« Yangsheng » signifie se maintenir en bonne santé. Récemment ce concept est vraiment devenu à la mode en Chine, conduisant parfois à de redoutables escroqueries.

L’été en Chine rime avec soleil et grandes chaleurs partout dans le pays. Mais pas seulement. Cet année, une autre vague de chaud, celle du « Yangsheng » s’est répandue.
Les Chinois font de plus en plus attention à leur santé et se précipitent sur toutes les bonnes recettes. Les émissions de télévision ou de radio à ce sujet se multiplient, comme les « écoles », derrière lesquelles il y a un grand « maître », un médecin miraculeux qui fait fureur. Chacun a ses « secrets » de santé qui sont parfois un peu trop faciles à suivre.
Un changement de qualité de vie
La santé et la longévité obsèdent beaucoup les Chinois. Il y a plus de trente ans, à une époque où l’on ne pouvait pas encore manger à sa faim, on ne parlait pas de « yangsheng ».
Mais aujourd’hui, la situation a changé et les Chinois cherchent une meilleure qualité de vie.
Dans beaucoup de grandes villes comme Pékin, Shanghai ou Tianjin, le vieillissement de la population est déjà visible. A Pékin, 15% de la population a plus de 60 ans, selon un rapport du bureau de vieillissement social.
Dans cette société vieillissante, les gens s’efforcent de rester en forme, en appliquant des principes de « yangsheng ».
Mais les personnes âgées n’en sont pas les seuls adeptes : beaucoup s’y intéressent avant la quarantaine. La santé devient une préoccupation importante, pour des raisons variées : mauvais rythme de vie, pression de travail, pollution de l’environnement, etc.
Les pièges
Du coup, on trouve partout des publicités, des articles et des bons conseils pour préserver sa santé. Et certains en profitent, avec succès, pour proposer n’importe quoi.
Zhang Wuben, un homme de 47 ans, est un ancien ouvrier pékinois qui a étudié, seul, la médecine chinoise . Sa consécration est due principalement à l’engouement fantaisiste d’une chaîne de télévision de la province de Hunan. Pendant une dizaine d’émissions, il a donné des « cours » aux spectateurs, qui ont manifestement adoré …
« L’hypertension, le diabète, l’insomnie, la myopie, même le cancer… Tout ça c’est parce qu’on n’a pas correctement mangé ! », a ainsi martelé Zhang Wuben . Son dogme ? « On se guérit en mangeant ! ». Mais qu’est-ce qu’il faut manger ?
M. Song, un des fidèles de Zhang a cru profondément que chaque jour, avec des aubergines, des radis blancs crus et la soupe de petits pois, ses cellules allaient être renouvelées. Et il n’est pas le seul : du coup, le prix des petits pois a doublé depuis trois mois.
Ses fans l’ont suivi avec ardeur…jusqu’à l’hôpital : ces « secrets » de santé les ont rendus malades… Dans un reportage de BTV (chaîne pékinoise), un garçon de cinq ans attend son tour avec sa mère. Ce petit patient avait souffert de diarrhée après avoir mangé des loches d’étang qui , selon le livre de Zhang, « La sagesse pour ne pas tomber malade » guérissent tout.
« Pourquoi tu en as mangé ? », lui a demandé la journaliste. « Parce que maman a dit que c’était bien… », a t-il répondu. D’après ce reportage, beaucoup de gens faisaient la queue pour les mêmes raisons.
D’autres médias ont invité des médecins chinois qualifiés, qui ont eu vite fait de dénoncer les traitements fantaisistes de Zhang Wuben. Aubergines, petits pois et des loches d’étang pourraient avoir des effets positifs dans certains cas. Mais cela dépend de beaucoup de facteurs : la personne, la maladie, le temps, etc. En plus, selon eux, une chose poussée à l’extrême évolue nécessairement vers son contraire.
Début juin, le cabinet de Zhang Wuben a été fermé et ses fans se réveillent petit à petit en lui intentant un procès.
La thérapie diététique toujours moins chère que les soins médicaux
La réforme de la santé avance péniblement en Chine. L’assurance-maladie est loin de couvrir toute la population. Il est toujours très coûteux pour un Chinois moyen d’aller à l’hôpital et de voir un médecin. La santé reste avant tout une question d’argent. Les gens sont donc facilement tentés par une méthode plus économique : avec la thérapie diététique, comme disait Zhang Wuben, « on se guérit en mangeant ».
Aubergines, petits pois, radis blancs.. la nourriture est aujourd’hui abordable pour la grande majorité. Même si le prix des légumes ne cesse d’augmenter, en manger reste toujours moins cher que d’aller voir un médecin. Les méthodes miraculeuses ont donc encore de beaux jours devant elles en Chine .
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