Cette année, la plénière annuelle du PCC ouvre dans un contexte bien particulier : en marge de l’attribution du Nobel de la paix à Liu Xiaobo, les appels à la démocratisation politique se sont multipliés en interne. Mais il est peu probable que le PCC intègre la réforme politique au plan quinquennal qui sera voté à l’occasion.

La plénière annuelle 2010 du Parti Communiste Chinois s’est ouverte aujourd’hui dans un hôtel de l’ouest de la capitale, en présence de 204 membres du comité permanent du Parti, et de 167 suppléants.
Ces meetings de la plus haute importance qui décident de la cuisine interne du Parti se tiennent à huis-clos. Conséquence : les spéculation vont bon train chaque année.
L’un des points importants pour 2010 est l’avenir du vice-président Xi Jinping, connu depuis longtemps comme le successeur désigné de Hu Jintao à la tête de l’Etat, lors du changement de gouvernance en 2012. La confirmation de cette future passation de pouvoir devrait être donnée par la nomination du dauphin à la tête de la Commission Militaire Centrale, actuellement dirigée par Hu Jintao.
Mais les observateurs se demandent également comment se traduiront dans les décisions du PCC les prises de position en faveur d’une démocratisation de la Chine, venues de toutes parts ces derniers temps.
Outre l’attribution du Nobel de la paix par le dissident Liu Xiaobo la semaine dernière, depuis deux mois, des appels répétés et clairs du Premier ministre en faveur d’une réforme politique ont été censurés dans les médias gouvernementaux, mais repris par certains journaux locaux, et débattus sur le Web.
Et cette semaine, 23 anciens hauts-dignitaires du Parti ont mis leur grain de sel en appelant dans une lettre ouverte à en finir avec la censure, qu’ils jugent anticonstitutionnelle.
Wen Jiabao, un « beau parleur »?
Cependant, les vagues faites par ces appels dans la presse et sur le Web ont peu de chance d’atteindre l’hôtel pékinois où se réunissent les instances de décision du Parti.
Car si certains prônent une ouverture, – non pas pour remettre en cause le Parti mais au contraire pour relâcher un peu de la pression sociale montante et contribuer à le stabiliser -, les tenants de la ligne dure ont toujours pour eux une croissance économique dynamique qui, même sans être correctement répartie, assoie leur autorité.
Et une éventuelle manoeuvre de Wen Jiabao, qui tenterait de mettre en oeuvre ses récentes sorties démocrates, semble peu probable. Beaucoup ont estimé que le numéro 2 était un « beau parleur » et qu’il ne prévoyait pas d’appliquer ses dires, alors que d’autres ont suggéré qu’il essayait ainsi de gagner la sympathie de l’Occident pour obtenir son soutien dans la guerre des monnaies.
D’ailleurs, même s’il le voulait vraiment, l’homme ne pourrait pas faire les choses seul, alors que peu au sein de l’appareil semblent partager ses vues. Cependant, bien malin qui pourra s’en assurer à 100%, tant la cuisine du Parti est impénétrable.
Vers une transition économique?
Au niveau économique, il y aura en revanche bel et bien du mouvement, avec le 12e plan quinquennal qui sera adopté dans les prochains jours.
Selon les sources du South China Morning Post, un plan de plus de 4000 milliards de yuans (428,3 milliards d’euros) devrait être adopté, qui mettra notamment l’accent sur le développement des nouvelles énergies, des nouveaux matériaux, des technologies de l’information, de la protection de l’environnement, de la marine et de l’aérospatiale.
Parallèlement, la croissance de l’économie devrait être ralentie volontairement, au profit du nouveau concept phare de Hu Jintao, la « croissance incluante« ; une approche plus mesurée de la croissance économique, avec plus de répartition.
Les décideurs chinois pourraient donc bien être sur le point d’amorcer une transition économique majeure, qui verrait l’atelier du monde fabriquer des produits de haute technologie, et recentrer sa croissance économique sur sa consommation interne.
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