Pour la première fois depuis dimanche, l’arrestation de Ai Weiwei a été officiellement confirmée.

Peu après minuit, l’agence de presse chinoise Xinhua a diffusé un court communiqué indiquant que Ai Weiwei était suspecté de « crimes économiques ».
Xinhua n’a pas donné plus de détails mais la protection dont jouissait jusqu’à présent l’artiste semble bien terminée.
Selon la loi chinoise, la police a 30 jours pour décider si elle va l’accuser ou pas.
Une première réaction officielle avait été publiée mercredi par le journal Huanqiu Shibao, reprise dans le Global Times. Un éditorial intitulé « La loi ne pliera pas pour un électron libre » critiquait les gouvernements occidentaux ( dont la France, l’Allemagne, les Etats-Unis et Taiwan) qui demandent la libération de l’artiste.
« Ils ignorent la souveraineté de la Chine et heurtent avec imprudence le système politique chinois, au nom du respect des droits de l’homme« .
Ai Weiwei, l’artiste…
Né à Pékin en 1957, Ai Weiwei est considéré comme un des artistes incontournables de la scène artistique indépendante chinoise.
C’est vers la fin des années soixante-dix qu’il commence à se faire un nom en prenant part aux travaux du groupe « Les étoiles », qui réunit des artistes avant-gardistes.
Ai Weiwei quitte ensuite la Chine pour s’établir quelques temps aux Etats-Unis avant de regagner son pays dans les années quatre-vingt dix.
Plasticien, sculpteur, mais aussi architecte, Weiwei est connu pour ses oeuvres monumentales, comme celle exposée à la Tate Modern à Londres en octobre 2010. Il y installe un gigantesque un tapis de 100 millions de graines de tournesol en porcelaine.
Il a également participé à la construction du stade olympique, le fameux » nid d’oiseau ».
…mais aussi la voix qui dérange
Mais ses critiques féroces des dirigeants chinois -qu’il qualifie de «gangsters »- et son engagement dans des causes humanitaires ont fait de lui un ennemi du régime.
Il a longtemps profité de la notoriété de son père, Ai Qing, célèbre poète, membre du Parti communiste, envoyé néanmoins en camps de travail avant d’être réhabilité, pour diffuser ses messages contestaires.
Dans son blog très suivi -et souvent censuré- sur lequel il diffusait de petits films et livre des commentaires acerbes sur la classe politique. Le blog a été récemment fermé.
Il se servait également de Twitter pour communiquer.
Après le tremblement de terre de 2008, qui a tué plus de 87.000 personnes, il a réalisé une vaste enquête sur les effondrements de bâtiments scolaires, imputables à la corruption des cadres locaux.
Sous surveillance
En janvier, son atelier dans la banlieue de Shanghai avait été démoli. Ai Weiwei avait été brièvement placé en résidence surveillée trois mois auparavant pour avoir voulu «célébrer» avec ses fans l’annonce de cette destruction.
Une exposition prévue au Centre Ullens au mois de mars a été annulée par les autorités.
« Nous, les Chinois, nous vivons actuellement une époque de ténèbres. Il y a un boom économique et les conditions de vie des gens s’améliorent petit à petit. Mais, dans le même temps, la Chine est arrivée à son plus bas niveau en ce qui concerne la liberté de parole, la liberté d’expression artistique ou la liberté de l’éducation. C’est un nouveau nadir pour notre société civile. » expliquait-il, le 29 mars, au journal allemand Süddeutsche Zeitung.
A la question du journaliste » N’est ce pas dangereux de parler avec les journalistes étrangers ? », l’artiste a répondu : « Oui, je demande souvent aux journalistes pourquoi ils ne vont pas poser leurs questions à quelqu’un d’autre. Ce serait beaucoup mieux pour moi. S’il y avait quelqu’un d’autre comme moi, mon fardeau serait de moitié moins lourd. S’il y en avait dix, mon fardeau serait dix fois moins lourd. Mais, en attendant, c’est mon boulot, à moi tout seul. C’est drôle. Et en même temps j’ai très peur. »
Ai Weiwei se savait dans le collimateur, surtout depuis la montée de la répression policière pour tuer dans l’oeuf toute contestation dite » du jasmin » mais il refusait de quitter le pays encore une fois.
Reste à savoir si la pression internationale sera suffisament forte pour faire changer d’avis les autorités chinoises.
A lire dans Courrier International, l’entretien avec Ai Weiwei: « Nous vivons à l’âge de la folie »
A voir également notre reportage vidéo chez Ai Weiwei: Séisme : le combat d’Ai Weiwei pour la vérité
- Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires
-
Envoyez cette page à un ami
On notera les efforts constants, quoique peu couronnés de succès, de ce gouvernement pour améliorer son image de marque à l’étranger…
1 arrestation de WeiWei, cela vous bousille 1 an de communication à expliquer qu’ils sont gentils…
Les créatifs de leur agence de comm. doivent être sous Tranxene à longueur d’année…