Le chef de l’exécutif hongkongais, Donald Tsang, 62 ans, a remporté dimanche un second mandat au terme d’un processus sans suspense auquel ses quelque sept millions de concitoyens n’avaient pas voix au chapitre.
M. Tsang, en poste depuis 2005, a obtenu le soutien de 649 membres d’un collège électoral restreint de quelque 800 délégués largement acquis au pouvoir communiste.
Son unique rival démocrate, Alan Leong, n’a obtenu que 123 voix à l’issue d’une brève opération de vote organisée dans un centre d’exposition près de l’aéroport. Il n’avait, de son propre aveu, aucune chance de s’imposer même si sa présence sur les bulletins constituait une première depuis la rétrocession de l’ancienne colonie britannique à la Chine en 1997.
Lucide, il confiait récemment à un hebdomadaire hongkongais: « Je n’ai absolument aucune chance de gagner. Je suis là pour instaurer une culture électorale ».
Une cinquantaine de manifestants pro-démocratie ont bien tenté de se faire entendre leur voix au cri de « Donald! Honte à toi », mais ils ont été tenus à bonne distance du vote.
Une campagne, largement jouée pour la galerie, avait été organisée ainsi qu’un débat télévisé aussi inédit qu’affable où les candidats se sont gardés de s’interrompre.
Economiste reconnu entré dans le service public en 1967, Donald Tsang avait été nommé il y a deux ans en remplacement du très impopulaire Tung Chee-hwa conspué par la rue et désavoué par Pékin.
En vertu d’un accord avec Londres, l’ancienne colonie britannique devenue Région administrative spéciale (RAS) jouit d’une « large autonomie » ainsi que de ses propres pouvoirs exécutif et législatif. Mais dans les faits, le pouvoir communiste conserve la prééminence sur la vie politique de l’île.
Les autorités centrales avaient ainsi refusé il y a deux ans d’instaurer une élection au suffrage universel du chef de l’éxécutif et des députés locaux, malgré d’importantes manifestations qui avaient vu descendre dans la rue un demi-million de Hongkongais en 2003 et 2004.
La situation est aujourd’hui bloquée après le rejet fin 2005, cette fois par les démocrates, d’un projet de réforme avalisé par Pékin mais jugé trop timide par l’opposition.
La démocratisation est érigée comme « but ultime » dans la mini Constitution de Hong Kong mais aucun délai n’a été fixé.
Comme pour réaffirmer sa férule, le pouvoir central, par la voix d’un de ses hauts responsables, a récemment averti les quelque sept millions de Hongkongais qu’ils devaient cesser de « se mêler de politique ».
Donald Tsang semble promis à louvoyer entre les aspirations du camp démocrate, exhorté à prendre son mal en patience, et les directives du pouvoir communiste, qu’il incite à lâcher du lest. « Je résoudrai complètement la question du suffrage universel lors mon prochain mandat », a-t-il promis.