Un nouveau rapport du Centre national de l’enfance tire la sonnette d’alarme: près de 10% de Chinois de moins de 17 ans souffrent de troubles du comportement. Le suicide est devenu la première cause de mortalité chez les jeunes en Chine.
C’est un constat alarmant qui est dressé dans ce rapport pour ce pays qui connaît la plus forte concentration d’enfants et d’adolescents au monde: 346 millions de Chinois ont moins de 17 ans. Près de 10% d’entre eux, soit 30 millions d’enfants, souffrent de troubles affectifs et du comportement. L’information provient d’un nouveau rapport du centre national de l’enfance.
Le document vient renforcer les études déjà effectuées sur l’état psychologique des jeunes Chinois. Une récente étude, menée par le Centre de prévention et de contrôle des maladies, a montré que 17,4% des collégiens interrogés avaient « sérieusement pensé » à se suicider et 8,2% d’entre eux l’ont planifié. Des chiffres qui donnent froid dans le dos. Car on dénombre également 2,5 à 3,5 millions de tentatives en Chine. « Les problèmes mentaux sont devenus un facteur clé affectant la santé des jeunes Chinois, et la situation empire » a indiqué Cong Zhongxiao, député directeur du centre. C’est surtout dans les campagnes que le taux de suicide est important.
Pour les spécialistes la raison première vient du développement économique et social rapide du pays. « La société est pleine de pression et de compétition. Les jeunes personnes qui manquent d’expérience pour gérer ces difficultés ont tendance à déprimer. » a expliqué Liu Hong, un psychiatre pékinois. Réussite scolaire, carrière, relations, les attentes sont importantes et la pression parfois trop forte.
La publication du nouveau rapport est l’occasion de rappeler aux autorités l’ampleur du problème. Actuellement, le système de santé n’est doté que d’un faible budget, surtout dans le secteur de la psychologie. En 2005, « la Chine ne comptait qu’un psychiatre pour 100 000 personnes. C’est 20 à 30 fois inférieur aux taux européen ! » s’est alarmé Norman Sartorious, ancien directeur du programme de santé mental à l’OMS.
L’évolution du problème tient aussi au changement nécessaire dans la perception de l’aide psychologique. Selon le rapport, la plupart des jeunes dépressifs n’ont jamais envisagé de consulter un médecin. La dépression est encore stigmatisée en Chine et rarement vue comme un problème d’ordre médical.
Le rapport insiste aussi sur le rôle de l’école et des différentes organisations des affaires sociales dans le but de prévenir les troubles psychologiques que pourrait connaître la jeunesse chinoise.