Depuis quelques semaines, le prix de vente de certains légumes a baissé de façon spectaculaire, tandis que leur prix en rayon est resté constant. Alors que le gouvernement cherche des solutions, la situation est grave pour de nombreux paysans.

On savait que la vie n’était pas facile pour les paysans chinois, qui n’ont pour la plupart pas encore récolté les fruits du récent développement de leur pays.
Mais ces dernières semaines, dans certaines régions, la situation a soudain pris un tournant dramatique. A tel point que l’on a vu des paysans des régions de Pékin, Shanghai, du Shandong, Zhejiang et du Henan détruire intentionnellement des tonnes production.
Et pour cause : selon le ministère du Commerce, le prix moyen de 18 sortes de légumes a baissé de 9,8% rien que la semaine dernière, et de 16,2% sur les trois dernières semaines.
L’exemple du choux est significatif. Alors que les agriculteurs pouvaient vendre le kilo à 2 yuans il y a un an, ils ne peuvent désormais en obtenir que 0,1 yuan!
« Les trois mu (0,2 hectares) de choux chinois me coutent 4500 yuans (472 euros) à cultiver, explique Xu yuguang, un agriculteur du Shandong, à l’agence de presse Xinhua. Mais aujourd’hui, je ne les vend au total que 2100 yuans (220 euros)« .
Les pertes sont donc astronomiques, et beaucoup auront du mal à s’en relever. C’est d’ailleurs ce qui a poussé un agriculteur de Jinan, également au Shandong, à se donner la mort le 16 avril, provoquant l’émoi de l’opinion publique chinoise.
Pour résoudre la crise, la prise de chou des autorités
Paradoxalement, cette situation n’a pas fait baisser le prix du choux pour les consommateurs. Celui-ci a même plutôt subit l’inflation, comme nombre d’autres produits.
« Les deux extrémités pleurent, les intermédiaires rient – c’est comme cela que l’on pourrait décrire la chaîne de distribution agricole chinoise aujourd’hui« , explique au South China Morning Post Li Guoxiang, professeur à l’Institut du Développement Rural de l’Académie des Sciences Sociales de Chine.
Mais de nombreux autres facteurs rentrent en jeu, qui rendent la tâche difficile pour le gouvernement : d’abord, l’augmentation significative du prix de l’essence, qui a un impact sur le coût des transports.
Ensuite, un hiver relativement clément qui a permis de très bons rendements, associé à une mise en déséquilibre du marché par la spéculation, selon le site Business China.
Le gouvernement a donc commencé à prendre des mesures d’urgence, notamment en ordonnant à diverses administrations et écoles de se fournir en choux des régions sinistrées pour aider les agriculteurs à se débarrasser de leur surplus.
Il pourrait aussi s’agir, dans les prochains mois, de favoriser la mise en place de circuits courts, et d’inciter les supermarchés à ne plus faire payer aux producteurs l’accès à leurs rayons.
Le ministère du commerce a également déclaré qu’il aiderait les agriculteurs à établir un système d’assurance pouvant fonctionner en cas de crise.
L’Etat devra en tout cas trouver des solutions viables sur le long terme. Des économistes mettent en effet d’ores-et-déjà en garde contre la tentation de nombreux agriculteurs de beaucoup moins planter cette année, ce qui pourrait entraîner, pour l’année prochaine, le phénomène inverse!
A voir en vidéo : Faute d’abeilles, les paysans du Shaanxi pollinisent
A voir également, le diaporama photo du site 163.com avec des paysans du Shandong
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