Le rachat prévu de Volvo par le groupe chinois Geely illustre la volonté des constructeurs du pays asiatique, désormais premier marché automobile mondial, de se doter des technologies occidentales de pointe pour conquérir la planète, selon des analystes.

Le géant américain Ford et l’un des premiers constructeurs chinois, Geely, se sont mis d’accord sur les conditions de la vente de Volvo avec une finalisation attendue au cours du deuxième trimestre 2010.
Cela devrait permettre à Geely d’améliorer son image et de gagner du temps pour séduire les clients étrangers.
« Geely cherche à obtenir ce qu’on appelle les +actifs invisibles+, c’est-à-dire une reconnaissance de la marque et une nouvelle technologie », souligne Fu Zhiyong, analyste chez Adfaith Management Consulting à Pékin.
Xia Ping, analyste à Shanghai pour la banque d’investissement Core Pacific-Yamuguchi, relève qu' »une technologie et des produits nouveaux dans sa ligne de production devraient être le moteur de sa croissance ». « C’est une stratégie pour beaucoup dans le secteur. Geely a juste précédé les autres », ajoute Xia.
Au début de l’année, la Chine a détrôné les Etats-Unis, frappés par la crise, comme premier marché automobile, profitant des mesures de relance gouvernementales.
Les constructeurs de la troisième économie mondiale veulent saisir cette occasion pour dépasser leurs frontières, en s’emparant des marques haut de gamme que leurs homologues occidentaux, en difficulté, sont disposés à céder.
En octobre, le groupe chinois Tengzhong s’est mis d’accord avec l’américain General Motors (GM) pour acquérir la marque de 4X4 de luxe Hummer. Mais les autorités chinoises n’ont pas encore donné leur feu vert.
Récemment, Beijing Automotive Industry Holding Co. (BAIC) a déboursé 200 millions de dollars pour certains actifs de Saab, la filiale suédoise de GM réputée pour sa fiabilité.
« L’acquisition de marques étrangères est l’un des moyens pour développer une compétitivité mondiale », note Mei Songlin, responsable des études à J.D. Power Asia-Pacific à Shanghai.
« C’est différent de la stratégie adoptée par la plupart des fabricants japonais et coréens, qui ont tendance à s’appuyer sur leur croissance organique », ajoute Mei.
Certaines sociétés chinoises, comme BYD et Chery, ont aussi choisi d’investir dans leur propre recherche et développement. Mais pour les experts, la route choisie par Geely devrait lui permettre d’aller plus vite.
Selon Mei, Geely a fortement progressé ces dernières années avec de bonnes ventes de ses propres modèles Free Cruiser et Vision, mais le groupe pourrait effectuer un bond en avant prodigieux avec Volvo.
« L’acquisition de Volvo est d’une importance capitale pour Geely. C’est certainement un signe encourageant alors que la société s’efforce d’atteindre son objectif de 50% des ventes réalisés à l’étranger », juge Mei.
Fu estime aussi que le passage du groupe suédois sous pavillon chinois ne devrait pas avoir d’impact sur son image.
« Volvo restera Volvo, la meilleure qualité reconnue dans le monde (…). Geely est parfaitement conscient de cette force », affirme-t-il.
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