Qu’il porte bonheur ou malheur, le vendredi 13 occupe une une place de choix dans les superstitions occidentales. La Chine y est assez indifférente, mais prête en revanche des pouvoirs magiques à quantité d’autres chiffres.

« Quand je suis arrivée à Pékin, j’ai voulu m’acheter une carte de téléphone. Le vendeur n’en avait plus qu’une, et refusait de me la vendre. Je lui ai demandé pourquoi, il m’a répondu que c’est parce que son numéro se terminait par le chiffre 4, et que ça me porterait malheur. » L’anecdote a de quoi surprendre les expatriés fraîchement débarqués en Chine, et pourtant, elle est révélatrice de la place qu’occupe la superstition dans la société chinoise. Pour les Chinois, certains chiffres seraient des présages de bonne ou mauvaise fortune, et il n’est pas rare que le quotidien s’organise en fonction de ces significations.
Tout sauf le quatre
Au palmarès des chiffres les plus mauvais, le 4 est sans conteste le grand gagnant. Sa prononciation chinoise, « si », est phonétiquement très proche de celle du mot « mort ». Il est donc considéré comme le porte-malheur ultime. Il n’est ainsi pas rare que le chiffre maudit soit supprimé des numéros de rue ou des plaques minéralogiques. Certains immeubles ont même tout simplement supprimé le quatrième étage (et, pour certains, le 14e, on n’est jamais trop prudent).
Le grand huit
A l’inverse, le 8 est le chiffre que tout le monde s’arrache en Chine. Comme sa prononciation s’apparente à celle du mot « fortune », le 8 est censé apporter fortune et bonheur. Les numéros contenant un 8 sont particulièrement recherchés par les Chinois : les appartements situés au 8è étage s’arrachent à prix d’or, tout comme les numéros d’immatriculations, parfois vendus aux enchères pour des sommes mirobolantes. Une superstition qui a des répercussions jusque dans les événements officiels : le choix du 8/8/2008, à 8h, comme date d’ouverture des JO de Pékin n’était évidemment pas une coïncidence.
Autre chiffre bien vu, le 6, annonciateur de vie calme et prospère. Il est moins à la mode que le 8, mais permet tout de même de s’assurer la tranquillité.
Ne pas commettre d’impair
Les Chinois ont en revanche une grande méfiance à l’égard des chiffres impairs. A la campagne, lorsque l’on confectionne des petits pains à la vapeur, il faut faire très attention de ne pas avoir, au final, un nombre impair, quitte à faire des pains plus petits. Car les Chinois estiment qu’avec un nombre impair, il y a toujours quelqu’un qui reste seul à la fin, qui ne trouve pas son âme soeur. Pour cette raison, il est aussi extrêmement mal vu, lorsque l’on offre un somme d’argent pour un mariage ou une fête, de donner une somme impaire. Une exception cependant : en cas de deuil, c’est toléré, car, après tout, on préfère que le défunt parte tout seul.
Le neuf impérial
Le 9 a un statut plus complexe. Autrefois, c’était le chiffre réservé à l’empereur, il est donc considéré comme un chiffre noble et glorieux. Trop important donc pour être utilisé par le commun des mortels, qui craint d’offenser le ciel en s’appropriant un tel symbole. Certains Chinois n’hésitent pas à supprimer le 9 de leur vie : les personnes âgées de 69 ou 79 ans préféreront se vieillir et dire qu’elles ont 70 ou 80 ans. La coquetterie n’a pas sa place face au pouvoir de la superstition.
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Et à Taïwan ils n’ont pas de bus de ligne 8. Tout simplement parce que la « ligne 8 » signifie « 8 lu », le Parti communiste pendant la guerre civile. Bien sûr, le Guomindang, n’a pas envie d’entendre le nom de leur ennemi qui les a battu tous les jours.