A Pékin, un nouvel institut éduque les épouses chinoises contre le retour d’une concurrence traditionnelle : celle des concubines, nouveau « loisir » des riches chinois.

Le mois dernier, un « Institut des dames » a ouvert ses portes à Pékin. Son but : apprendre aux épouses trompées à se défendre contre les maîtresses de leur mari. Insolite ? Non, l’ouverture de cette école ne serait que la dernière manifestation en date du renouveau du concubinage, un phénomène chinois qui fait parler de lui depuis plusieurs années.
« Avoir une maîtresse c’est comme jouer au golf. Ce sont deux loisirs coûteux. » C’est le discours tenu par Jian au New York Times. Cet homme d’affaire de 42 ans entretient une liaison extra-conjugale avec une étudiante de 20 ans, relation qui lui coûte aux alentours de 4 500€ par mois.
Il est loin d’être le seul. Depuis plusieurs années, la presse chinoise regorge de faits divers impliquant des riches Chinois, des jeunes femmes et beaucoup d’argent. On parle du « retour des concubines ».
Le symbole d’un statut social
L’époque où l’entretien de plusieurs maîtresses était un signe de puissance et de richesse ne serait donc pas si lointaine ? Avec le développement économique des dernières décennies, le concubinage serait de nouveau d’actualité. Oubliée l’interdiction par Mao en 1949 de ce « reliquat du féodalisme ». Depuis plus de 50 ans, les concubines ont officiellement disparu. Mais aujourd’hui, si la pratique est toujours désapprouvée, elle est de plus en plus ostensible.
Depuis la fin des années 80, des « villages de concubines » sont apparus dans la plupart des grandes villes chinoises. Ces immeubles abritent de grands appartements où les jeunes femmes occupent leur temps entre leur garde-robe de marque et une technologie de luxe, en attendant la visite de leur amant. Dépendantes de lui et sans reconnaissance légale de leur existence, si l’homme les quitte, elles n’ont plus rien.
Jin Weizhi, ancien directeur général d’une compagnie d’Etat arrêté en 2000 pour corruption et détournements de fonds expliquait qu’« avoir des maîtresses ne répond pas seulement à des besoins physiques. Elles sont surtout un symbole de statut. Si vous n’avez pas plusieurs femmes, les gens vous méprisent. » Les « ernai », ou secondes femmes, seraient donc avant tout un signe extérieur de puissance, au même titre que la possession d’une voiture ou d’un appartement de luxe. Et à ce titre, elles se doivent de porter sur elles la richesse de leur amant.
Luxe et corruption
Le phénomène fait jaser en Chine comme à l’étranger. Dans les médias locaux, les histoires de corruption et de concubinage font souvent les gros titres. A en croire la presse et le gouvernement chinois, les deux vont souvent de pair. Le discours d’un officiel du comité central d’inspection disciplinaire en 2007 révèle que près de 95% des affaires de corruption d’officiels du Parti, ces dernières années, impliqueraient une voire plusieurs maîtresses.
Depuis, les faits divers rapportés par la presse d’Etat sembleraient le confirmer. De la destitution en février du ministre des chemins de fer Liu Zhijun, accusé de détournements de fond pour l’entretien de 18 maîtresses, à ce qu’on appelle désormais « l’affaire Guo Meimei », les histoires se suivent et se ressemblent.
A l’occasion, un officiel du parti s’insurge de ces pratiques « décadentes » et propose des mesures. Le gouvernement du Guangdong a annoncé en mars dernier la création d’un nouveau cours obligatoire à l’école primaire et secondaire. Ce programme permettrait de lutter contre la tentation du concubinage chez les jeunes filles en développant « l’estime de soi, l’autonomie et le développement personnel ».
Une occasion de profits
Loin de ces préoccupations, certaines entreprises usent du phénomène à des fins commerciales. Une agence pékinoise fermée en avril dernier proposait ainsi des rencontres entre étudiantes et « riches admirateurs » pour la modique somme de 600 000 yuans (70 000€). De l’autre bord, l’ « Institut des dames », ouvert cet automne à Pékin, propose aux épouses trompées une formation de contrôle des nerfs et de défense contre les maîtresses. Les deux semaines dans une villa avec un professeur particulier coûtent 100 000 yuans (12 000€).
« Décadence », « culture ancestrale » ou « crise morale », le phénomène du concubinage est avant tout, pour certains, une occasion de profits.
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Décadence, crise morale, n’importe quoi. Le renouveau du puritanisme en occident fait peur, je trouve.
Merci les ricains.
@ Gloss
Décadence ?
Ne soyons pas faux derche, c’est pareil dans nos sociétés ! Que sont les maîtresses si ce n’est pas la même chose avec un nom différent ?!
.
Il y a eu il y a plusieurs mois, un reportage sur les concubines en chine, nous y voyons des femmes (les légitimes) qui poursuivaient les concubines dans la rue et des avocats les conseillant.
C’était amusant à voir.
MOI… je
Vous m’avez mal compris. L’article emploie les mots « décadence » et « crise morale », c’est cela que je trouve dommage. Je sais bien qu’il y a la même chose chez nous, et c’est tant mieux que l’état laisse (en grande partie) libres les mœurs. Pourquoi, alors, venir taxer la société chinoise de décadente ? C’est cela que je questionne, c’est une attitude coincée et puritaine qui nous vient de l’influence des états-unis. Qu’ils gardent leur balai là où il se trouve et nous foutent la paix.
Interessant de lire les montants. Je connais des étrangers qui sont plus malins et payent moins pour avoir une fille. Comme 1000 à 2000 par mois. Par contre la relation est sincère, les filles souvent sont dans une position financière difficilel’étranger l’aide avec une vraie relations intime, pas pour la faire défiler comme trophée. J’ai des amis chinois qui vraiment ne savent pas s’y prendre..
Vieux Pékinois
Bah une relation d`argent, c`est comme quand ils vont voir les putes, ils paient, ils ont un peu de discussion, et ils consomment (sic).
La fille recoit l`argent, et elle est contente.
Evidemment, moins la relation est interessee financierement, plus elle doit etre interessee sous d`autres aspects.
Cet article ne taxe pas la société chinoise de « décadente ». C’est simplement le terme utilisé par quelques officiels et internautes chinois à propos de ce phénomène. De l’art de l’utilisation des guillemets…