Nous sommes en 2013 : la Chine est devenue la première puissance économique mondiale, et bat tous les records dans l’index du bonheur… C’est de la politique fiction, mais attention, ce scénario du roman « Les Années fastes » est sacrément réaliste, comme nous l’explique Pierre Haski de Rue89

Chan Koonchung, 59 ans, l’auteur de ce livre troublant, est originaire de Hong-Kong, et vit aujourd’hui à Pékin. Pour autant, son livre n’est pas en vente en Chine continentale, et se diffuse sous le manteau et sur le Web.
Ecrit en 2009, son scénario est incroyablement actuel : la Chine, écrit-il, traverse sans encombre la crise financière de 2008-2009, et profite d’une rechute brutale des économies occidentales en 2011 pour devenir la première puissance mondiale, notamment en forçant les Chinois à « acheter chinois »… Ça vous rappelle quelque chose ?
Au passage, après un mois de chaos dans le pays, le Parti communiste chinois renforce sa dictature, et, par un tour de passe-passe qui appartient à l’univers du roman et dont il serait cruel de révéler ici la nature, transforme les Chinois en non-citoyens heureux et amnésiques d’un pays prospère et respecté, entré dans son « âge d’or ».
Une poignée d’irréductibles
Tous, sauf une poignée d’irréductibles, qui tels des Astérix chinois, résistent à ce lavage de cerveau qui fait oublier tous les mauvais souvenirs du passé (le maoïsme, la révolution culturelle, le massacre de Tiananmen…), et refusent cette prospérité qui se paye cher en libertés et en morale.
Ce scénario est d’autant plus troublant qu’il est extrêmement réaliste. Tous les éléments historiques sont bien réels, les références historiques, les lieux, les personnages, les situations. La documentation est impeccable et la toile de fond respectée, ce qui rend la lecture fascinante pour toute personne un peu familière avec la Chine.
Le programme économique est même ingénieux, puisque, dans ce pays où l’épargne est massive, les dirigeants contraignent les Chinois à convertir une partie de leurs économies en achats de produits « made in China » pour relancer l’économie, sous peine de la perdre définitivement. De quoi compenser la perte des marchés d’exportation en chute libre avec l’effondrement de l’Occident…
Et là où commence la politique fiction, on reste dans un scénario orwellien qui est, là encore, du domaine du possible dans les grandes lignes. J’employais le mot « troublant » car il est convaincant : on termine ces pages, et en particulier la longue explication d’un dirigeant du Parti communiste sur la stratégie suivie, en se demandant s’il n’a pas raison, si le modèle capitaliste autoritaire n’est pas en train de gagner à la faveur de l’effondrement de sa version libérale occidentale.
Que pense réellement Chan Koonchung ? Nous lui avons posé la question lors de son passage à Paris en novembre, lors d’une rencontre organisée par Rue89 et le Centre d’études et de recherches internationales (Ceri) de Sciences-Po.
« En 2013, dans mon livre, les dissidents sont marginalisés, mais la plupart des gens sont assez heureux. C’est un paradis artificiel, mais quand vous vivez dans un paradis artificiel pendant un moment, vous oubliez qu’il est artificiel.
Pendant longtemps, les Chinois ont eu le choix entre un bon enfer et un mauvais enfer. Maintenant, le choix est entre un bon enfer et un faux paradis. Si j’étais confronté à ce choix, je choisirais le faux paradis. Vous pouvez vivre bien dans le mensonge.
Si vous regardez vers le passé, vous êtes tout le temps malheureux à mener une bataille perdue contre l’Etat. Il faut apprendre à fermer un peu les yeux et tourner le regard de l’autre côté. Autrement, vous êtes tout le temps malheureux. »
Une vision cynique mais réaliste
Ça peut sembler cynique et pas très glorieux, mais ce marché – moins de liberté, plus de prospérité – correspond peu ou prou au contrat social que les dirigeants chinois proposent à leur peuple, et en particulier à la classe moyenne émergente et aux intellectuels depuis une quinzaine d’années, depuis qu’ils ont surmonté leur grande frousse de Tiananmen en 1989.
Dans la vraie vie, ceux qui s’y refusent sont laminés, à l’image du prix Nobel de la paix Liu Xiaobo, qui croupit en prison, ou d’autres intellectuels dissidents comme Yu Jie qui vient de s’exiler aux Etats-Unis après des pressions et des tortures qu’il a jugées insupportables.
Chen Koonchung respecte ces hommes qu’il décrit comme « courageux », et reconnaît que le mélange de méthode douce et dure contre les dissidents ne marche « pas à 100% »… Pas plus qu’aujourd’hui le Parti communiste n’arrive à contrôler réellement l’opinion publique qui s’exprime sur Internet ou par des manifestations violentes.
Mais sur le fond, l’émergence du modèle de capitalisme autoritaire chinois, concomitant avec un réel affaiblissement du monde occidental présente aux dirigeants de Pékin une réelle opportunité de créer cet « âge d’or » imaginé par l’auteur de fiction.
Chan Koonchung relève que les mentalités ont changé en 2008, l’année des Jeux olympiques de Pékin ET de la crise des subprimes.
« Les gens ont commencé à se demander : et si l’Occident n’était pas aussi fort que nous le pensions… Et si la “voie chinoise” était la meilleure, elle a aussi ses bons côtés. »
« La Chine de demain, qui existe déjà »
Dans sa préface à l’édition française du livre, la sinologue britannique Julia Lowell analyse :
« Dans “Les Années fastes”, Chan Koonchung décrit la Chine, de demain qui, par certains aspects, existe déjà. Une Chine dans laquelle un Parti communiste dictatorial parvient à éviter la crise économique mondiale – qui a affaibli l’Occident libéral et démocratique – tout en renforçant l’attrait et le prestige du modèle autoritaire chinois, permettant ainsi au pays de retrouver la place qu’il occupait au centre du monde économique, politique et culturel, statut qu’il avait perdu au début de l’époque moderne.
Une Chine dans laquelle la majorité de la population urbaine – en dépit de la répression exercée par le Parti, sa corruption, son implacable censure de l’Histoire et des médias – semble satisfaite de ce statu quo qui offre la prospérité économique sans libertés politiques. Une Chine dans laquelle la plupart des voix discordantes ont été marginalisées ou converties. »
Vous avez dit fiction ? Ce livre est éclairant sur la dimension psychologique de la période actuelle, dans laquelle la crise financière en Occident, et l’émergence de la puissance chinoise, façonnent une nouvelle vision du monde. La fiction le dit à sa manière, sans doute aussi bien qu’un essai.
Les années fastes
Par Chan Koonchung, traduit du chinois par Denis Benejam, préface de Julia Lowell, éd. Grasset, 415 pp., 20€.
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? l’auteur du livre c’est (normalement) CHAN (ou CHEN).. ou c’est Koon-Chung ou koonchung ? Dans les journaux qui en parlent on a les quatres !
Sinon une question/reflexion applicable à tous les pays, tous les régimes: Pour UN individu donné et ses proches vaut-il mieux vivre matériellement un peu mieux MAINTENANT sous un régime autoritaire que de mal vivre sous un régime démocratique en se disant qu’à la longue la situation materielle des gens s’améliorera mais qu’en attendant on a la liberté d’expression de la presse etc ?
Ne m’incendiez pas tout de suite ! Les grandes belles idées ne nourrissent pas une famille, ne lui épargnent pas le froid. Bien sûr, un chef de famille serait fondé de défendre les siens face à un régime qui menacerait la vie des membres de la famille(Ex les Khmers rouges); mais on n’en est pas là avec le régime chinois actuel.
Et donc ne m’incendiez pas car finalement c’est ce que dit Chan/Chen/Koon Chung/Koonchung (ils sont nombreux!)
Le monde occidental a tendance à savoir ce qui est bon pour les autres, « les bienfaits de la civilisation des lumiéres » sont-ils forcement adaptés et exportables partout dans le monde ? On parle ici de la Chine mais nos modéles et solutions occidentales peuvent elles étre copier/coller au monde islamique, au monde africain, et ici au monde asiatique ? au forceps ou à la canonniere.
on en discute ? 😉
@fang fang
Question intéressante. La réponse varie selon les individus. En Chine, certains (une minorité) souffrent du manque de liberté intellectuelle, de la censure tellement intériorisée par la plupart qu’une vision superficielle de la Chine donne l’impression à certains qu’il y finalement peu de censure. C’est vrai qu’une bonne partie de la population, en Chine comme ailleurs, peut se satisfaire d’un niveau de vie matériel correct au prix d’un manque de liberté. Mais je crois qu’il faut se poser la question de la survie d’une telle société.
Un pays comme Singapour a fait le choix d’un niveau de vie exceptionnellement haut dans un régime autoritaire (présence d’une forte censure, surveillance et délation intenses). C’est de façon avouée le rêve des dirigeants chinois, le modèle à suivre. De l’aveu même d’analystes singapouriens, ce paradis ultra-propre et aseptisé manque d’une certaine créativité et souffre d’une émigration par le haut. Singapour est viable car c’est une cité-état qui profite habilement de sa situation sur un détroit stratégique. Etendu à un pays-continent comme la Chine, serait-ce viable? Signalons par ailleurs que la corruption est très faible à Singapour.
La Chine possède aussi ses propres fragilités qui freineront bien des aspects du beau rêve d’Empire autoritaire.
Le monde occidental: il aurait tendance à savoir ce qui est bon pour les autres? Sans doute, mais me semble-t-il le monde islamique aussi!
Ne confondons pas la défense des intérets de chaque pays et l’habillage verbal qui l’accompagne. Les pays occidentaux savent très bien défendre les dictatures quand c’est leur intérêt. La Chine ne vaut pas mieux.
Que la Chine retrouve une place en rapport avec la masse de la population et la richesse de sa civilisation, quoi de plus normal? Mais je ne vois pas en quoi la Chine était au centre du « monde culturel » comme le dit Madame Lowell…le christianisme est né en Palestine, le bouddhisme en Inde, l’islam en Arabie, le taoïsme en Chine…Où est le centre?
« C’est vrai qu’une bonne partie de la population, en Chine comme ailleurs, peut se satisfaire d’un niveau de vie matériel correct au prix d’un manque de liberté. »
Je dirais plutôt que pour une partie bien plus importante de la population chinoise, les conditions de vies sont telles que gagner plus d’argent veut vraiment dire accéder à plus de libertés.
Quand on compte ses sous pour aller à la préfecture, on n’est pas touché par la censure du théâtre à Pékin.
La « souffrance » du manque de liberté intellectuelle en Chine est aussi largement artificielle. J’en connais beaucoup qui se plaignent inlassablement de la censure du web, mais quand je vois l’usage qu’ils font d’internet, je ne crois pas qu’une levée de toute censure leur apporte grand chose. Un WEB libre devient en Chine un mythe, une terre promise aux vertus largement sur-évaluées.
Pour ce qui est des autres activités intellectuelles, les difficultés de diffusion d’œuvres sont-elles des obstacles à la liberté de création ? D’accord, pour créer, on a besoin de s’éduquer. Mais s’éduquer, c’est aussi supprimer certains degrés de liberté de penser…
Ainsi, les créatifs en Chine sont soumis à l’influence hypertrophiée et homogénéisée de ce qui passe par le canal officiel. Ils sont bien entendu en manque, en recherche d’autre chose. Et ils doivent le créer par eux-même, le champ de cet « autre » est totalement libre.
La censure est un mur dont tout le monde connait l’existence. Le problème principal que cela cause est que ce mur devient une obsession. C’est sans doute le plus grand mal que la censure produit en Chine : on finit par ne raisonner que par elle et on en oublie l’infinité de solutions de développement intellectuel qui lui échappe.
Par exemple, le simple accès par presque toute la population à la téléphonie mobile est un gain de liberté des dernières décennies totalement fantastique. C’est du concret, du réel.
Pour résumer, le deal pour la plupart des chinois n’est pas « niveau de vie contre liberté », c’est « liberté par le niveau de vie ».
La contradiction entre ces valeurs ne touche qu’une minorité.
C’est consternant de lire : vous pouvez vivre bien dans le mensonge…
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L’auteur de ses lignes aurait-il oublié l’ex-URSS ?
Eux aussi vivaient dans le mensonge et que je me souvienne, ils n’étaient pas « heureux » dans ce paradis pour prolétaires !
Il y aura toujours des personnes qui ce contenteront de peu de liberté pourvu qu’il est une certaine aisance et d’autres qui préfère avoir moins, MAIS être libre, et je ne suis pas du tout sûr que la majorité des Chinois se contente de peu de liberté, des recherches sur le net sur ce qu’il ce passe en chine, nous apprend que cela remue dans les provinces chinoises à cause de ce manque de libertés ! (souvenons des paroles : liberté, liberté chérie…)
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@ Jean
La liberté pleine et entière n’apporte peut-être pas grand-chose, mais c’est justement lorsqu’elle est bridée qu’elle manque. Cela ne m’empêche pas d’être d’accord, en grande partie, avec votre commentaire.
MOI… je
Les chinois ne se contentent effectivement pas de ce qu’ils ont et ils ont raison car ils ont peu. Leur nature serait plutôt boulimique. Offrez une corne d’abondance à l’un d’entre eux, il y puisera sans retenue et même sans grande considération vis-à-vis de ce qu’il en aura tiré, s’intéressant surtout à ce qu’il en tire maintenant. Je crois que c’est humain.
La liberté manque, donc on la veut. Mais qu’est-ce qu’on appelle liberté ?
Je l’ai déjà écrit, mais si je film une rue de mon quartier pendant 15mn et que je la montre a des français moyens, ce qui les frappera, ce n’est pas le manque de liberté. C’est au contraire l’absence de respect de quelconque contrainte. Même si cette expérience est trompeuse, limitée, elle est bien réelle.
Combien de jeunes en France rêveraient d’avoir la liberté de circuler à 5 sans casque sur une moto ? Ou tiens, de faire péter une série de pétard où ils veulent, quand ils veulent… Ou marcher dans la rue en état d’ivresse ?
Je me rappelle encore ce que j’ai ressentit quand on a rendu obligatoire de se déplacer en France muni d’une pièce d’identité… Qu’on a décrété que je n’avais plus le droit d’être seul responsable de l’état de mon véhicule…
Les libertés qu’ont les autres et celles qu’on perd nous manquent. C’est certain. Car on les voit, ou on en entend parler. On en a donc conscience. On est frustrés. On se sent victime d’injustice.
La liberté pleine et entière, c’est autre chose. Qui est capable de la vivre ? Est-elle possible dans une société ?
C’est de la branlette de cerveau pour faire sortir du jus de crâne, votre commentaire.
C’est comme la fable sur les grenouilles qui demande à dieu à ce qu’il envoie un représentant dans leur mare.
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Il y aura toujours moyen de trouver à critiquer ce que l’on a et que veulent les autres, EUX (les Chinois) en manquent beaucoup comparativement aux Occidentaux, et ils en sont conscients.
MOI… je
Et bien je ne suis pas convaincu, à niveau de vie égal, qu’un occidental soit beaucoup plus libre qu’un chinois.
Ce serait une étude à faire. Il faudrait mesurer la liberté soit dit en passant.
Et il faudrait pondérer. Avec le problème que la liberté dont on ne dispose pas nous semble toujours plus précieuse que celle qu’on a.
Bonjour,
Je trouve que ce débat part dans une impasse. Ce n’est pas tellement le ressenti individuel de chacun qui me pose problème. Bien sûr, l’autoritarisme chinois est mal ressenti par certains Chinois, d’autres le supportent. Ce qui m’intéresse est de savoir si la Chine ne prend pas un risque pour son développement futur en gommant de la mémoire collective un certain nombre d’épisodes de son histoire récente. La réflexion sur le passé historique est importante pour tout décideur. Par « exemple en France toute décision sur l’éducation ne peut faire abstraction des réflexions d’un sociologue comme Bourdieu (que l’on soit d’accord ou non avec lui). Un décideur chinois devrait pouvoir se poser la question de savoir pourquoi en 1966, une partie de la jeunesse chinoise s’est mise à massacrer ses professeurs dès qu’ils en ont eu la possibilité. On pourrait multiplier les exemples dans tous les domaines. Il est peut-être plus confortable pour le gouvernement chinois de pratiquer une censure totale sur les pages noires de son histoire mais c’est au prix de voir le phénomène réapparaître sous une autre forme (ce n’est pas le fait d’avoir des « squelettes dans le placard » que je critique; tous les pays en ont. En France, les guerres coloniales ou le régime de Vichy sont des pages glauques dont personne n’aime beaucoup parler mais un historien peut les étudier…).
La comparaison entre France et Chine (qui est le plus libre?) conduit trop souvent à des arguments polémiques. Le monde chinois est tolérant sur des aspects ou des comportements de la vie quotidienne mais il est évident que la censure est plus forte et omniprésente en Chine (sous la direction communiste) qu’en France. Un certain nombre de Chinois n’en souffrent pas. Une minorité en souffre énormément, minorité certes, mais c’est la minorité la plus créatrice (artistes, intellectuels, chercheurs…), une minorité essentielle pour le développement d’un pays. Là aussi, le choix chinois est porteur de difficultés futures.
Je suis bien d’accord que le choix chinois est dangereux. Non pas parce que l’histoire non soldée pourrait se répéter, ce risque est nul car l’environnement mute beaucoup trop rapidement pour que les mêmes erreurs puissent être répétées. On a par ailleurs d’autres exemples où l’abus du devoirs de mémoire tendrait à justifier des erreurs symétriques. Non, le risque n’est pas là.
Ce n’est pas rassurant, mais les erreurs de demain ne seront pas celles d’hier.
Par contre, la frustration de l’élite intellectuelle est effectivement dangereuse. Comme en tectonique, bloquer les mouvements infimes, c’est augmenter inéluctablement le risque de bouleversements violents.
Le fait aussi de ne pas « digérer » son histoire récente revient à enterrer ses victimes vivantes. C’est aussi un facteur de tensions pouvant générer de la violence.
Tout ça, c’est vrais. En cela les « tabous » édifiés par la censure sont dangereux.
C’est une autre façon de rendre la question de la liberté moins abstraite.
Je crois que la Chine d’aujourd’hui n’a pas trop le choix.
L’autoritarisme est bien la manifestation d’une faiblesse.
Cette faiblesse est inhérente aux moyens dont dispose le pays rapporté à l’ampleur de ce qu’il lui faut contrôler. Un bête rapport de forces (dans le sens mécanique du terme).
Je préfère être devant mon clavier qu’à la tête de l’état chinois.
on devrait s’amuser à détraquer l’ennui
à tout mettre en danger devant notre folie
liberté, liberté, li ber té
…
On a souvent en France une vision négative caricaturale du partie communiste chinois. (je laisse de côté les massacres du temps maoïste qui appartiennent à l’histoire et qui ne devraient pas se reproduire).
Il faut garder à l’esprit que le gouvernement chinois a su piloter le pays habilement pour faire sortir de la pauvreté plusieurs centaines de millions de personnes et faire parvenir un nombre conséquent de personnes à un certain niveau d’aisance.
Par ailleurs, on est tous d’accord qu’il est extrêmement choquant que des gens soient persécutés juste pour avoir exprimer des opinions politiques.
Mais pour juger la situation de manière juste, on est obligé de se faire l’avocat du diable et de mettre les deux aspects de la chose dans la balance.
Il est ainsi difficile d’avoir un avis tranché sur la question, mais d’un point de vu pragmatique, on est obligé de reconnaitre que faire taire quelques personnes pour faire manger à sa faim un peuple entier est une stratégie qui peut se défendre…
Je suis tout a fait d’accord avec cette analyse.
Le gouvernement chinois a sorti une partie de la population de la misère et en a plongé une autre. En plus de la misère, il est une dictature * !
.
En ce moment, la misère revient à grands pas par la fermeture d’usines et l’arrêt des constructions d’immeubles voire de villes nouvelles.
Il ne faut pas regarder que d’un côté, il faut savoir tourner la tête de tous les côtés, même si la vision ne plaît pas.
Tout n’est pas rose en chine (et ce n’est pas dit) loin de là !! rose pour un pays rouge… ptdr.
—
* ◆Régime politique où tous les pouvoirs sont exercés par un individu, une classe, un parti, sans contrôle démocratique
Pour rappel.
MOI… je
Quelle partie de la population a-t-elle été plongée dans la misère par le gouvernement lors des dernières décennies ?
Quelle partie de la population a-t-elle vu son sort se dégrader matériellement du fait du gouvernement ?
C’est certain que tout n’est pas rose, mais j’ai du mal à comprendre quelle partie de la population pourrait dire aujourd’hui que le gouvernement chinois l’a plongé dans la misère.
Misere financiere, entendons
Nous n’avons pas les mêmes lectures, c’est tout, car il y a des régions où des habitants ne voient pas la vie ne rose (et c’est normal pour un pays à dictature rouge).
–
N’avez-vous jamais entendu parler de ce qu’il se passe dans la R.A. (région autonome) du Tibet ?
Dans celle des Ouïgoure ?
Dans celle de la Mongolie extérieure ?
Faut-il vous continuez la liste des soi-disant R.A. ? Elles sont brimés, ou vous la connaissez ?(la liste) Et par brimé, je suis très en dessous de la réalité dans l’expression.
Même dans les pires colonies occidentales les colons ne se comportaient comme les hans le font. Peut-être en Australie…
MOI… je
La RA Zhuang du Guangxi serait brimée ? J’en connais que ça va faire rire.
A contrario, dans bien des provinces chinoises non RA, il se passe à peu de chose près la même chose que dans les RA que tu as citée, en dehors bien sûr des spécificités liées à L’Islam et au Lamaïsme.
Je ne sais pas où, en Chine, les habitants voient la vie en rose .
Ils ont seulement confiance en l’avenir, ce qui est différent. Ils considèrent qu’il ne peut être pire que le présent et le passé.
Mais partout leur vie est rude.
Tu as raison Jean, ne generalisons pas les RA.
Je pense les Zhuang sont assimiles, non ?
Les chinois ont-ils confiance en l`avenir ? Est-ce une confiance de facade ou une vraie confiance, pesee et reflechie ?
Assimilés ? Par qui ? dans quoi ?
Je ne vois pas ce qu’ils ont d’assimilés.
Ils parlent leurs langue et ont leurs propres cultures.
S’ils sont assimilés, c’est pas encore au niveau des Bretons ou Savoyards par exemple.
Je crois que la confiance en l’avenir des chinois est une belle histoire.
Du moment que pour eux, aujourd’hui est mieux qu’hier, ils pensent que demain sera mieux qu’aujourd’hui. C’est donc une vraie confiance pesée et réfléchie… mais sans intégrer la question du long terme et sans regarder plus loin que son propre sort.
C’est donc une vraie réponse. Mais qui ne peut être comparée avec la réponse des Français à la même question.
On dit souvent que les Français n’ont pas confiance en l’avenir.
C’est simplement parce qu’ils ont l’habitude de regarder trop loin et de penser pour les autres.
Par assimilation, je veux dire en chinois 同化
La Chine est une nation jeune finalement, plus jeune que la nation francaise, ce serait donc normal que l`assimilation ne soit pas plus forte, et puis la Chine est un pays avec une superficie tellement grande…
« J’en connais que ça va faire rire »
Et bien perso, j’en connais qui ne rit pas en ce moment !
Je vous le disais dans mon précédent commentaire : nous n’avons pas les mêmes lectures, et je constate les mêmes relations !
Et c’en est heureux vu vos idées !
MOI… je
Ce n’est pas une question d’idée c'(est une question de rigueur.
Vous citez des RA et concluez que les RA sont brimées. Je vous rétorque que c’est faux car la RA Zhuang n’est pas brimée.
Y a-t-il quelque chose dans vos lectures ou relations qui vous amène à penser le contraire ? Si oui, faites-en état.
Trop de personnes par ignorance, facilité ou pour d’autres raisons adorent décrire la Chine comme dominée par une ethnie majoritaire, les Hans, qui colonisent, briment, oppriment etc. les autres minorités.
En étant gentil et poli, c’est une caricature.
Vous ne pourrez par exemple pas démontrer que la RA Zhuang est brimée parce qu’elle ne l’est pas. Je peux aussi vous citer un bon nombre de situations où il vaut mieux ne pas être Han au point que je connais même quelqu’un qui a choisi la minorité Hui pour son identité.
Mais ce qui n’est pas « main stream » semble vous déranger. Je m’excuse de ne pas lire ce qu’il faut et de ne pas fréquenter qui il faut pour penser comme tout le monde.
Ben oui, mes relations sont pour la plupart des gens très communs que beaucoup qualifieraient de pauvre. Ça vous dérange ? Moi je les aime bien.
Et si un jour vous sortiez de votre bulle pour rencontrer les gens ?
Je ne parle pas des Tibétains ici. Je ne parle que de ce que je connais (ou alors j’exprime des questions, des hypothèses).
ANKOU, je gage que vous faites de même.
Dès lors, pourquoi aller croire que nos idées seraient antagonistes et ne pas les considérer comme complémentaires ?
Etre Hui, c’est appartenir à une minorité religieuse mais pas ethnique. Je crois d’ailleurs que la plupart des Hui sont des Han de confession musulmane.
Je serais curieux de savoir -pour l’anecdote- quel interet (autre que religieux) un Han a à intégrer la communauté Hui ? Il a ouvert un restaurant dans la vieille ville de Xi’an ?
😉
ANKOU : Il ne faut pas raconter n’importe quoi. La colonisation han n’est pas aussi brutale que la colonisation espagnole ou americaine. Ayant etudie l’Histoire de la colonisation belge, j ‘ai meme appris que la Belgique, tres democratique en passant, coupait les mains des congolais qui ne travaillaient pas assez vaillamment dans les exploitations de caoutchoux. Meme si il existe beaucoup d’injustices dans certaines regions chinoises, on est loin de ces pratiques.
Sinon, concernant la misere en Chine, il ne s’agit pas d’une misere qui a ete cree recemment, mais de l’heritage d’une misere qui date de longtemps, bien avant l’arrivee au pouvoir des communistes. Il suffit de lire un livre sur l’histoire sociale de la Chine au 19e, debut 20e siecle, pour le savoir.
Désolé, les Hui sont bien une des 56 ethnies chinoises.
Ce jeune homme, né de père Han et de mère Hui, a eu en arrivant à l’age adulte à choisir entre les deux nationalités (je crois au moment d’établir sa carte d’identité).
Il a choisi Hui. Il ne pratique pas l’islam pas plus que quiconque dans sa famille.
C’est un jeune chinois comme un autre, qui cherche sa voie et à construire sa vie.
oui et non…
« La plupart des Hui sont culturellement et anthropologiquement similaires aux chinois Han à cela près qu’ils pratiquent l’islam » c’est ce que dit Wikipedia et c’est aussi ce que j’ai vu en Chine. Il y a des fortes communautés Hui à Pekin et Xi’an (entre autre) et ce sont des Han. C’est vrai qu’ils sont décomptés comme ethnie y compris par le gouvernement chinois. Ceci dit c’est subtil comme distinction… Je reconnais un tibetain, un mandchou, un mongol… et mon fils qui vit là bas reconnait un Han de Pekin d’un Han de Shanghai (même sans les entendre parler…)
Autrefois en France, à l’école on décrivait les différences morphologiques entre un méridional, un normand ou un savoyard. Par contre reconnait on un Nimois catho d’un Nimois protestant ? et dira t on que le Nimois protestant est une ethnie ? (je plaisante)
(perso j’aime bien réfléchir et apprendre sur ce genre de sujet. les ethnies, les minorités, les mini communautés, les migrations anciennes, pas spécialement en Chine, sur tous les continents. Dommage qu’aussitot cet interet me rende suspect…)
Subtil est le bon mot.
Si l’on parle d’état civil, un Han est Han et un Hui est Hui (etc.). Il n’y a pas d’ambiguïté et rien n’impose à un Hui d’être musulman.
Si on oublie la question de l’état civil (ce qui est inscrit sur la carte d’identité), Je peux à quiconque a le temps présenter une dizaine de « Hans sur carte d’identité » dont il ne viendrait à personne l’idée de placer dans une même ethnie.
Il y a aussi ces fameux « Hans » que je cite souvent qui considèrent être les seuls vrais Hans de Chine.
En fait, être Han, culturellement et anthropologiquement parlant, n’en déplaise à Wikipedia, au moins dans le sud de la Chine, ça ne veut rien dire du tout en dehors des différences sur les droits et devoirs liés à l’état civil.
Si on rentre là-dedans les questions religieuses, c’est plus compliqué puisque le culte des ancêtre est très largement répandu, les bouddhistes sont légions, mais ils sont parfois aussi chrétiens et animistes…
Et etre Han, historiquement parlant ?
Aucune idée.
J’ai l’impression que Han désigne l’ensemble de ceux qui ne font pas partie des autres 55 minorités.
Je ne sais pas combien de minorités pouvaient être distinguées avant ce tri fatalement arbitraire.
Ce serait je pense mieux que la Chine laisse tomber cette classification. Mais elle sert aussi dans un dispositif de « discrimination positive ».
Et on hurlerait alors à une assimilation encore plus violente…
ManuBJ, je retrouve peut-être ici ta question sur l’assimilation des Zhuangs.
Disons que leur mode de vie est globalement moderne et proche de l’asiatique moyen.
Faut-il comprendre « assimilation » comme le contraire de « marginalisation » ?
Pour un individu, ça marche assez bien.
J’ai l’impression que c’est très lié à la taille de « l’ethnie ». Un groupe trop petit aurait le choix entre marginalisation et assimilation.
Un gros groupe n’aurait pas ce problème car conserver ses caractéristiques ne le rendrait pas marginal. Il serait peut-être alors confronté à un autre choix : assimilation ou sécession.
C’est à dire qu’un gros groupe renonçant à la sécession serait à considérer comme assimilé.
C’est ça ?
Bonjour Jean,
En fait, il y a pas mal d`ecrits designant les Hans comme superieurs, historiquement parlant. 大汉
Je connais mal la province ou tu te trouves, et je pense que la personne qui faisait reference aux RA plus haut, n`avait pas pris en compte la RA des Zhuang, mais je pense que du fait de l`abondance de minorites differentes, la situation doit etre differente des autres provinces la ou tu es.
L`assimilation, c`est se conformer au mode de vie et a la pensee dominante, je pense.
L`assimilation peut etre faite en douceur ou en force, mais evidemment les differents groupes, s`ils ont des caracteristiques trop differentes du groupe `reference`, auront toujours une tendance a la secession.
Voir par exemple les cantonais.
Sinon, la politique de sinisation (envoyer des gens de l`est migrer vers l`ouest par exemple), permet de rendre minoritaires en nombre (et tout ce qui va avec) les autochtones, cela permet donc une sinisation de ceux-ci.
Taiwan opere aussi cette classification en minorites, je suis alle au Laos recemment et ce pays aussi classe les individus en minorites.
Cela repond certainement a un besoin.