Une traduction officielle des noms de plats chinois en anglais vient de paraître et, à l’approche des J.O., la chasse au « chinglish » est ouverte dans la capitale chinoise.
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Le Bureau des Affaires étrangères de Pékin a publié récemment un manuel de traduction des noms de plats chinois en anglais à l’usage des restaurateurs intitulé « le menu chinois en version anglaise »
Ce lexique d’à peu près 2000 termes culinaires et de 170 pages est le fruit de deux années de travail d’une équipe de traducteurs et de la collaboration des citoyens chinois sur internet.
Les traducteurs ont travaillé à partir des noms donnés aux plats chinois dans les restaurants asiatiques à travers le monde, notamment aux Etats-Unis. Avant les jeux Olympiques, les autorités jugeaient qu’un tel travail était nécessaire pour que les touristes anglophones ne soient pas confrontés à des traductions excentriques comme ils l’ont été par le passé.
Les visiteurs étrangers qui arriveront à Pékin à l’avenir auront donc moins de chances de se voir proposer au menu du « poumon de porc mari et femme ». A la place, ils se verront offrir du « poumon de porc sauce pimentée », guère plus appétissant, mais plus adapté linguistiquement. Fini aussi le « poulet sans vie sexuelle ». Ils se contenteront de « poulet jeune ». Quant au « poulet maltraité par le gouvernement », il s’est reconverti en « poulet kungpao ».
En clair, le chinglish, ces contre-sens nés de la traduction littérale d’un mot du chinois à l’anglais – et qui laissent l’observateur souvent hilare et parfois perplexe – devient une espèce menacée.
Il avait pourtant ses adeptes. Sur internet, des forums de discussion regroupent les fans de ces traductions farfelues. Tous cherchent la perle rare de l’erreur de traduction et, si possible, en prennent une photo : une sortie sur laquelle il est indiqué « exist » et non « exit », un panneau incitant à la prudence : « dérapez avec soin » ou encore une flèche directionnelle sur laquelle est écrit « may arrive three buildings open-air platforms from this the staircase », que nous renonçons à tenter de traduire.
Avec le développement d’outils de traduction chinois/anglais plus ou moins fiables sur internet au cours de la dernière décennie, le chinglish avait prospéré en Chine.
Mais à l’approche des jeux Olympiques, la volonté de montrer au monde une ville parfaitement traduite l’a emporté sur l’humour. Les autorités ont ouvert la chasse au chinglish. Un programme « Pékin parle les langues étrangères » – ambitieux- a été mis en place. Son responsable avait déclaré en avril 2007 : « nous travaillerons dur pour faire disparaître le problème et pour que les résidents s’impliquent. Bien sûr, on trouvera des erreurs de temps en temps, mais je crois que nous pouvons nous assurer que lorsqu’elles seront trouvées, les erreurs seront corrigées ».
Une détermination à toute épreuve donc et qui a eu raison de nombreux panneaux de signalisation dans la capitale chinoise. On est par exemple sans nouvelle de l’incitation à la subversion « question authority » (« remettre en cause l’autorité ») qui trônait au-dessus du guichet d’information d’une gare pékinoise.
Il reste pour les amateurs du chinglish une consolation : certains puristes n’ont pas cédé aux tentations des sirènes olympiques. Les conservateurs du Musée militaire de pékin ont jusqu’à présent gardé intact le panneau expliquant le rôle du Parti Communiste dans la construction d’une société « modérément harmonieuse » en Chine.
