Le débat semble frivole, il est sûrement politique. Comme Larry Flint qui défendait la pornographie de son magazine « Hustler » au nom de la liberté en Amérique, de nombreux internautes chinois choisissent le sexe pour braver la censure. Dernier exemple avec Hai-Rong Tian Tian, jeune blogeuse qui déclenche un nouveau scandale.

Certes, la jeune fille, de la minorité Tujia, n’hésite pas à payer de sa personne sur son blog pour attirer les visiteurs. Mais elle va plus loin. Elle demande à ses lecteurs une forme de réciprocité en envoyant une photo de leur intimité. Au repos, précise-t-elle, en donnant dans la presse chinoise une explication à cette idée : « Je me demande toujours pourquoi nous les femmes, avons un si mauvais statut social… Pourquoi des femmes jeunes, jolies et talentueuses en Chine, et pourquoi elles sont soumises comme cela… Je pense que cela vient de l’opinion que les femmes ont des hommes et je voulais en étudier la racine… Alors j’ai décidé que tout venait du sexe, les chinois typiques font l’amour pour eux, pour leur pénis, pour leur plaisir… J’ai alors voulu étudier ça… »
Comme pour Mu Zimei (la « souris d’acier » qui racontait sa vie sexuelle très débridée en 2003) ou Furong Jiejie qui posait nue sur son blog, Hai-Rong Tian Tian déclenche des débats furieux dans les médias chinois. Sur son blog aussi, les insultes fusent parfois, même si elle affirme que plus de 2000 mâles se sont déjà prêtés au jeu.
Au même moment, les autorités chinoises annoncent une nouvelle réglementation, destinée à limiter encore un peu plus la liberté d’expression sur internet. Notamment la pornographie. Le ministère de la propagande souhaite supprimer l’anonymat sur l’internet chinois. En clair, il faudra désormais donner ses papiers d’identités à son fournisseur d’accès avant de pouvoir ouvrir un blog. « Dans un pays où l’on peut passer 10 ans en prison pour quelques messages publiés sur le Net, tenir un blog politique sous son vrai nom est une activité à risque » a réagit Reporters sans frontières, situant le véritable enjeu de cette réglementation.
Face aux critiques, le secrétaire général de la Société Internet de Chine (organe officiel rattaché au ministère de la propagande) Yang Junzuo à justifié le projet de trois façons : une baisse des attaques personnelles et diffamatoires, un échange d’identité plus rapide et une diminution de la surcharge des serveurs…
Les autorités chinoises estiment d’ailleurs qu’il devrait en être ainsi partout dans le monde. « Le droit à la confidentialité est trop absolu actuellement. Le monde entier et pas seulement la Chine devrait réaliser la nécessité d’équilibrer la liberté individuelle avec les intérêts publiques et nationaux », indiquait Hu Qiheng, chef de la SIC.
« La liberté d’expression sur le net ne veut pas dire donner de fausses informations. Le système va rendre les internautes plus responsables » ajoutait Yang Junzuo. Ces deux-là sont sur la même longueur d’onde…
Hu Jintao, le président chinois, va plus loin, il veut que « la jeune génération grandisse dans un environnement où l’internet est convivial ». Officiellement, cette convivialité exclue la pornographie, qui a le mérite d’occuper les éditorialistes, et la « propagation de fausses rumeurs ». Mais en réalité, ce sont les sites comme BBC ou Wikipedia qui en font les frais.
