A quelques jours de l’ouverture du XVIIIè Congrès, une enquête explosive du New York Times pointe du doigt la fortune amassée par l’actuel premier ministre Wen Jiabao. Les autorités chinoises s’en seraient bien passé…

Le site du New York Times est inaccessible, les écrans noirs se succèdent sur BBC World News. Pas de doute : les révélations du quotidien américain, reprises aujourd’hui par une grande partie de la presse internationale, ne font pas plaisir aux censeurs chinois. Et pour cause : c’est le premier ministre Wen Jiabao qui est cette fois dans le collimateur du New York Times. Ou plus exactement sa famille, qui aurait amassé une fortune estimée à plus de 2 milliards d’euros ! Plutôt embarrassant, alors que Wen Jiabao s’est toujours vanté de ses origines modestes et de sa proximité avec le peuple, qui le surnomme affectueusement « Papy Wen ».
L’enquête du New York Times rappelle que la mère de Wen était institutrice et son père éleveur de porc, envoyé de force à la campagne durant la période Mao. Mais depuis, la famille a bien progressé : à 90 ans, Yang Zhiyun, la mère du premier ministre, est à la tête d’une petite fortune, notamment sous la forme d’un investissement de 100 millions d’euros. Une fortune, soigneusement cachée, à grand renfort de prête-noms et autres écrans de fumée. « Dans de nombreux cas, les noms des proches (de Wen Jiabao) se dissimulent derrière plusieurs paravents et des vecteurs d’investissement impliquant des amis, des collègues de travail et des associés » selon la quotidien américain, cité par le Monde.
« La reine des diamants »
La famille de Wen Jiabao aurait également bénéficié des largesses de grands groupes chinois d’Etat. 23 millions d’euros de contrats auraient ainsi étaient attribués au frère du premier ministre, propriétaire d’une usine de traitements de déchets. La femme de Wen, ZHang Beili, que le New York Times surnomme « la reine des diamants » a fait fortune dans les pierres précieuses, un secteur où l’Etat est omniprésent. Comme par hasard, ses succès en affaire datent de l’accession au pouvoir de son mari… Une réussite que connaît également Wen Yunsong, le fils du couple, qui a revendu son entreprise de technologie et est devenu un magnat de la finance.
Censure
Cette enquête, qui fait écho à celle menée par Bloomberg en juin dernier sur la fortune du futur président chinois Xi Jinping, tombe au plus mal pour les autorités. Alors que le PCC se remet à peine de l’affaire Bo Xilai, ces révélations sur l’enrichissement personnel d’un dirigeant qui véhicule une image « d’honnête homme » renvoient le Parti aux scandales de corruption qui entourent la classe politique chinoise. « De tels articles diffament la Chine et obéissent à des arrière-pensées », a d’ailleurs immédiatement réagi un porte-parole des Affaires étrangères.
Sur internet, impossible de lire l’enquête américaine, la censure a sorti les grands moyens pour empêcher tout accès au site du New York Times. Les réseaux sociaux chinois sont eux aussi étroitement surveillé, rien n’a filtré des révélations sur Papy Wen. Car on touche là au coeur même du pouvoir chinois, où opacité est le maître mot. Et à quelques jours du Congrès où sera désignée la nouvelle équipe qui présidera aux destinées de la Chine pour les dix prochaines années, pas question de laisser le moindre grain de sable se glisser dans la machine du PCC. Et de révéler aux Chinois les petits arrangements qui sont monnaie courante à la tête du pays.
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Pas etonnant. Enfin, j`imagine que les chinois ne seraient pas etonnes.
Le porte-parole chinois des Affaires Etrangères a en partie raison. Il est évident que ces révélations faites au bon moment obéissent à des arrières pensées. Cela ne veut pas dire que ces révélations soient fausses! Mais je crois que le gouvernement chinois est tout aussi capable qu’un autre d’avoir des arrière-pensées.
Par contre, ce porte-parole a tort lorsqu’il dit que ces révélations diffament la Chine. Elles portent atteinte à l’image que le Parti Communiste cherche à donner de lui. Ne confondons pas tout un pays et un peuple avec son gouvernement. C’est un raisonnement qui est souvent tenu par les communistes chinois. Qu’ils se l’appliquent à eux-mêmes! Qu’est-ce que ces petits merdeux casseurs de Ferrari, fils à papa du Parti, ont à voir avec les paysans qui triment dans les rizières du Sichuan et les campagnards déplacés qui usent leur santé dans les méga-ateliers des nouvelles zones économiques?
Tout ça n’est bien sûr pas une grande surprise. Comme tous les autres, « Papy Wen » a une grosse tirelire. L’ennui, c’est que la Chine exporte non seulement ses produits mais aussi ses modes de fonctionnement basés sur la corruption. Le signal d’alarme a déjà été tiré par dans quelques rapports ou analyses.
Le New York Times a des arrières pensées ?
Tout le monde sait que Wen a amassé cette fortune. Et c’est exactement pareil avec Hu, dont le fils a fait fortune avec des contrat d’état… Mais je dois dire que Wen est surement le plus hypocrite du lot, avec ses discours pour la réforme et son blouson de paysan quand il va à la campagne. Ce type était avec Zhao Ziyang place Tiananmen… Et sa période au gouvernement aura été la plus répressive depuis Mao.