L’artiste est prêt à se battre « jusqu’à la mort » pour ne pas céder à la pression des autorités chinoises, qui lui demandent 15 millions de yuans pour fraude fiscale.

81 jours de détentions dans un lieu inconnu sans contact avec l’extérieur, une interdiction de sortie de la ville, et une surveillance étroite de sa maison de Pékin, il en faut plus pour « briser » Ai Weiwei.
15 jours pour trouver 15 millions
L’artiste dissident a été sommé, mardi 1er Novembre de payer une somme de 15 millions de yuans, soit 1,7 millions d’euros, au fisc chinois. « L’avertissement dit que j’ai 15 jours pour régler, précise-t-il, ou ils peuvent me jeter en prison pour 7 ans ». Sauf qu’Ai WeiWei, fort d’un large soutien international et d’un certain goût pour le combat, ne « capitulera pas ».
Depuis son appartement, entourée de sa femme Lu Qing, et de spécialistes du droit fiscal, il se déclare prêt « à se battre jusqu’à la mort ». Et celui qui osait pointer son majeur vers place Tian’anmen (voir photo) tient à enlever à son combat toute dimension pécuniaire.
« Pas une question d’argent »
« L’argent, ce n’est pas la question. La question c’est : comment un état peut survivre quand il n’a pas de respect pour la loi, ni pour la discussion publique, quand il n’y a pas de procédure claire, ni de transparence », déclare-t-il au micro d’Al Jazeera.
En effet, d’un point de vue procédural, les autorités chinoises ne se sont pas montré particulièrement pointilleuses. Arrêté à l’aéroport de la capitale début avril, puis retenu sans jugement dans dans des conditions spartiates, Ai Wei Wei n’a de ses propres dires reçu qu’une « mise en demeure écrite sans une quelconque explication » concernant le redressement astronomique dont il est l’objet.
Fausse surprise
« Si c’est un problème fiscal, je paierai. Dans le cas contraire, je ne paierai pas. », clame le peintre, sculpteur, architecte et plasticien. Ai WeiWei feinte donc l’incompréhension, ironiquement : « Durant mes 81 jours, les policiers ne faisaient référence qu’à ma subversion du pouvoir de l’État. Je suis donc très surpris qu’aujourd’hui ils évitent de parler politique pour mettre en avant cet impôt», avait-il commenté lundi à l’AFP. « Nous avons demandé d’où venait ce chiffre, ils n’ont pas pu fournir une réponse claire ».
L’opposant de 54 ans se sent chargé d’« une sorte de responsabilité. Je ne me bat pas juste pour moi, mais pour beaucoup d’autres gens ». Une lutte qui s’impose désormais à celui qui avait participer à la création du « nid d’oiseau », le stade olympique de Pékin comme une évidence.
« Persecutions »
« Tous les ministères de cette Nation, les hommes et les femmes qui en font partie, n’éprouvent aucune honte à devenir les outils de la persécution du pouvoir politique». Une charge plus cinglante que jamais contre le Parti unique qui agit «au mépris de la morale et de la Justice».
Déjà, les réactions de personnalités internationales fleurissent sur les réseau sociaux, et en plein G20, censé fixé le sort de la zone euro et le soutien potentiel de la Chine, l’Allemagne a été le premier état à commenter cette nouvelle attaque.
La procédure à l’encontre de l’artiste «donne une nouvelle fois l’impression d’une persécution arbitraire des citoyens contestataires», a expliqué Markus Löning en charge des droits de l’Homme auprès du ministère allemand des Affaires étrangères dans un communiqué.
Reste à savoir si le le succès artistique, le soutien international ou les qualités de communications pourront faire plier un pouvoir qui en a muselé tant d’autres. « J’ai peur, déclare-t-il, mais la peur n’aide en rien. La seule chose qui peut m’aider, c’est que la vérité sorte au grand jour. »
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