Montpellier est désormais la seule ville au monde, en dehors de la Chine, à avoir érigé une statue de Mao Zedong, le « grand Timonier » chinois pourtant accusé de quelque 40 millions de morts… C’est l’héritage de Georges Frêche, qui a été respecté à la lettre malgré sa disparition en octobre 2010. De notre partenaire Rue 89

C’est Frêche, en effet, qui avait conçu ce projet de Place du XX° siècle dans sa ville de Montpellier, sur laquelle, en cours d’histoire accéléré, les visiteurs pourraient découvrir les statues géantes des « Grands Hommes » (et une femme) qui ont marqué le siècle précédent.
Les cinq dernières statues (Mao, Mandela, Nasser, Meir et Gandhi), oeuvres du sculpteur angevin François cacheux (décédé l’an dernier), ont été inaugurées mardi par le successeur de Georges Frêche à la tête de l’agglomération, le socialiste Jean-Pierre Moure.
Une cérémonie qui a été perturbée par un groupe de manifestants protestant contre la présence de Mao Zedong parmi les « élus ».
D’autres protestations ont visé la statue de Golda Meir, premier ministre d’Israël lors de la guerre des six jours en 1967, qui niait l’existence d’un peuple palestinien.
Cinq premières statues avaient déjà été installées (De Gaulle, Lenine, Roosevelt, Churchill et Jaurès), sans suciter d’intérêt particulier, comme le rappelait récemment le Midi Libre, en écho aux espoirs de Georges Frêche de voir des « centaines de milliers » de touristes se précipiter pour les admirer.
« Mao assassin »
Nicolas Bonzom, un journaliste montpelliérain, a raconté la scène ce mardi sur Twitter : les manifestants d’extrême droite criant « Mao assassin », les CRS et la police, la sécurité virile…
Le journaliste parle d’un « héritage de Frêche difficile à assumer ». Jean-Pierre Moure s’y essaye dans une interview au site local MLactu.fr :
« Moi j’assume complétement ces statues. Ce n’est pas une glorification de ces personnages, mais un hommage à l’Histoire politique du XXeme siècle, toutes les idéologies qui ont marqué et qui font que nous en sommes là aujourd’hui.
Bien sûr il faut mettre en place de la pédagogie derrière, et c’est ce qui va être fait avec les bornes numériques. Si j’étais professeur d’Histoire, j’y amènerais mes élèves, et des sorties pédagogique sont d’ailleurs prévues. On ne peut pas regarder le futur sans connaitre son passé. C’est une manière de remettre ce siècle en avant, c’est un siècle charnière. »
« Mao a sa part d’ombre »
Jean-Pierre Moure tente de justifier le choix de Mao en répondant à la comparaison avec Hitler, figure centrale du XX° siècle par excellence, qui, par exemple, n’y est pas :
« On nous a dit Mao, mais pourquoi pas Mussolini ou Hitler. Mais ça n’a rien à voir. Certes Mao a sa part d’ombre et il est sans doute responsable de millions de morts. Mais c’est aussi celui qui a créé un mouvement de libération coloniale, qui a rendu l’indépendance à son pays et bien d’autres choses. Il faut regarder l’Histoire dans son ensemble, sans se bander les yeux. Et pour Mussolini et Hitler, cette volonté de libération humaniste n’existe pas dans le fascisme et le nazisme. »
Passons sur le fait que Mao n’a pas « rendu l’indépendance » à la Chine, mais dégommé ses ennemis du Guomintang de Chiang Kai-Chek pour créer la République populaire en 1949…
Passons encore sur le fait que « libération humaniste » appliqué au maoïsme ferait pleurer ceux qui, parmi les Chinois, ont souffert dans leur chair des méthodes maoïstes (Grand bond en avant, révolution culturelle…).
Mais cette idée que l’érection des statues de personnages que l’on n’approuve pas nécessairement permette d’enseigner l’histoire est un bien étrange raisonnement, sans doute applicable à un musée, mais pas vraiment à l’espace public.
Au moment où le discours de François Hollande sur les crimes de la France de Vichy tente de regarder l’histoire en face, non sans susciter des polémiques, comment espérer une meilleure approche de la connaissance de l’histoire si tout le monde a sa statue à égalité face à l’histoire, despote ou libérateur, autocrate ou démocrate ?
Une solution de compromis pour Montpellier serait de remplacer ces dix statues par une seule, celle de Georges Frêche, qui était tout cela à la fois…
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Utiliser des fonds publique pour honorer la mémoire d’un homme qui a libéré son peuple pour la soumètre a la plus grande dictature au monde est honteux.
Mais sans dictature, pas d` `unite ethnique` , donc dislocation potentielle de l`Empire.
C`est un point important.
Je ne comprend pas, ManuBJ.
La Chine cultive les différences ethnique, les entretient, voir les favorise.
Alors quel est ce mystérieux point important que tu veux soulever ?
Sinon, commercialement, Je ne serais pas surpris que Mao soit parmi les statues choisies celles qui attirera le plus l’attention. La preuve.
Or, pour que cette idée de place serve à quelque chose, la première des condition est qu’on en parle.
Quand à ceux qui ne comprennent pas la différence entre Mao et Hitler… Bon, on en a déjà parlé 1000 fois, on ne va pas recommencer.
Mais pour rester dans le contexte, il y a en Chine beaucoup de statues de Mao. Je ne crois pas qu’on trouve des statues d’Hitler en Allemagne ou même ailleurs. L’histoire a donc jugé.
Mr. Frêche n’est pas responsable de l’Histoire.
Mao a-t-il marqué le 20ième sciècle ? A coup sûr oui.
On peut faire le paris aussi que plus de chinois se sentiront flattés qu’offensés par cette statue.
Alors… où est le problème ?
Voir la France honorer un homme qui a instauré l’unicité ethnique au prix de la l’unicité culturel est un comble. Etant moi même issu de plusieurs (cantonais, hakka et teochew) minorités ethniques ce que je constate c’est la disparition de cette richesse culturelle au « profit » d’un mandarin d’union national imposé. (Je sais de quoi je parle étant marié à une femme du nord)
Mao a t’il marqué le 20 siècle? oui a coup sur! Mais le pb est que la différence de point de vu est ici plus discutable que Mandela ou Gandhi.
J’admet que ma vision est subjective vis a vis de mao pour des raisons perso.
Unicité ethnique ? Il y a tout au plus une langue nationale imposée. On est vraiment loin, très loin d’une unicité ethnique ! D’autant langues ethniques et patois locaux sont parfaitement tolérées et prédominent dans la vie de tous les jours.
Il est possible, probable même, que dans les villes l’identité de la ville s’impose et efface les diversités ethniques. Sur cet axe (l’unicité ethnique), le développement et la globishisation de la TV fait plus de ravages que Mao a pu en faire. Mais dans les campagnes, ces discours sur l’unicité ethnique me semble complètement surréaliste. Vous confondez la Chine et la France il me semble.
Encore qu’une bonne partie des Français considèrent que la « lutte contre les communautarismes » est insuffisante en France.
Je précise que je connais aussi, et tient en très haute estime, plus d’une personne qui déposeraient volontiers un étrons sur chaque statue de Mao. Mais qui de ces statufiés, à par peut-être Gandhi, serait incontestable ?
On ne demande pas de leur vouer un culte !
Il est vrai que la Chine respecte plus les identites regionales que la France ce ne l’a faite. Qui etudie encore aujourd’hui la pourtant tres riche litterature occitane?
En tout cas, ça amuse les petits rigolos qui ont détourné cette statue dans ce tumblr :
http://maoamontpellier.tumblr.com/
Bonjour Jean,
Tu disais :
`Je ne comprend pas, ManuBJ.
La Chine cultive les différences ethnique, les entretient, voir les favorise.
Alors quel est ce mystérieux point important que tu veux soulever ?`
Il n`y a pas de mystere, si on avait laisse le choix en 1949 au peuple (je parle surtout ici du Xinjiang, du Tibet et de Mongolie Interieure) le peuple n`aurait surement pas choisi Mao, avec autant de complaisance.
Ce que je veux dire, c`est que ca s`est fait par la force des baïonnettes, et pas par la volonte du peuple..
Par la force des baïonettes, c’est l’unité nationale. Rien à voir avec l’unité ethnique.
Ce n’est pas le peuple qui a été contraint.
Il a au contraire été utilisé. Instrumentalisé, comme on dirait de nos jours où ces mêmes pratiques ont toujours cours sous d’autres formes.
Mao a au contraire « vendu » le maintient de la diversité ethnique pour conquérir l’unité nationale.
« C’est un point important ».
Ce qui était sans nul doute indispensable en phase de conquête est un véritable défi en phase de gestion. La diversité ethnique est un angle d’attaque privilégier, sous toutes latitudes et longitudes pour casser les empires, c’est exact.
Dans une telle situation, un gouvernement Français lutterait de toutes ses forces « contre les communautarismes ». Mais les chinois n’ont pas le réflexe de prendre les problèmes à leurs sources et ils se contentent de faire face aux effets de la diversité ethnique. Ils sont dans le curatif. Pas dans le préventif. Mais on ne les refera pas.