Les autorités chinoises ont beau vouloir éliminer les contrefaçons, elles n’ont pas disparu. Les vendeurs ont su trouver des manières un peu moins flagrantes de poursuivre leur commerce.

Le Yashow Market, temple de la contrefaçon à Pékin. Ici, on trouve de tout, vêtements, chaussures, montres ou bijoux, imités des plus grandes marques occidentales. Sauf que depuis quelques temps, des affiches ont été placardées à l’entrée, annonçant clairement la couleur.
Désormais, les clients qui achètent des accessoires estampillés Gucci, Chanel, Hermès, Miu Miu, Burberry ou Omega – en résumé, les marques les plus luxueuses – doivent obtenir un certificat d’authenticité. Les vendeurs qui ne s’y plient pas s’exposent à des sanctions, dit le message signé de la municipalité de Pékin.
En cette période préolympique, les autorités chinoises ont décidé de faire main-basse sur les contrefaçons. Résultat, à force d’avertissements et de descentes de polices répétées dans les boutiques de contrefaçons, il est devenu plus difficile qu’avant de se procurer des versions contrefaites des derniers films américains ou une fausse Rolex.
Difficile mais pas impossible. Pas question en effet pour les petits vendeurs de renoncer à un commerce aussi florissant, surtout pendant les JO, d’où le recours à des voix plus discrètes.
Des stratégies comiques
Retour au Yashow. Depuis le placardage de la notice, les montres Gucci, Hermès et autres marques visées ont brusquement disparu des vitrines, remplacées par des marques chinoises.
Voila pour la façade. Car les précieux objets ne sont pas loin, simplement rangés dans des sacs en plastique entreposés derrière le comptoir. Le client n’a d’ailleurs même pas le temps de demander, la vendeuse déballe aussitôt la marchandise, non sans un bref coup d’oeil alentours pour vérifier qu’un policier ne rôde pas dans les parages. Et le certificat d’authenticité ? « Si tu veux un certificat, achète plutôt des montres chinoises. Celle-là sont vraies ». Le propos est clair.
Pour les vêtements, les vendeurs ont aussi trouvé la parade. Les étiquettes des fausses parka Burberry ont été ôtées des modèles exposés en devanture, remplacées par d’improbables étiquettes chinoises.
Mais une fois essayée la coupe pour s’assurer de la bonne taille, le vendeur en sort la copie conforme sous les étalages, munie toutefois du détail qui change tout : la précieuse étiquette Burberry…
Pour les marques moins luxueuses, non visées par la notice, aucun changement. Il est toujours aussi facile de se procurer une fausse chemise Marlboro à un prix dérisoire puisqu’ici, pas de certificat d’authenticité qui tienne. « Maintenant on ne vend que des vraies, explique cette vendeuse. Regarde la qualité. De toute façon, on n’a plus le droit maintenant de vendre des fausses. » Un argument imparable…
Quant aux DVD piratés, commerce particulièrement prospère en Chine, ils n’ont pas disparu non plus. Certes, les boutiques font désormais profil bas en exposant seulement des films chinois mais il suffit souvent de faire comprendre aux vendeurs l’objet de la venue pour que celui-ci déballe des catalogues remplis de jaquettes de films étrangers. Ne reste alors qu’à passer commande. En 5 minutes, le film est là, sorti d’une improbable cachette.