C’est un peu la Bible de l’expatrié pékinois. LE guide qui supplante les autres auprès des francophones. Pour ses aspects pratiques, ses bons conseils et son ton chaleureux, le Pékin en poche de Stéphanie Ollivier est une référence.
Stéphanie Ollivier vit à Pékin depuis dix ans et arrive sans peine à communiquer sa connaissance de la capitale. Plus que des informations brutes, son guide distille des conseils, des coups de cœur et des expériences.
Frédérique est à Pékin depuis quatre mois. Elle a très vite adopté le guide à son arrivée. « C’est fantastique, j’ai la vieille édition 2004, je ne m’en sépare jamais ! Il est vraiment bien fait, et par une femme qui vit vraiment ce que l’on vit lorsqu’on est expat ici. On se retrouve beaucoup dans ses bonnes adresses et on peut toujours faire confiance au bouquin ! » Frédérique connaît son classique sur le bout des ongles. Elle peut même citer le numéro des pages où trouver un bon restaurant ou un cybercafé.
Bien sûr, on pourra chipoter sur certains choix, certains manques, certaines informations qui ne sont plus à jour tant la capitale change vite. Mais une fois pris en main, le Pékin en poche ne vous lâchera plus … jusqu’à ce que vous puissiez prétendre connaître Pékin mieux que Stéphanie Ollivier elle-même.
Trois questions à Stéphanie Ollivier, rédactrice du guide Pékin en poche :
* Quelle est la principale difficulté lorsqu’on fait un guide sur Pékin ?
Il s’agit plus d’un « city-guide » que d’un véritable guide culturel, c’est à dire un listing d’adresses et d’informations pratiques, il est donc avant tout sensé apporter des informations concrètes, détaillées et mises à jour.
La première difficulté réside donc dans le fait qu’il est rarement possible en Chine de rassembler des informations précises et fiables sans aller voir soi-même sur place, ne serait-ce que parce que les numéros de téléphone changent souvent ou que la précision n’est pas quelque chose d’essentiel pour beaucoup de Chinois. Différents employés d’un même musée ou d’un même restaurant sont, par exemple, capables d’indiquer des horaires d’ouverture sensiblement différents. L’ensemble représente donc un travail de collecte de données non seulement fastidieux, mais qui exige aussi beaucoup de déplacements à travers tout Pékin, et prend donc beaucoup de temps.
Mais la principale difficulté reste évidemment la vitesse ahurissante à laquelle la ville change, d’une semaine à l’autre et le plus souvent sans préavis : il est rare que les habitants eux-mêmes sachent précisément quand leur quartier sera « réaménagé », la rue voisine élargie ou le restaurant d’en face entièrement relooké. Je dois non seulement essayer de me tenir au courant des nouveautés locales dans tous les domaines, soit le propre de tout rédacteur de guide, mais je dois encore plus être aux aguets chaque fois que je prends un taxi, un bus, ou simplement que je marche dans une rue pékinoise où je ne suis pas passée depuis quelques semaines, pour vérifier que les lieux que je mentionne sont toujours debout, avec la même enseigne et la même apparence. Heureusement, comme je vis ici, je peux faire une partie de cette mise à jour « en continu ». Depuis le temps, c’est même devenu une sorte d’automatisme…
* Comment se procurer le guide en France et quand sortira la prochaine édition ?
Il faut être très motivé pour le trouver ! À Paris, c’est le plus simple : on le trouve dans les librairies chinoises : mon coéditeur « You-Feng » ou « Le Phénix ». On le trouve normalement aussi dans les Fnac et les librairies spécialisées sur la Chine et le voyage. En province, il est plus difficile à trouver, mais avec un peu de temps devant soi, on peut le commander sur les principales librairies en ligne comme la Fnac, Amazon, Alapage …
Pour ce qui est de la prochaine édition, j’imagine qu’elle sortira quand j’aurai eu le courage de m’y remettre ! À la vitesse où tout bouge ici, dans les grandes lignes comme dans les détails, je dois vérifier, modifier et réécrire au moins 50 % des textes pour chaque nouvelle édition. Après les trois éditions de 2002, 2004 et 2006, l’ensemble est devenu assez répétitif et je ne suis pas pressée de recommencer. Je prévoyais d’ailleurs d’attendre 2008 pour une potentielle nouvelle édition des Jeux Olympiques. Mais comme une partie des informations de la version actuelle a déjà largement vécu et qu’elle a des chances d’être épuisée avant 2008, il se pourrait qu’il y ait une édition 2007.
* Quel regard portez-vous sur l’évolution de Pékin ?Un regard perplexe. J’ai toujours été fascinée par le dynamisme et le mouvement de la ville. J’adore cette « électricité » qu’on sent dans l’air pékinois, comme partout ailleurs en Chine d’ailleurs. En dépit des conséquences évidentes sur la qualité de l’air ou la fluidité de la circulation, je peux comprendre l’appétit de modernisation que montrent les habitants d’une ville longtemps figée et truffée de quartiers vétustes et surpeuplés.
Sur ce, je trouve fort dommage que les urbanistes et décideurs chinois n’aient jamais choisi le scénario soumis par plusieurs architectes dès les années 50, qui consistait à protéger la ville historique et à bâtir la cité moderne de leurs rêves au-delà du 2e périphérique. Vu le schéma urbain et cosmogonique vraiment unique que représentait le Pékin impérial, son évolution est même assez navrante. Même si la plupart des projets de réaménagement sont fait au nom de la « protection du patrimoine », les Chinois rénovent rarement les temples ou les maisons à cour carrée des vieux quartiers, ils les rasent pour refaire les mêmes en ciment. Les échoppes de rue doivent les unes après les autres laisser place dans les contre-allées des rues élargies à des parkings, des restaurants branchés ou des pelouses faites pour atteindre le quota d’espaces verts requis pour les Jeux. Les habitants des « zayuan », des maisons à cour carrée partagées par plusieurs familles, soient les couches les plus modestes de la population, sont eux aussi graduellement poussés à déménager les uns après les autres dans des zones mal desservies au-delà du quatrième périphérique.
Bref, les urbanistes locaux sont en train de créer une sorte de « Beijing-land » rouge et or au coeur de la capitale, un nouveau vieux Pékin pour l’élite, taillé au cordeau, aéré, propre et fleuri, mais qui perdra forcément une partie de sa dimension populaire et conviviale. Or les gens de Pékin ont pour moi toujours fait la force et le charme de cette ville. Du moins celui de la vieille ville, dont le devenir m’intéresse d’autant plus que je vis dans une petite maison des hutongs depuis des années. Mais bon, c’est une vision typique d’Occidentale…
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