Le mystère entourant la maladie du numéro six chinois Huang Ju, qui attise les rumeurs, illustre le secret persistant cultivé par l’élite politique de la Chine communiste, malgré la volonté affichée de transparence du gouvernement. Un porte-parole du gouvernement chinois a indiqué jeudi ne pas disposer d’information nouvelle sur Huang Ju, dont la mort a été annoncée puis démentie mercredi.

La Chine avait annoncé en mars 2006 la maladie de Huang Ju, 68 ans, membre du comité permanent du bureau politique du Parti communiste, le centre du pouvoir, et vice-Premier ministre chargé de l’économie, sans en préciser la nature.
Sa dernière apparition publique remonte à mars lors de la session annuelle du Parlement à Pékin.
« Je n’ai pas de nouvelle information à ce sujet », a déclaré aux journalistes le porte-parole du Conseil d’Etat (gouvernement) Guo Weimin.
« Ce qui devait être dit a été dit », a-t-il ajouté, faisant référence à la déclaration d’un porte-parole anonyme du gouvernement, cité mercredi soir par une chaîne de télévision de Hong Kong, après que des médias eurent fait état de la mort de Huang d’un cancer, dans un hôpital de Pékin.
M. Guo a affirmé que, malgré la volonté du gouvernement chinois de renforcer la transparence dans la communication officielle, il n’y avait aucun réglement spécifique concernant d’éventuelles informations sur la santé des puissants du pays.
« La tradition en Chine est le secret absolu: garder secret l’état de santé des dirigeants afin d’éviter toute instabilité politique provoquée par des problèmes de santé », relève Shi Hongyi, professeur à l’Université du Peuple de Pékin.
Sous la Révolution culturelle, peu de choses avaient filtré en Chine sur la santé déclinante de Mao Zedong, décrite des années plus tard dans un livre publié à l’étranger et rédigé par son médecin personnel, Li Zhisui, réfugié aux Etats-Unis.
Des années avant le décès de Deng Xiaoping, en 1997 à 92 ans, si de nombreuses rumeurs circulaient, l’information officielle se ramenait invariablement à la phrase: « il est en bonne santé pour un homme de son âge ». Deng était atteint de la maladie de Parkinson et de problèmes pulmonaires.
Jeudi, dans la presse chinoise, le sujet Huang Ju n’était pas abordé.
Selon le professeur Shi, l’intérêt pour la santé du vice-Premier ministre est également dû à son appartenance à « la clique de Shanghai » de l’ancien président Jiang Zemin, une faction dont l’actuel numéro un chinois Hu Jintao a tenté de réduire l’influence au long de son mandat.
« S’il avait d’autres liens (politiques), peut-être qu’on ne s’intéresserait pas autant à lui », dit-il.
Certains analystes soulignent de toute façon que sa fin politique est proche, en raison de son âge.
« Sa santé est de plus en plus mauvaise et on s’attend à ce qu’il se retire du comité permanent au prochain Congrès », dit Joseph Cheng, spécialiste de la politique chinoise à City University de Hong Kong.
Le prochain Congrès du Parti communiste chinois, à l’automne, doit confirmer un nouveau mandat de cinq ans pour Hu Jintao, président et numéro un parti.