Trois ans après le scandale du lait frelaté à la mélamine, les normes de contrôle sanitaire de l’industrie laitière ont à nouveau été abaissées. Pour les consommateurs chinois, une seule solution : le lait importé.

Il faut avoir du courage pour se risquer à boire du lait chinois. Et cette fois, ce ne sont pas les consommateurs qui le disent, mais bien un producteur.
« Les produits laitiers chinois sont à jeter à la poubelle« , a ainsi déclaré Guo Benheng, PDG du groupe Bright Dairy, (l’un des plus grands producteurs laitiers de Chine), lors d’un forum économique le 3 juillet dernier.
Selon lui, les exigences sur « les quantités de protéines » et sur « le total des bactéries » sont trop faibles. D’autre part, le PDG a avoué son inquiétude quand ) l’absence de règles sur l’utilisation des antibiotiques ou de l’azotite dans l’élevage.
Pire, le Ministère de la Santé est récemment revenu 25 ans en arrière en publiant de nouvelles normes de qualité selon lesquelles le lait ne doit contenir qu’un taux minimum de 2,8% de protéines, alors qu’en 1986, ce chiffre était de 2,95%. En comparaison, il est de 3.2% en Europe.
Cependant, les nouvelles normes autorisent que le lait contienne plus de bactéries. Alors qu’auparavant, un millilitre pouvait en contenir 500 000, cela est désormais toléré jusqu’à 2 millions.
Face aux critiques, le Ministère de la Santé invoque une décision réaliste, et explique que les nouvelles normes répondent à une situation réelle en Chine. Un argument soutenu et développé par les grands laitiers Mengniu et Yili, pour qui il s’agit de protéger les intérêts des agriculteurs.
Le « kidnapping » des grandes entreprises
« Les nouvelles normes sont encore trop sévères pour les petits agriculteurs, qui font 72% de la production laitière en Chine. Si on continue avec les anciennes, la plupart du lait devra être jeté, et certains éleveurs devront tuer leurs bêtes », a déclaré Namudade, secrétaire général de l’Association des producteurs laitiers du Mongolie interne, la zone laitière la plus importante de Chine, à Xinhua.
En outre, l’avis de Guo Benheng est partagé par certains des spécialistes qui rédigent les normes de contrôle. Parmi eux, Wang Dingmian. Secrétaire général de l’Association des producteurs laitiers de Guangzhou, au sud de Chine, il dénonce aussi le « kidnapping » des grandes entreprises. « Chaque fois qu’on veut faire bouger des choses, on reçoit des pressions », ajoute-t-il.
« Je ne comprends pas pourquoi notre vie est pire qu’il y a 25 ans alors que l’économie et les technologies se sont développées tellement vite. Peut-être que la Chine est de plus en plus riche, mais les Chinois se sentent de moins en moins en sécurité », assure à Xinhua Nan Qingxian, professeur à l’Université de l’agriculture de Chine.
Où le lait chinois va-t-il ?
Profitant de ce manque de confiance généralisé, deux marques étrangères de lait en poudre, Abbot et Wyeth, n’ont pas hésité pas à augmenter leur prix de près de 10%. Et les autres les suivent. Mais pour les consommateurs chinois, le choix est clair : aucune confiance n’est accordée au lait chinois.
C’est également ce que montre un sondage réalisé par le journal Shengenwanbo. Parmi « les marques préférées des jeunes mamans », il n’y a pas de place pour les marques nationales. Effrayées par le scandale du lait frelaté il y a déjà trois ans, certaines sont déterminées à acheter « du lait de confiance » à Hongkong pour leur bébé, et s’y rendent pour dévaliser les rayons lait des supermarchés.
Mais les laitiers chinois ne veulent pas se laisser faire. Si leur réputation est atteinte en Chine, certains pensent à s’attaquer au marché international, et commencent à y faire leur promotion.
Exemple : dans le nouveau film « Transformers 3 », le robot, tenant à la main une bouteille de lait Yili, déclare :« Je ne te parlerais qu’après avoir fini mon lait ». De quoi faire rire jaune les consommateurs Chinois.
A lire aussi :
Lait à la mélamine : deux ans et demi de prison pour un parent
Le lait à la mélamine refait surface en Chine
- Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires
-
Envoyez cette page à un ami
Bonjour,
Franchement, quand on reside en Chine, on prend certaines habitudes chinoises.
Mais j`en ai pris aussi une autre, celle que prend et va prendre de plus en plus la classe moyenne (qui a de plus en plus conscience ET qui a de l`argent) :
acheter des produits etrangers.
Pour ma part, maintenant c`est lait President et Eau d`Evian.
Et je mange soit dans une cantine universitaire, soit chez moi. Et fini les chengdu xiaochi.
C’est clair, moi avant je me disais : « allez, je ne vais pas céder à la parano collective, après tout les chinois en mangent aussi »…. Et en fait depuis que je suis un peu ce qui se passe, vu le nombre d’horreurs que rapporte la presse (qui ne sont que la partie émergée de l’iceberg), j’ai tiré un trait aussi sur les chengdu xiaochi et autres brochettes qui traînent par terre… Surtout qu’en fait, beaucoup de Chinois font extrêmement gaffe aussi, et ne mangent que chez eux pour être sûr de ce qu’ils ingurgitent.
Troisième son de cloche (cloche fêlée sans doute). Je me nourris exclusivement en local depuis plus de 3 ans et la plupart du temps en local bas de gamme. Les problèmes sont rarissimes. Le plus sérieux était des sushis un jour que j’ai voulu faire resto plutôt haut de gamme (voilà ce que c’est de faire le malin). Sinon, quelques petites courantes une fois avec du coca-cola (là encore, j’en prend exceptionnellement), une fois avec du maïs grillé (là, j’ai pas compris), une fois avec une glace (logique, j’en fait grande consommation en été, depuis, je ne touche plus à celles qui sont déformées et ça joue), sinon, j’ai repéré des beignets d’aubergine vraiment trop gras que mon foi supporte mal, mais franchement, ça revient à mâcher des éponges trempées dans l’huile…
Il faut dire que je n’ai pas trop le choix. Il n’y a aucun produit d’import dans les magasins environnants (pas de marché, trop cher, niveau de vie trop bas). Et du coup, très peu de produits lactés. Presque pas en fait. Encore qu’on m’ait montré il y a peu des yaourts en pots de verre qui commencent à faire leur apparition. C’est bon, mais le rapport avec du lait semble assez lointain…
Je me demande s’ils mettent un peu de lait de vache dans la mélamine… ;-))
@ Manubj & Benjieming : Honnêtement je ne suis pas sur du tout de la théorie du « je mange dans une cantine universitaire et pas dans les xiaochi »! Si vous pensez par exemple que les cantines ne se privent pas pour faire des économies sur l’huile ou autre, je pense que vous vous mettez un doigt bien profond dans l’oeil les amis! Et c’est la même pour les brochettes! J’en mange régulièrement en sachant clairement que la viande de mouton n’est très certainement pas de la viande de mouton mais bon qu’est ce qu’on peut y faire??
Le truc de croire que lorsqu’on va dans des restaurants un peu plus haut de gamme ou même au supermarché, c’est forcément mieux, c’est de la pure connerie en Chine!! Le problème peut venir soit du producteur qui est peu scrupuleux et donc vous vend des produits remplis de produits toxiques, soit du restaurateur qui cherche à faire des économies même si cela doit jouer sur la vie des gens et j’en passe et des meilleures!
Et justement, pour ma part, je préfère continuer à aller dans les bouibouis plutôt que de payer 3, 4 ou 5 fois plus cher et manger la même (excusez moi) merde!
不管黑猫白猫,能抓老鼠就是好猫 – 邓小平
@chulian
tu disais : `J’en mange régulièrement en sachant clairement que la viande de mouton n’est très certainement pas de la viande de mouton mais bon qu’est ce qu’on peut y faire??`
Euh, changer de restaurant ?
Tu avais dit aussi :
`Le truc de croire que lorsqu’on va dans des restaurants un peu plus haut de gamme ou même au supermarché, c’est forcément mieux, c’est de la pure connerie en Chine!! Le problème peut venir soit du producteur qui est peu scrupuleux et donc vous vend des produits remplis de produits toxiques, soit du restaurateur qui cherche à faire des économies `
Donc selon toi, c`est partout pareil, j`aimerais que tu etayes ta these.
Sinon, je pense que les petits restaus sont plus enclins a faire des eco (et donc a faire des trucs illegaux) que les gros.
De plus avec une clientele plus haut de gamme, mon avis est que les restaus sont plus propres (exemple : dans une universite mangent des profs et des fonctionnaires du PCC, donc c`est plus propre selon moi 🙂 ).
@Manubj :
Changer de resto? Ok je te suis… Dis moi simplement comment tu sélectionnes tes restaurants alors parce qu’honnêtement quand on voit l’état des cuisines des, soit disant « restaurants haut de gamme », ce sont les même que les bouibouis ( a quelques cafards près!)! De plus, je m’appuie sur le commentaire de Jean, que je trouve très juste! Un bouiboui a une clientèle locale, une erreur ou une maladie et c’est très certainement la crise pour lui. Un restaurant haut de gamme, quant a lui, a bien souvent de très bons « guanxi », dont des membres du PCC, surement bien plus influents que ceux qui mangent dans la cantine de l’université… Et comme tu dois le savoir, tout se monnaie en Chine! Donc un audit sur l’hygiène du restaurant? En Chine pour moi ca ne veut rien dire, il te suffit juste d’offrir le bon cadeau a la bonne personne! Je te cite un exemple : J’ai un ami qui vient de se marier a une chinoise venant du Hunan. Sa femme a un frère, qui dans leur ville natale est très influent. Quand tu lui demandes c’est quoi son métier, il te répond simplement : « Offrir des cadeaux aux bonnes personnes ». Et ça lui permet d’avoir échappé a plus de 20 000 euros d’impôt! Pour les restaurants c’est exactement la même chose.
Pour ce qui est de la théorie sur le producteur ou le restaurateur, je ne dis pas qu’ils sont tous comme ça… ou du moins je l’espère! Mais l’huile recyclée est en effet proposée a n’importe quel restaurant, et ce sans exception, et lorsqu’il s’agit de faire des économies ne serait-ce que minime, beaucoup de chinois sont alors très tentés! Et c’est la même chose pour le producteur, un peu plus de produits chimiques pour donner un peu plus de couleur a ses fruits, un peu plus de vitamine a son lait, faire pousser sa récolte un peu plus vite et hop le tour est joué et toi tu n’y as vu que du feu sauf que ta sante reste quand même en jeu! La preuve en est, même les Pékinois commencent a cultiver eux-même leurs petits bouts de terrain achetés en périphérie de la ville, car ils n’ont plus confiance!
/le-bio-solution-linsecurite-alimentai…
Après, je sais que certains chinois ne sont pas comme ça et heureusement! Le vrai problème étant dans ces cas la de savoir choisir son restaurant… Ce qui est difficile voir même impossible! Pour ma part c’est au pif, si j’aime j’y retourne sinon je laisse tombé, peu importe que ce soit un bouiboui ou un restaurant un peu plus cher.
不管黑猫白猫,能抓老鼠就是好猫 – 邓小平
Je vois plutôt les choses comme Chulian. Un boui-boui ne peut pas survivre s’il rend ses clients malades. La nouvelle se répand comme une trainée de poudre dans une clientèle locale.
Une grande structure peut toujours s’en tirer en virant un balayeur qui n’a rien à voir avec le problème. Une très grande structure décréter un audit qualité et afficher des « preuves », changer le nom de l’établissement, repeindre la cuisine etc.
Vous prenez ici des raccourcis erronés et bien trop réducteurs. Votre histoire de souci de la clientèle tiendrait la route si on parlait de produits très sales ou à la toxicité très virulente.
Mais non, ici nous parlons bien d’une intoxication lente et bien plus sournoise :
– par les engrais utilisés sur les produits de bases en puissance 10, pour produire des pastèques, des poivrons et des bananes de 12kg.
– par l’huile recyclée (ou similaire) qui contient des substances hautement cancérigènes.
– par l’eau utilisée pour faire pousser les produits de base, et pour les laver ensuite.
– par le cadmium, le plomb et le cobalt contenu dans les sols où poussent les produits de base, et dans l’eau.
– par les attendrisseurs et autres hormones utilisés en excès dans l’élevage de bêtes à viande et à lait.
– etc.
Tout ça, ça ne rendra pas une clientèle malade le jour ou le lendemain de la consommation…
La peur collective ce n’est pas la simple peur d’une tourista qui suit une brochette pas fraîche, ça tout le monde s’en fout : une bonne soupe de riz et ça repart.
La peur, la peur bien fondée, est causée par le manque de conscience généralisé de toute la filière agro-alimentaire en Chine (si vous sentez l’envie d’aller gueuler, la maison mère c’est sur nong zhan guan nan lu…).
Tout le monde sait que tout ça tourne autour de grosse enveloppes : pas plus tard que la semaine dernière, c’était l’étape finale du « Chaoyang wenming »… Ça a été l’occasion pour une flopée de « volontaires » (souvent des « lao nai nai » du coin) de faire le tour des restos et de contrôler la qualité… Déjà, ça commence super sérieux cette histoire. Eh bien discutez-en avec vos amis restaurateurs, ceux qui n’ont pas envoyé d’enveloppe rouge au responsable local ont dû fermer boutique pour quelques jours, voir pour la semaine. Ceux qui ont payé eux, ont eu droit au beau poster avec un gros poing qui tape et qu’on voit fleurir dans plein de restos, affichant un slogan précisant que « dans ce restaurant, on n’utilise pas de produits interdits et nocifs » ! Elle est belle la bonne conscience collective : restaurateurs, gouvernements, officiels en tout genre et enfin clientèle, tout le monde sait très bien comment ça marche, et tout le monde s’en contrefout. De toute façon, en Chine on attrapera une crasse due à la qualité de l’air et de l’eau bien avant celle qui vient de la qualité de la bouffe.
Cela dit, malgré ce constat, je ne rejoins pas du tout l’avis du premier commentaire : aller jusqu’à ne boire que de l’eau d’Evian et du lait Président, ça vous donne un bien pâle bilan carbone ! Mais ça, tout le monde s’en contrefout également. A ce sujet, The Beijinger a publié il y a quelques semaines un très bon article sur la pollution liée à la consommation d’alcool et en particulier de bière, c’est très pédagogique et ça peut vous faire changer votre mode de consommation !
Fin du coup de gueule….
Juste pour rajouter que l’histoire de la clientèle tient tout de même debout si l’on prend l’exemple d’un produit comme le lait ou les concombres en Europe… Le problème est arrivé d’un jour à l’autre et pourtant comme tu le dis ce sont l’utilisation de produits, qui sont censés donner une intoxication lente et sournoise pour reprendre tes termes, qui en sont la cause… Un bouiboui peut très bien être touché par ces même maux, le consommateur n’ira pas chercher qui est coupable, et le bouiboui fermera! Je ne pense pas que les restaurateurs européens avaient prévu le coup, même en ayant des obligations hygiéniques bien supérieurs à la Chine.
Mais on en revient au même au final… Un bouiboui vaut tout autant qu’un restaurant « haut de gamme »… Comment donc les sélectionner??
不管黑猫白猫,能抓老鼠就是好猫 – 邓小平
La méthode chinoise de sélection consiste à aller manger là où il y a la queue et à éviter les lieux de restauration où il la fréquentation est faible… C’est logique, mais un peu pervers comme système.
Cette méthode me semble pas mal du tout et ça parait tout a fait logique! Pourquoi pas finalement? Vaut mieux faire le queue pendant 15 minutes que de se retrouver a l’hôpital 10 jours après!
不管黑猫白猫,能抓老鼠就是好猫 – 邓小平
Oui, perso je suis globalement d’accord avec cette méthode mais elle ne marche pas toujours. Par exemple, il suffit de voir le monde qu’il y a dans l’enfilade de stands de bouffe bas-de-gamme de Wangfujing à Pékin, alors que c’est la bouffe la plus immonde qu’on puisse trouver, pire que les chengdu xiaochi. Donc dans les lieux ou il n’y a que des touristes de passage, ça ne marche pas. Et sinon, moi ma technique c’est qu’à force j’ai repéré près de chez moi les reto propres et ceux qui ne le sont pas (tous des pas chers, car comme vous dites, ça dépend pas du prix). Franchement ça se voit, quand même, quand les aliments sont bons et bien lavés et qu’ils ne baignent pas dans l’huile… (après évidemment impossible de savoir de cette façon le taux de pesticide et autres saloperies qu’ils contiennent mais c’est déjà ça).
Bon, mais alors, on fait quoi ? On ne mange plus ?
Quand on voit que même le bio en Europe peut-être dangereux…
Quand on voit le taux de natalité au Japon, on peut aussi se poser la question de savoir: »Les bukkake sont-ils dangereux pour la fertilité des Japonaises? ».
Bon alors, « faire le connard sur internet », voilà c’est fait, je raye.
« Aller promener la tortue » maintenant…