Le gouvernement tibétain en exil a appelé à cesser temporairement les manifestations contre la Chine en signe de respect pour les victimes du séisme, alors que le dialogue sino-tibétain doit reprendre en juin.
« Afin d’exprimer notre solidarité face au désastre naturel qui a touché la Chine, les Tibétains à travers le monde doivent éviter les manifestations devant les ambassades chinoises de leurs pays respectifs », a déclaré Thubten Samphel, porte-parole du gouvernement tibétain en exil, citant un communiqué.
Le gouvernement tibétain en exil à Dharmasala, dans le nord de l’Inde, appelle les manifestants à cesser leurs actions « au moins jusqu’à la fin du mois de mai » et à « écrire une lettre ou à adresser des messages, afin d’expliquer qu’ils agissent ainsi en solidarité avec les victimes du séisme ».
Le périple mondial de la flamme olympique a été perturbé par des manifestations pro-tibétaines, notamment à Londres et Paris.
Par ailleurs, des manifestations de Tibétains en exil ont eu lieu à plusieurs reprises devant des représentations diplomatiques chinoises, notamment au Népal ou récemment au Japon à l’occasion de la visite du président Hu Jintao.
Il est également « important pour les Tibétains en exil » d’organiser des « actions de solidarité, avec des prières et des dons » et « d’explorer les possibilités d’établir des relations d’amitié sino-tibétaines », a ajouté le communiqué.
Lundi, le dalaï lama, en tournée en Europe, avait appelé à prier pour les victimes du séisme en Chine, lors d’un discours prononcé à Berlin.
Il avait insisté sur la non violence et la nécessité du dialogue dans le combat des Tibétains pour leurs droits.
« Sa Sainteté a exprimé sa profonde peine pour ceux qui sont morts et prie pour les victimes de cette tragédie », a encore assuré mercredi Thubten Samphel.
La Chine a entamé lundi un deuil national exceptionnel de trois jours, une semaine après le séisme qui a fait plus 40.075 morts confirmés.
Cet appel à cesser les manifestations antichinoises intervient alors qu’une nouvelle rencontre entre les émissaires du dalaï lama et des représentants de Pékin doit se tenir le mois prochain, a annoncé la semaine dernière le dignitaire tibétain.
Une entrevue « informelle » sino-tibétaine s’était déroulée début mai à huis clos dans le sud de la Chine, la première entre les deux parties en près d’un an. Chinois et Tibétains avaient accepté de poursuivre leurs entretiens sans fixer de date.
Au cours des deux mois de crise, le dalaï lama n’a cessé de plaider pour l’apaisement et la conciliation avec ses « frères et soeurs chinois ».
Tout en dénonçant depuis des décennies un « régime de la terreur » chinois qui commettrait une « sorte de génocide culturel » au Tibet, le dalaï lama affirme ne pas revendiquer l’indépendance mais une simple autonomie pour son pays.
Au moins 203 personnes ont été tuées dans les émeutes en mars au Tibet « réprimées » par la Chine, selon les Tibétains en exil. Selon eux, un millier d’autres ont été blessés et 5.175 arrêtés depuis le début le 10 mars d’un mouvement antichinois à Lhassa, capitale du Tibet.
Pékin a accusé de son côté des « émeutiers » tibétains d’avoir tué 18 civils et deux policiers.
Pékin a également accusé le dalaï lama et « sa clique » d’avoir fomenté les émeutes pour saboter les Jeux Olympiques. Le lauréat 1989 du prix Nobel de la paix a balayé ces accusations estimant même que la Chine « superpuissance et vieille nation méritait ses JO ».
Jeudi doivent débuter dans le nord de l’Inde des mini « jeux Olympiques » rivaux des jeux de Pékin, non-officiels et organisés par les jeunes tibétains en exil, plus radicaux et indépendantistes.