Législatives : les couacs du vote par Internet

« Zone Asie essai vers 21h30 heure locale Apres une galère pour télécharger Java, une fois réussi, j’ai essayé à maintes reprises le numéro d’id plus mot de passe. Voilà le message d’erreur avec une belle faute : les certificats FOURNITS ne forment pas une chaine de certificats. » Des témoignages comme celui-ci, ils sont plusieurs centaines à fleurir sur les forums. Le premier jour du vote par internet aux législatives n’est pas franchement un succès. Problèmes techniques, d’identification… L’opération apparaît bien compliquée pour les électeurs qui se sont laissés tenter par le vote électronique. Pourtant, l’idée était séduisante, et devait permettre, en théorie, à un plus grand nombre de Français de voter. Mais les enthousiastes ont vite été refroidis. « Aujourd’hui à midi j’étais prête pour être l’une des premières à voter. J’avais bien reçu mes identifiants, mais le moment venu, impossible de me connecter. Un message d’erreur s’affiche. J’appelle alors l’assistance qui me dit qu’ils font face à un problème technique, et que je peux retenter le soir. J’ai également reçu un mail avec une notice à suivre pour résoudre le problème, mais rien n’a changé. Je vais retenter le coup demain. J’avoue être déçue et j’espère que je n’aurai pas à me déplacer ! », témoigne ainsi Julie B, sur le site spécialement mis en place par le Parti pirate (PP) pour recueillir les témoignages des dysfonctionnements de l’élection par Internet.

Risque d’irrégularités

Le PP est d’ailleurs monté au créneau très tôt dans cette campagne. Pour la première fois en France, le parti présente des candidats à ces législatives. Et en profite pour dénoncer les risques d’irrégularité soulevés par le voté électronique. Dans un communiqué, le PP souligne « une opacité du vote des quelque 700 000 citoyens français installés à l’étranger appelés à voter par Internet à partir du 23 mai pour élire les 11 députés qui les représenteront à l’Assemblée nationale, ainsi que l’abandon du contrôle des élections à des sociétés privées ». Car l’Etat a choisi une société espagnole, Scytl, pour prendre en charge le recueil des bulletins et l’ouverture et la fermeture des urnes virtuelles. Autrement dit, les éléments essentiels de ce vote. Et sous prétexte de garantir le secret industriel, les délégués des candidats, « habilité[s] à contrôler les opérations de vote par voie électronique » n’ont pas eu accès au code-source de l’application utilisée.

Problème d’identifiants

Et au-délà des possibles manipulations techniques, c’est toute la sécurité du scrutin électronique qui est pointée du doigt. Car rien ne peut garantir que les ordinateurs utilisés par les électeurs ne seront pas piratés. Autre problème : l’envoi de l’identifiant et du mot de passe. De nombreux électeurs se sont plaints d’avoir reçu leur mot de passe dans un mail non crypté, voire par SMS. Impossible dans ces cas là de ne pas redouter un vol de ces données. Un internaute évoque même un cas de figure sans doute négligé lors de la mise en place du système : « Hier lors d’une rencontre publique avec un candidat, une femme a expliqué que son fils étant décédé dans l’année, il est toujours inscrit et elle a reçu son identifiant et son mot de passe vu qu’elle a son e-mail. Pour le coup, on va réellement faire voter les morts ! » Sans aller jusque là, certains électeurs se sont plaints d’avoir reçus identifiants et mots de passe pour le voté électronique alors qu’ils n’en avaient pas fait la demande préalable. Et d’évoquer la possibilité de voter par Internet, avant d’aller faire un petit tour au bureau de vote pour un deuxième suffrage… Ou, à l’inverse, certains Français de l’étranger n’ont jamais reçu leur identifiant par voie postale, et ne pourront donc pas voter par Internet. Et il est désormais trop tard pour s’inscrire au vote par correspondance.

Pour ceux qui le souhaitent, le vote électronique reste possible jusqu’au 29 mai à 12h (heure de Paris)