La ville de Nanjing a suspendu ses relations avec sa jumelle Nagoya, dont le maire nie ouvertement les crimes de l’armée japonaise en Chine. L’affaire fait les gros titres de la presse chinoise et enflamme les réseaux sociaux.

Presse, gouvernement et internautes. Les protestations chinoises se font en tir groupé depuis le début de la semaine, avec dans le viseur Takashi Kawamura, maire de la ville de Nagoya, au Japon.
Alors qu’il recevait lundi une délégation de la ville jumelle de Nanjing, il a exprimé ses doutes sur les massacres de civils perpétrés dans cette ancienne capitale chinoise, tombée aux mains de l’armée japonaise en 1937.
Le « Massacre de Nankin », comme s’appelait alors la ville, est, comme les îles Diaoyu/Senkaku, un contentieux historique entre les deux pays, et une source fréquente de troubles dans la diplomatie sino-japonaise.
Négationniste et insistant
Pékin milite depuis longtemps pour que Tokyo reconnaisse pleinement ces évènements, alors que le Japon a présenté plusieurs fois ses excuses officielles mais accorde au massacre une proportion bien moindre que ce que les chiffres chinois affirment.
Takashi Kawamura, membre du Parti Démocrate au pouvoir, estime quant à lui que les faits « n’ont probablement pas eu lieu », et que l’armée japonaise s’est limitée à « des actes de guerre conventionnels ».
Une position qu’il a confirmé ce mercredi lors d’une conférence de presse. « Depuis que j’ai été élu député, j’ai répété plusieurs fois que ce massacre de centaines de milliers de personnes n’avait pas existé », a-t-il expliqué, visiblement peu affecté par le tonnerre de critiques et d’insultes qui a grondé ces jours-ci sur le net chinois. « Nous devons parler de ce sujet publiquement, sans hésitations, au lieu de le garder pour les coulisses », a-t-il ajouté.
L’élu se référe au voyage de son père à Nanjing en 1938. « Il avait été bien reçu » par la population locale, explique-t-il, observant que « si des meurtres de masse avaient eu lieu, les Chinois auraient été beaucoup moins hospitaliers ».
Demande de divorce
Après avoir dénoncé ces propos, Nanjing a annoncé mardi soir qu’elle suspendait ses relations avec Nagoya, sa ville jumelle depuis 1978.
Mercredi, Pékin a exprimé son soutien à cette décision et a déposé une plainte officielle auprès du gouvernement japonais, notant que ces propos étaient particulièrement malvenus l’année du 40eme anniversaire de la normalisation des relations entre les deux pays.
Mais c’est dans la presse et sur les réseaux sociaux chinois que le scandale prend toutes ses proportions. Avant l’annonce du « divorce » des deux villes, des habitants de Nanjing exprimaient leur « honte » de ce jumelage, beaucoup appelant à ce qu’il « cesse immédiatement », et ne reprenne qu’en cas de démission de M. Kawamura.
Le maire de Nagoya est bien entendu au cœur des dizaines de milliers de commentaires rageurs. Le discours de l’élu japonais est considéré comme une « insulte excessive » envers le peuple chinois.
« Takashi Kawamura devrait venir faire un tour mémorial de Nanjing », écrit un utilisateur de Weibo. Le directeur de ce mémorial, installé sur le site d’un charnier, a lui même fait part de son indignation sur son microblog, dénonçant « un manque de respect pour l’Histoire, et la mise en danger des relations entre les deux pays ».
Le sujet fait partie des plus discutés sur la plateforme aux 250 millions d’internautes, et beaucoup d’utilisateurs comparent les déclarations du Japonais au négationnisme de l’Holocauste nazi.
Les diplomates chinois trop timides ?
Si les critiques contre les personnalités japonaises qui s’aventurent sur le sujet ne sont pas rares, les internautes chinois s’en prennent cette fois à leurs officiels. C’est notamment le chef de la délégation, Liu Zhiwei, qui est condamné pour son manque de réaction face au propos de Kawamura.
L’agence japonaise Kyodo rapporte ainsi que Liu n’aurait pas immédiatement contesté les propos du politicien japonais et lui aurait serré la main à la suite de l’entrevue. « Tous les fantômes du Massacre de Nankin viendront frapper à sa porte » écrit un internaute chinois.
Un édito du très nationaliste Global Times appelle les officiels chinois à faire preuve de plus « d’initiative » et de « confiance » dans ce genre de situation, en s’inspirant de la diplomatie du gouvernement central.
Alors que « la Chine est mise sous pression sur plusieurs fronts », il conviendrait d’adopter un style plus « décisif », moins « passif » : « il n’y a pas de petit conflits dans l’arène diplomatique », y lit-on. Le quotidien bilingue ajoute que « les officiels chinois devraient apprendre à utiliser eux aussi les médias, contre les provocateurs ».
Côté japonais, les réactions sont plus timides : la presse s’est limitée à un traitement factuel de l’affaire, et des diplomates ont expliqué que les propos du maire de Nagoya ne reflétait qu’une « opinion personnelle », et en aucun cas la position du Japon sur la question. « C’est un problème qui doit être réglé entre les villes de Nagoya et de Nanjing » a déclaré le porte parole du Gouvernement Osamu Fujimura.
Dans les pages du Mainichi News, des universitaires japonais et chinois regrettent que ce genre de scandale puisse porter si lourdement atteinte à la construction de liens entre les deux pays. Ils notent aussi que de tels propos ont un intérêt politique certain dans la période d’instabilité actuelle.
Vidéo : Le film Flowers of War, vision chinoise des évènements, qui n’a pas manqué de susciter l’indignation des Japonais
Le Japon admet entre 20 000 et 200 000 victimes à Nankin, mais estime que l’ampleur du massacre est « dur à évaluer », alors que la Chine en comptabilise plus de 300 000 en 6 semaines.
Même si le débat sur les chiffres existe, la plupart des historiens internationaux s’accordent à dire que l’armée japonaise a commis des atrocités de grande envergure à la suite de la prise de Nankin en 1937. De nombreux documents témoignent de meurtres et de viols de civils systématiques.
Pékin reproche fréquemment à son voisin de ne pas traiter cette période de l’Histoire à hauteur de son importance dans les livres scolaires, de continuer à rendre hommage aux criminels de guerre, et de laisser circuler les thèses négationnistes que l’on retrouve fréquemment dans les discours nationalistes ou d’extrême-droite.
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…
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Je note que les reactions chinoises sont aujourd’hui moins violentes face a ce genre de polemique. C’est plutot une bonne nouvelle quant aux relations futures entre ces deux pays qui ont tout a gagner en cooperant.
@中国直播
Sur quoi vous basez-vous ?
Selon le Huanqiu shibao, le maire doit démissionner, être interdit de séjour en Chine, sa ville doit disparaître de la liste des destinations autorisées par le gouvernement, et les échanges économiques avec Nagoya doivent être réduits. Tout cela alors qu’il s’agit d’une déclaration isolée, que le gouvernement japonais ne soutient pas, et a condamné.
Aussi, merci d’étayer votre affirmation.
Par rapport aux manifestations beaucoup plus passionnees qui se sont deroulees en Chine il y a 6 ans.
Endirectdechine, ou l’art de mélanger les choux et les carottes…
En 2005, le Premier ministre s’était rendu plusieurs fois au sanctuaire de Yasukuni, et il y a eu la querelle de livres scolaires, entre autres.
Comment comparer cela avec une phrase prononcée par un maire ?!
Il est bien évident que la réaction sera moindre !
Il ne s’agissait pas du comportement du premier ministre qui a declenche des manifestations passionnees en Chine. Mais la publication d’un livre scolaire japonais tres peu utilise qui minimisait les massacres.
Meme si comparaison n’est pas raison, je trouve les reactions chinoises peu enflammees et tres modestes par rapport aux reactions francaises sur les propos du depute Christian Vanneste qui a subit une tollee mediatique et aussi une punition politique (apres avoir pourtant dit la verite historique).
Je note egalement que les reactions chinoises sont modestes par rapport aux tolles et a la punition infliges a un pretre suedois qui avait minimise l’ampleur du genocide des juifs.
le négationisme a toujours un coté buzz et des arriéres pensées politiques.
Le populisme n’est pas spécial au Japon… C’est un des effets collateraux des démocraties. Le pouvoir est à la « majorité » du peuple, et c’est trés bien. Et si un parti populiste arrive au pouvoir par la majorité des urnes, qu’est-ce qu’on en pense ? « respecter le verdict des urnes ? »
Je n’ai pas la solution.. C’est juste l’expression d’un trouble devant le caractére magique que d’aucuns accordent au MOT démocratie. L’Occident s’est gargarisé avec les révolutions démocratiques arabes, et maintenant déchante un peu…
Sur ce plan là, je crois que les pays (suivez mon regard…) qui mettent en priorité l’amélioration de la situation matérielle de leur population avant le reste n’ont pas vraiment tort !
Ouahhhaou ! si ça c’est pas de la provoc’ ! 😉
Fang [email protected]
Vous sous–entendez que la democratie s’oppose a l’evolution de la situation du bien-etre materiel de la population? ou n’est pas un besoin social primaire? Au contraire je vois tres bien la difference entre le bien – etre dans un pays democratique ou les gens ont par exemple la possibilite de se saisir de la justice quand leur bebe boit du lait au plastique; et le fait de se mefier de ce que l’on porte,chausse,boit,mange,respire,conduit…dans un pays comme la Chine parce qu’une simple association de consommateurs comme le Que Choisir francais serait une subversion au pouvoir de l’Etat. Non aux totalitarismes, les peuples ne choisissent pas la democratie pour s’autoflageller mais parce que l’autre voie est une impasse, et personne ne se satisfait eternellement d’un mur.
Autrefois l’on parlait du « viol de Nankin » mais c’est comme les bombes A sur le Japon «ces faits n’ont probablement pas eu lieu », et l’armée américaine s’est limitée à « des actes de guerre conventionnels» ce qui change tout pour les victimes
@ Magaoqiang
Il y aura toujours des personnes qui seront favorables à la dictature, voyez en ce moment dans ce que l’on appel « les anciens pays de l’Est » et la Russie. Mais eux, ils regrettent le temps ou il avait du travail et des prises en charge de la population, pas le reste…
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Les bombes A sur le Japon, n’est-ce pas ce qui peut être considéré comme des crimes de guerre ?
Il n’y avait aucunement besoin de les lâcher ses bombes, juste faire voir aux Russes la puissance des Étatsuniens.
Comme sur l’Allemagne !
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Heureusement que nous avons réussi à mettre dans le tiroir de l’oublie les guerres passées avec nos voisins, les Chinois et Japonais devraient en prendre exemple pour leurs relations.
Et il ne faut pas dire que cela n’a rien à voir, des guerres ont été des massacres aussi bien avec les Anglais que les Allemands, presque tous les voisins de la France, mais il est vrai que nous avons des façons similaire de voir la politique.
MOI… je
Les politiciens sont des girouettes qui indiquent le sens du vent. Ce maire de la grande ville japonaise de Nagoya est un animal politique qui vit pour sa réélection.
Il n’a donc pas parlé au hasard, il a fait cette grossière déclaration sciemment et à dessein, car il savait que cela allait plaire à ses électeurs. Ce n’est pas sa provocation qui est grave, c’est ce qu’elle indique de la mentalité du japonais moyen, de l’électeur de Nagoya que ce triste sire veut caresser dans le sens du poil.
Circonstance aggravante (et voulue), il déclare cela devant le maire de Nanjing, en visite: comportement inélégant, malpoli et grossier. Il faut féliciter le maire de Nanjing de ne pas avoir répondu à la provoc: celle-ci ne méritait qu’un mépris glacial, et cela a été fait.
Maintenant, il faut faire payer le plus cher possible cette grossièreté à TOUTES les autorités japonaises, évidemment complices, de même qu’une large part du peuple japonais, qui a lu des livres d’histoire falsifiés.
Nous Français devons être solidaires des Chinois: que ressentirions-nous si Angela Merkel allait s’incliner sur la tombe de Goebbels ? Ou si le maire de Hambourg niait le massacre d’Oradour ? Etre solidaire du gouvernement chinois sur ce point ne veut pas dire que nous excusons son attitude au Tibet. Mais, là, les Japonais s’obstinent dans une attitude négationniste intolérable, et nous devons soutenir les Chinois à 100%.
内外没有别
Pleinement d’accord avec Zhuangzi, avec un complément et réaction en lien avec la photo , en retour donc mon officiel point dans la gueule. Qui, bien entendu, n’aura pas eu lieu, rien passé…Ce sera officiel.
Keyi
Les Japonais ont tort de s’obstiner, et les Chinois de croire qu’ils ont des lecons a donner(Les chinois se sont tues,tortures et meme manges entre eux-cf.livre Les Steles Rouges sur les evenements du Guangxi)…mais les seuls films ou la violence de l’histoire recente est montree font l’apologie de la Chine victime des Japonais. C’est comme si en 2012 en France on sortait un film ultraviolent sur Oradour-sur-Glane tous les six mois tout en maintenant la censure sur tous les autres sujets.
D’accord, il y a eu beaucoup de violences dans le monde entier, et particulièrement en Chine. D’accord aussi, les Chinois se sont dévorés entre eux (au propre et au figuré : une obsession bien vue par Lu Xun), mais cela n’excuse pas l’attitude ACTUELLE des Japonais.
C’est très très grave, car cela concerne l’avenir : on ne peut rien pour le passé, et rien ne fera revenir à la vie les 300.000 morts de Nanjing ; mais dé-former les enfants japonais, cela compromet gravement l’avenir.
Les Allemands ont pleinement pris conscience qu’il y avait dans leur culture des éléments induisant ce genre de comportement criminel. Ils se prémunissent, ils font attention. Ils sont devenus bien moins dangereux.
Les Japonais, rendus amnésiques par le négationnisme, ignorent leur propre dangerosité. Ils ne font pas attention. Ils ne se prémunissent pas. Ils sont donc CAPABLES DE RECOMMENCER.
Il faut donc encore et encore dénoncer leur attitude, qui ne menace pas seulement la Chine, mais la planète entière.
Quand à votre argument selon lequel cela arrange bien le gouv. Chinois, qui surfe sur le nationalisme, d’accord là aussi. Mais ne mélangeons pas tout, il faut régler les problèmes un par un.
Pour le Japon, c’est un combat d’avant-garde : on prépare l’opinion des enfants japonais, c’est-à-dire les 70 à 90 prochaines années.
Pour la Chine, c’est un combat d’arrière-garde : au fur et à mesure de l’arrivée au pouvoir des nouvelles générations, celles-ci seront tout naturellement obligées de renoncer à l’autoritarisme et au contrôle de tout. C’est d’ailleurs en train de se faire.
内外没有别
Petit point historique. Le nombre de trois cent mille morts est sans doute exagéré. Les études les plus fouillées donnent environ cent mille morts, ce qui est déjà monstrueux. Ces morts comprennent tous les hommes chinois en âge de porter des armes, car soupçonnés d’être des déserteurs de l’armée chinoise en déroute. Les japonais avaient décidé de ne pas faire de prisonniers. Les troupes japonaises ont ensuite eu quartier libre dans Nankin et se sont alors livré au hasard des rues à des viols, assassinats divers, pillages etc…Bien sûr, si l’on compte les victimes chinoises de toute la région de Nankin durant la période de la guerre, on arrive aux trois cent mille morts.
Autre petit point historique. Une étude que j’avais lu sur ce massacre de Nankin faisait allusion à des massacres de chinois plus importants aus Philippines, massacre commis aussi par les troupes japonaises. Mais ces communautés chinoises d’outre-mer ne sont défendues par personne (qui commémore la mémoire des cinq cent mille chinois massacrés en 1965 en Indonésie?).
Même si le gouvernement chinois utilise parfois de façon exagérée les tendances nationalistes, l’émoi devant des propos aussi scandaleux est compréhensible. Imaginons le scandale qui se produirait en Europe si un officiel allemand niait les morts d’Auschwitz devant le maire d’une grande ville européenne!
N’est-ce pas l’hôpital qui se moque de la charité ?
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Les Chinois ont subi des exactions de la part de japonais, c’est un fait, mais EUX, les Chinois, que font-ils aux populations dans les provinces qui veulent vivre comme il en on envie ? (et pas qu’au Tibet)
Ce n’est pas parce que certains Japonais sont négationnismes que tous vont recommencer ?
Est-ce pareil pour les Turques avec les populations qu’ils ont massacrées lors de la 1re guerre mondiale ? LES populations, car il n’y a pas eu que les Arméniens !
Je plaindrais les Chinois lorsqu’ils ne se comporteront plus comme actuellement dans les provinces. (pas toutes bien sûr) et pas QUE dans les provinces, dans les villes c’est pareil pour les habitants qui sont spoliés pour faire plaisir à des promoteurs.
Les Chinois ne seraient-ils pas entrain d’appliquer :
la paille dans l’œil du voisin et la poutre dans leurs dos ?
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C’est un grand classique le nuage de fumée sur ses exactions !
MOI… je
La vraie victime de cette attitude négationniste est le Japon de demain. S’il faut plaindre quelqu’un dans cette histoire, ce ne sont pas les chinois (trop tard), mais les Japonais de demain.
L’attitude de la Chine est aussi déplorable dans cette affaire, car ils laissent passer une occasion en or de se rendre victorieux du Japon en décrétant un pardon que le Japon ne demande pas. Une telle attitude, maintenant qu’ils ne sont plus en position de faiblesse, serait pourtant grandiose.
Quelle meilleure réplique aux négationnistes pourraient-ils trouver que de dire et rappeler « ce n’est plus la peine de vous fatiguer à dissimuler vos crimes passés, nous les avons pardonné et avons tourné la page » ?
Mais on n’apprend pas ça dans les hautes écoles occidentales dont sont issus les dirigeants chinois…
Je ne vois pas très bien le rapport avec les écoles occidentales dont seraient issus les dirigeants chinois. Ils étaient de la même nature quand ils étaient formés par les Soviétiques ou quand ils se formaient tout seuls!
J’ai toujours été frappé par l’incapacité chinoise de reconnaître la valeur de ses adversaires (ce n’est pas le cas du Japon. Dans les récits japonais sur la guerre russo-japonaise, les japonais reconnaissent le courage de leurs adversaires russes). J’étais en Chine au moment de la guerre que la République Populaire de Chine a mené contre le Vietnam (la ‘leçon », comme disait Deng Xiaoping). La propagande anti-vietnamienne atteignait des sommets de ridicule. Magnanimité et pardon ne sont pas des notions chinoises.
En ce qui concerne le Japon, il me semble clair que les autorités communistes gardent bien au chaud cette blessure nationale pour pouvoir la réutiliser le moment venu. En cas de difficulté intérieure, il est facile de rallumer un contre-feu et de détourner le mécontentement vers l’extérieur (c’est bien connu de tous les gouvernements, c’est toujours la faute des « groupes étrangers »).
@ Ankou.
L’attitude odieuse des autorités chinoises avec les minorités ne disculpe pas les Japonais. Vous pouvez par exemple reprocher à la France ses guerres coloniales, cela n’empêche pas Oradour d’être un crime. Pour ce qui est de la paille et de la poutre, je suis bien d’accord. Le massacre de Nankin, dans son estimation haute, ne représente que un pour-cent du bilan du Grand Bond en Avant…
Le rapport… C’était simplement pour anticiper ces réflexions, qui n’ont pas trainé à venir, sur l’idée que cette attitude aurait quelque chose de chinois.
Formuler un pardon, pour un pays « victime » (d’un fait précis), serait en fait une rupture quasi révolutionnaire par rapport aux attitudes standard. Hélas, la Chine ne fait que nous renvoyer en miroir des postures bien classiques.
Comparer une guerre avec une erreur n’a de valeur qu’en termes de chiffres.
Un « crime de guerre » (la guerre étant déjà un crime en soit, cette formule est gênante) est un crime. Le grand bond en avant est une faute de gestion. Que cette faute ait fait cent fois plus de victimes n’en fait pas un crime. Que je sache, le but du grand bon en avant n’était pas de tuer et d’affaiblir le pays.
On est d’accord que les coupables de cette faute devraient être mis en accusation et jugés. Mais il est logique que l’attitude chinoise vis-à-vis d’une faute interne ne soit pas la même que vis-à-vis d’un crime perpétré par une instance étrangère. Vous ne trouvez pas ?
Garder bien au chaud de tels faits, permet aux dirigeants de tous pays de détourner les problèmes que les peuples ont, c’est la version actuelle du :
« donner au peuple du pain et des jeux il vous laissera tranquille » !
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En France, nous avons le même détournement de la pensée, il n’y a qu’à voir le nombre de jeux en cour et lancé.
Pareil pour les retours sur la dernière guerre mondiale, il y a des villes qui inaugure encore des rues en les appelant : rue de la résistance, ou, ceux qui font des envolées lyriques sur : les heures noires de notre histoire.
Détourner les yeux du peuple est un grand classique !
MOI… je
Bien d’accord !
Intéressant, cette discussion, qui part un peu dans tous les sens. Ce n’est pas étonnant: le sujet est complexe, et quand on tire sur un bout du sac de noeuds, il vient des choses inattendues, des liaisons improbables comme, par exemple, entre le GBA et la guerre russo-japonaise…
Bon, dans tout problème complexe, il faut aller à l’essentiel, sinon on reste dans le flou, et on n’y comprend rien. Le passé n’a d’importance que s’il éclaire l’avenir. Et l’avenir, ce sont les jeunes. S’ils sont informés très clairement sur ce qui est advenu dans le passé de leur culture, ils pourront essayer d’éviter de reproduire les mêmes erreurs. Ils seront avertis. Si on leur cache ce qui s’est passé, ou si on le déforme, ces faits seront enfouis dans l’inconscient collectif, et pourront resurgir à tout moment.
C’est pour cela, et pour cela seulement, que l’attitude négationniste des autorités japonaises est un crime ACTUEL contre l’humanité toute entière. Que cela arrange bien les autorités chinoises ne change rien à l’affaire.
内外没有别
Est-on certain que la reconnaissance des crimes d’une culture par ses héritiers soit un vaccin efficace contre la récidive ?
Pour la première génération, cela semble une évidence.
Mais pour la seconde et les suivantes ?
Il ne faut pas perdre de vue non plus que les crimes et fautes ne résultent pas que d’un inconscient, comme une nature qui les déterminerait et serait une menace permanente. Cela revient presque à considérer qu’il y aurait des cultures méchantes et d’autres gentilles… et pire qu’il convient d’intervenir sur l’éducation des cultures méchantes pour en changer la nature.
Or, les crimes et fautes sont aussi très fortement déterminées par leur environnement. L’exemple du Nazisme est frappant à ce titre.
Pour l’affaire de Nankin, si le Japon n’est plus mis en situation de guerre, jamais les japonais ne reproduiront ces crimes.
Il est d’ailleurs un peu gonflé d’attribuer à tout un peuple des exactions dont un nombre limité de personnes sont coupables ?
C’est un peu ce qu’on fait avec cette idée d’importance de l’aveu d’un état sur l’inconscient collectif.
Autre point de vue…
En dehors de l’affront intolérable qu’il constitue envers les victimes, le négationnisme ne pourrait-il pas aussi éviter la récidive ?
« ces choses n’ont jamais existé car elles sont bien trop monstrueuses et nous rejetons la monstruosité » ne pourrait-il pas conditionner plus utilement l’inconscient collectif que « c’est notre grande faute et nous portons le poids de nos crimes » ?
C’est une réflexion.