vent de folie se fait de plus en plus sentir. En mars à New York, la galerie Sotheby’s a adjugé une peinture de Zhang Xiaogang pour une valeur de 979 000 dollars (780 000 euros). En novembre, une peinture à l’huile du peintre Liu Xiaodong, représentant le site du barrage des Trois Gorges, a atteint la somme de 22 millions de yuans (2,75 millions de dollars) lors d’une vente aux enchères à Hong Kong, établissant un nouveau record pour une oeuvre d’art contemporaine chinoise.
Le quartier de Dashanzi à Pékin est la vitrine de ce commerce florissant. Depuis l’installation des premières galeries en 2003, le lieu est devenu un havre d’opulence juxtaposé à des usines d’où les ouvriers contemplent un peu hagards. L’art contemporain chinois est en passe de devenir l’objet de toutes les surenchères.